Une vallée de lotus en banlieue de Hanoï plaira à tous les romantiques

Les étangs à lotus de la commune d'An Phu, district de My Duc, à Hanoï, sont en pleine floraison, de quoi faire chavirer les cœurs des amoureux de ces plantes. La commune d'An Phu est située au sud-ouest du district de My Duc, à environ 50 km du centre-ville de Hanoï. En venant ici l’été, les visiteurs découvrent une vallée pleine de lotus. Le lotus est toujours présent dans la culture du Vietnam. Il se rencontre dans l’art aussi bien que dans la vie quotidienne. Comme motif décoratif, le lotus apporte sa contribution à l’art, architecture, sculpture, artisanat, broderie, imagerie, meubles, bibelots, vaisselles. Photo : Vietnam+

Lorsque les premiers rayons de soleil touchent les timides bourgeons de lotus, c’est tout l’étang qui s’éveille. Dans la vie spirituelle des Vietnamiens, le lotus symbolise la pureté. Cette fleur est profondément liée à la vie quotidienne de la population. Elle est omniprésente dans la composition de nombreux monuments culturels. Presque toutes les parties du lotus - ses feuilles, ses graines, sa fleur et son tubercule -, sont utilisées dans la gastronomie, les thés ou la fabrication de médicaments. Les feuilles de lotus sont aussi utilisées comme emballage pour le riz aux graines de lotus. Ses graines sont aussi indispensables pour la préparation de certains «che» (dessert typique du Vietnam). Photo : Vietnam+

De juin à août, des milliers de fleurs de lotus s’épanouissent dans les étangs créant des scènes très romantiques. La tradition culturelle du Vietnam est marquée profondément par les fleurs. Dans le roman en vers «Truyên Kiêu», le poète Nguyên Du (1766-1820) emploie le mot «hoa» (fleur) dans 130 vers, sans compter encore d’autres où figurent directement les noms de fleur sans l’article «hoa». Le lotus, très populaire au Vietnam, se rattache à une tradition culturelle commune à plusieurs peuples d’Asie et d’Afrique. À l’origine, il est le symbole de la vie émergeant du chaos primitif des eaux marécageuses, il représente le sexe de la femme, la matrice des matières de l’univers biologique, de l’élan vital et de la volupté. Photo : Vietnam+

Plus vous regardez de près, plus vous sentirez la beauté de cette fleur, une beauté pure et éthérée, discrète mais toujours pleine d'un charme envoûtant. Les fleurs de lotus déploient leurs feuilles et fleurissent avec leur parfum distinct, attirant de nombreux visiteurs. «Vietnam, le destin du lotus» est un recueil de morceaux choisis sur la littérature vietnamienne, en français. Les auteurs expliquent pourquoi ils ont choisi le lotus: «Domination chinoise, colonisation française, division du pays, guerre de libération nationale, comme le lotus, capable de s’épanouir sur les marais les plus fangeux, la littérature vietnamienne moderne et contemporaine est née sur un sol mouvant de violence». Photo : Vietnam+

Le lotus inspire aussi de nombreux artistes. Les fleurs de lotus aident les gens à se sentir sereins. «Le lotus dans tous ses états» est un film écrit et réalisé en 2011 par le metteur en scène Philippe Rostan de Paris (France). «Les images distillent de bien belles émotions… Il faut les voir et revoir. Elles nous disent le lotus, bien sûr, mais bien d’autres choses, tellement subtiles que les mots ne savent pas le dire…» (Janine Gillon, vice-présidente du Centre d'information et de documentation sur le Vietnam contemporain). C’est dire aussi l’actualité du lotus, fleur qui occupe une place importante dans la psyché vietnamienne. Photo : Vietnam+

Au Vietnam, selon le chercheur culturel Huu Ngoc, le lotus évoque en général le bouddhisme. En tout cas, le bouddhisme et le confucianisme souvent s’amalgament dans les croyances populaires. Selon les anthropologues, le lotus est à l’origine de deux symboles différents: celui de la pureté (bouddhisme, vertu) et celui de la sexualité (culte de la fécondité). Dans l’Égypte ancienne, le lotus représentait déjà la matrice qui aurait donné naissance à l’univers et à la vie surgissant de l’immensité des eaux. Dans l’hindouisme, c’est du nombril de Vishnou qu’émerge le lotus dont le corolle abrite Brahma. Le lotus blanc est de caractère masculin (prospérité), le lotus vert est féminin. Photo : Vietnam+

Le bouddha Çakyamuni trône sur un lotus qui représente l’essence de sa doctrine. Cette fleur sur le marais de la transmigration n’est pas entachée par le Samsara. Elle est placée au centre de la Roue de la métempsychose. Le lotus représente également les Trois mondes que sont le présent (la fleur), le passé (le rhizome) et le futur (les graines). L’hindouisme conçoit que l’axe de l’univers, le Mont Mehru, est le linga. Le livre canonique bouddhique Anguttara dit du lotus: «Pareil au lotus pur, parfait, nullement souillé par l’eau sale, je ne suis pas pollué par les poussières de la vie terrestre.» Photo : Vietnam+

Depuis le XIe siècle, sous la dynastie royale des Ly, la fleur de lotus est un motif décoratif populaire. La Pagode au Pilier unique de Hanoï (XIe siècle) représente un lotus avec sa tige émergeant de l’eau, liant ainsi la bouddhisme au culte de la fécondité, la colonne (la tige) supportant l’édifice (la fleur) pourrait être un linga et l’étang un yoni. Le lotus est aussi lié à la vie quotidienne du peuple. Dès sa naissance, le garçon pourrait être appelé Liên (lotus) comme l’ «intégrité» alors que la fille pourrait porter le même nom mais qui évoque la pureté et la beauté. Beaucoup de pagodes ont adopté le nom du lotus: Kim Liên (Lotus d’or), Bach Liên (lotus blanc), Liên Tri (mare aux lotus). Photo : Vietnam+

Toujours selon le chercheur Huu Ngoc, le lotus se rencontre dans l’art aussi bien que dans la vie quotidienne. Le Musée Hô Chi Minh prend aussi la forme d’une fleur de lotus, rappelant le mot Kim Liên (Lotus d’or), nom du village d’origine du Président. L’habillement adopte aussi le lotus (habit à feuille de lotus désigne la veste féminine traditionnelle à col rebattu. Le rose canh sen (pétale de lotus) était la couleur favorite des femmes. Les graines et les racines tubéreuses du lotus entrent dans la composition de plats typiques et délicieux: poule ou pigeon cuit à l’étouffée (graines), ragoût de patte de cochon (racine), bouillon sucré aux graines de lotus (comme dessert), confiture, pâtisserie… Sans oublier le thé parfumé au lotus qui était une offrande royale. Photo: Vietnam+

Ces dernières années, les habitants de la commune d'An Phu ont fait de la culture de lotus une nouvelle source de revenu. Actuellement, les cultures de lotus dans la localité couvrent près de 200 hectares. En moyenne, chaque hectare rapporte environ 50 millions de dongs à l’année. Luu Tien Hung, par exemple, propriétaire d’étangs de lotus, plante des variétés en provenance de lagons centenaires de son village, lesquelles produisent de grandes fleurs avec de nombreuses graines. À An Phu, les gens cultivent le lotus principalement pour récolter des graines tandis que les étangs de lotus nichés au cœur de montagnes calcaires sont encore peu connus de gens. Photo : Vietnam+

Pour les touristes, le district de My Duc possède plusieurs champs de lotus au parfum inoubliable. C’est entre 7h et 8h du matin que les fleurs de lotus fleurissent de la plus belle des manières. Prendre des photos avec des fleurs de lotus est un des loisirs préférés de plusieurs femmes à l’arrivée de l’été. C’est le cas de Ha et Thuong en provenance de la province de Hoa Binh. Cet étang les a envoutées dès le premier regard. "Je suis une grande amoureuse de la fleur de lotus. Si je souhaite garder et chérir ces souvenirs, il faut que je capture ces inoubliables moments", a confié Ha. Photo : Vietnam+