Des combats à l'arme lourde ont opposé dimanche, pour le troisième jour consécutif, soldats cambodgiens et thaïlandais à la zone frontalière disputée entre les deux pays, contraignant des milliers de villageois à fuir, selon l'AFP.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé dans la nuit les deux voisins à "mettre en place un cessez-le-feu effectif et vérifiable". Mais vers 10H00 (03H00 GMT), les affrontements ont repris autour des temples disputés, sans faire de victimes. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir les violents combats, qui les deux premiers jours avaient fait six morts parmi les soldats cambodgiens et quatre du côté thaïlandais.

Dans la province thaïlandaise de Surin, 16 camps de fortune accueillent près de 20.000 personnes, selon un responsable du district de Phanom Dong Rak où ont lieu les affrontements. Côté cambodgien, environ 12.000 personnes ont été évacuées dans des écoles et des temples, selon le Comité national de gestion des catastrophes.

Les deux voisins se sont affrontés plusieurs fois ces dernières années dans la jungle près d'anciens temples situés sur une frontière qui n'a jamais été totalement démarquée, notamment en raison des mines laissées par des décennies de guerre civile au Cambodge.

Les derniers combats du 4 au 7 février, qui avaient fait dix morts dont des civils, avaient eu lieu à plus de 100 km plus à l'est, près du temple khmer de Preah Vihear. Ces ruines du XIe siècle, dont le classement au patrimoine mondial par l'Unesco en 2008 avait ravivé les tensions, relèvent de la souveraineté du Cambodge. Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km² en contrebas de l'édifice.

Comme de coutume, les deux voisins se rejettent depuis vendredi la responsabilité des incidents. Le ministère cambodgien de la Défense a également accusé la Thaïlande d'avoir visé des zones civiles, utilisé des "gaz toxiques" et envoyé des avions au-dessus de son territoire.

Des accusations rejetées par Bangkok. "Nous avons répondu avec des mitrailleuses et de l'artillerie, mais pas de gaz ni d'invasion de l'espace aérien cambodgien", a assuré dimanche le porte-parole de l'armée Sunsern Kaewkumnerd. La Thaïlande avait reconnu avoir utilisé en février des armes controversées, des "munitions classiques améliorées à double effet", assurant malgré les accusations d'ONG qu'il ne s'agissait pas d'armes à sous-munitions.

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a, lui, accusé dimanche le Cambodge de vouloir "internationaliser" le conflit. Phnom Penh réclame depuis des mois une médiation pour régler les différends frontaliers, mais Bangkok insiste pour des discussions bilatérales.

Après les affrontements de février, les deux pays avait donné leur accord pour l'envoi d'observateurs à la frontière, après une médiation de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean). Mais, depuis, ils n'ont jamais été déployés, l'armée thaïlandaise ayant ensuite fait savoir qu'ils n'étaient pas les bienvenus. L'Indonésie, qui préside l'Asean, doit dépêcher lundi son ministre des Affaires étrangères dans les deux capitales. -AVI