HanoĂŻ (VNA) â Dans son article intitulĂ© « DĂ©velopper le secteur privĂ© â un levier pour un Vietnam prospĂšre », publiĂ© le 17 mars, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© central du Parti communiste du Vietnam (PCV), TĂŽ LĂąm, a dressĂ© un bilan gĂ©nĂ©ral des rĂ©alisations de prĂšs de 40 ans de Renouveau.

Selon lui, le Vietnam est passĂ© d'une Ă©conomie planifiĂ©e, centralisĂ©e et peu efficiente, avec un revenu moyen par habitant de seulement 96 dollars en 1989, Ă une ascension remarquable. Dâici fin 2025, le pays devrait rejoindre le groupe des pays Ă revenu intermĂ©diaire de la tranche supĂ©rieure, avec un niveau estimĂ© Ă plus de 5.000 dollars par habitant et par an.
Ă la fin de 2024, le produit intĂ©rieur brut (PIB) national a connu une croissance continue pendant 44 ans, faisant du Vietnam lâun des pays Ă la croissance la plus rapide au monde. Le PIB est passĂ© de 140,5 milliards de dollars en 2010 (soit 0,22 % du PIB mondial) Ă 362 milliards en 2021, 430 milliards en 2023, puis 476,3 milliards en 2024 avec un taux de croissance de 7 %.
En 2010, le Vietnam occupait le 6á” rang en Asie du Sud-Est, le 17á” en Asie et le 53á” mondial en termes de PIB. En 2024, sa position sâest amĂ©liorĂ©e, le plaçant au 5á” rang en Asie du Sud-Est, au 14á” en Asie et au 33á” mondial.
Selon le leader du PCV, le taux de croissance Ă©conomique du Vietnam reste toujours deux fois supĂ©rieur Ă la moyenne des pays en dĂ©veloppement, malgrĂ© les fluctuations Ă©conomiques mondiales. Dâune Ă©conomie modeste et dĂ©pendante des aides internationales, le pays a su progresser pour devenir la 24á” plus grande Ă©conomie du monde en termes de paritĂ© de pouvoir dâachat (PPA).
Ces progrĂšs ne concernent pas seulement lâĂ©conomie, mais aussi le domaine social, contribuant Ă lâamĂ©lioration du niveau de vie de la population. Le Vietnam sâest fixĂ© comme objectif stratĂ©gique de devenir un pays en dĂ©veloppement Ă revenu intermĂ©diaire de la tranche supĂ©rieure, dotĂ© dâune industrie moderne dâici 2030, et un pays dĂ©veloppĂ© Ă revenu Ă©levĂ© dâici 2045.
Les experts estiment que pour atteindre ces objectifs, le Vietnam devra enregistrer une croissance dâau moins 8 % en 2025 et de 10 % ou plus dans les annĂ©es suivantes. Pour rattraper les Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es dâAsie, le pays devra maintenir une croissance moyenne de 9 % par an ces 20 prochaines annĂ©es. Un taux de croissance de 5 Ă 7 % par an, tel quâobservĂ© ces derniĂšres annĂ©es, ne suffira pas Ă Ă©viter le piĂšge du revenu intermĂ©diaire.

Faire passer le revenu moyen par habitant de 4.700 dollars Ă 15.000 dollars dâici 2045 en seulement 20 ans reprĂ©sente un dĂ©fi considĂ©rable. Actuellement, lâĂ©conomie vietnamienne reste modeste par rapport Ă certains pays de lâASEAN. En 2024, le PIB de l'IndonĂ©sie sâĂ©levait Ă 1.470 milliards de dollars, celui de la ThaĂŻlande Ă 548,89 milliards, et celui de Singapour Ă 525,22 milliards.
Le risque de stagnation et de tomber dans le piĂšge du revenu intermĂ©diaire est rĂ©el si le pays ne trouve pas de nouvelles stratĂ©gies de dĂ©veloppement, a averti TĂŽ LĂąm. Lâune des solutions consiste Ă favoriser le dĂ©veloppement du secteur privĂ©, en le considĂ©rant comme un levier essentiel pour un Vietnam prospĂšre.
Avec prĂšs dâun million dâentreprises et environ cinq millions de commerces familiaux, le secteur privĂ© reprĂ©sente aujourdâhui environ 51 % du PIB, plus de 30 % des recettes budgĂ©taires de lâĂtat et gĂ©nĂšre plus de 40 millions dâemplois, soit 82 % de la main-dâĆuvre totale du pays. Il reprĂ©sente Ă©galement prĂšs de 60 % de lâinvestissement social total, ce qui en fait lâun des piliers majeurs de lâĂ©conomie vietnamienne.
La productivité du travail est un facteur décisif pour la croissance du PIB. Toutefois, cet indicateur reste encore modeste par rapport à la moyenne mondiale. Selon un rapport de l'Organisation asiatique de productivité (APO), la productivité du travail au Vietnam accuse un retard de 60 ans par rapport au Japon, de 40 ans sur la Malaisie et de 10 ans sur la Thaïlande.
En 2022, chaque travailleur vietnamien générait 188 millions de dÎngs, soit seulement 11,4 % de la productivité de Singapour, 35,4 % de celle de la Malaisie, 64,8 % de celle de la Thaïlande et 79 % de celle de l'Indonésie.
AprÚs trois années en deçà des objectifs, en 2024, la croissance de la productivité du travail a dépassé les attentes, atteignant 7,09 %. La productivité moyenne a atteint 221,9 millions de dÎngs par travailleur (équivalent à 9.182 dollars), soit une augmentation de 726 dollars par rapport à 2023.
Il est indĂ©niable que le secteur privĂ© joue un rĂŽle clĂ© dans lâamĂ©lioration de la productivitĂ© du travail et le renforcement de la compĂ©titivitĂ© nationale. Son dĂ©veloppement sera donc dĂ©terminant pour que le Vietnam rĂ©alise ses ambitions Ă©conomiques dans les dĂ©cennies Ă venir.
Toujours selon le dirigeant du PCV, outre les limitations internes, le secteur privé est également confronté à de nombreux obstacles dans l'accÚs aux ressources, notamment au crédit, au capital et aux ressources humaines qualifiées. Le cadre juridique présente encore de nombreuses lacunes et chevauchements, les procédures administratives sont compliquées, coûteuses et potentiellement risquées.
Ces goulots d'Ă©tranglement non seulement freinent le taux de croissance du secteur Ă©conomique privĂ©, ce qui explique que sa contribution au PIB reste quasiment inchangĂ©e depuis plus d'une dĂ©cennie, mais empĂȘchent Ă©galement l'Ă©conomie d'augmenter sa valeur ajoutĂ©e, d'Ă©chapper au piĂšge du revenu intermĂ©diaire et de ralentir le processus de transformation du Vietnam en un pays dĂ©veloppĂ© Ă revenu Ă©levĂ© d'ici 2045.
Pour promouvoir le dĂ©veloppement du secteur privĂ©, il est nĂ©cessaire de mettre en Ćuvre rapidement et de maniĂšre drastique la rĂ©volution de rationalisation de l'appareil d'Ătat, d'accĂ©lĂ©rer la rĂ©forme institutionnelle et administrative, la dĂ©centralisation et de crĂ©er un environnement des affaires favorable.
En particulier, l'Ătat doit disposer d'une mĂ©thode de gestion adaptĂ©e au mĂ©canisme de l'Ă©conomie de marchĂ©, garantissant le droit Ă la libertĂ© d'entreprise, le droit de propriĂ©tĂ© et le droit Ă une concurrence Ă©gale pour le secteur privĂ©.
Il faut Ă©galement supprimer tous les obstacles, rendre les politiques transparentes, Ă©liminer les intĂ©rĂȘts de groupe dans l'Ă©laboration des politiques et l'allocation des ressources, et la discrimination entre les secteurs Ă©conomiques.
Une rĂ©forme institutionnelle ambitieuse doit ĂȘtre menĂ©e, avec un changement de mentalitĂ© dans la gestion administrative, afin de mieux rĂ©pondre aux besoins des citoyens et des entreprises. Il est crucial de simplifier drastiquement les procĂ©dures administratives et les conditions commerciales, d'accĂ©lĂ©rer la numĂ©risation et l'application des technologies dans la gouvernance de l'Ătat pour rĂ©duire le temps et le coĂ»t de la conformitĂ© rĂ©glementaire, ainsi que les coĂ»ts informels, a indiquĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti, TĂŽ LĂąm.
Il faut aussi établir un mécanisme de dialogue et de critique des politiques, pour permettre au secteur privé de participer activement à l'élaboration des politiques économiques, garantissant ainsi leur faisabilité et leur pertinence pratique. L'objectif est qu'en trois ans, le climat des affaires au Vietnam figure parmi les trois meilleurs de l'ASEAN, a-t-il conclu. - VNA