Hanoi (VNA) - Ces dernières années, les provinces du Tây Nguyên ont donné la priorité à la protection et au développement des forêts axée sur l’amélioration de la vie de la population locale, la stabilité et le développement socio-économique de la région. Pour quels résultats ? Enquête.
Sécheresse, destruction des forêts naturelles pour l’extension des cultures, exploitation incontrôlée et illégale du bois, projets hydroélectriques... Autant d’éléments qui ont largement empiété sur les forêts naturelles du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre).
Le dangereux recul de la couverture forestière
À l’heure où ces lignes sont écrites, les forêts des cinq provinces du Tây Nguyên (Dak Lak, Gia Lai, Kon Tum, Dak Nông et Lâm Dông) couvrent 2,567 millions d’hectares, dont 2,253 sont naturels et plus de 313.000 dédiés au reboisement.
La réserve totale de bois est estimée à 302 millions de mètres cubes, soit une diminution de 358.797 ha en huit ans. Et le taux de couverture forestière du Tây Nguyên n’est plus que de 45,8%. Ce recul important s’explique par la mise en œuvre massive de projets qui ne respectent pas la législation en vigueur. Les activités d’aménagement et d’évaluation des impacts de ces projets semblent en effet symboliques. En outre, les négligences constatées dans la gestion, le contrôle et la surveillance des localités sont également responsables des violations. Les contrevenants, qui ne sont pas inquiétés, peuvent opérer en toute impunité.
Plus précisément, environ 15.792 ha de forêt ont été réservés pour plusieurs projets, dont certains liés à la construction de centrales hydroélectriques. Alors que la loi stipule que la superficie détruite pour la réalisation de ces projets doit être replantée, dans les faits, seuls 892 ha l’ont été. Ou comment les intérêts économiques prennent le pas sur l’écologie.
De plus, l’arrivée importante de populations venues de plusieurs villes et provinces pour affaires, notamment du Nord, conduit à la destruction massive des forêts. En 2015, au premier semestre, 3.641 violations de la Loi sur la protection de la forêt - dont 93 affaires concernant la déforestation pour étendre les cultures - ont été constatées. Plusieurs réserves naturelles et Parcs nationaux, notamment ceux de Yok Dôn, de Chu Yang Sin (province de Dak Lak) et de Dak Uy (Gia Lai), sont victimes de l’exploitation illégale du bois.
Le recul des forêts a aussi pour effet d’aggraver les effets des changements climatiques. Durant la saison sèche de 2015, des centaines d’hectares de cultures ont été touchées par la sécheresse, avec de lourdes pertes se chiffrant à des milliers de milliards de dôngs. Dans la seule province de Dak Lak, lors de la dernière saison sèche, 61.446 ha de cultures ont été détruits, causant des pertes évaluées à 2.000 milliards de dôngs.
Reboisement et gestion durable des ressources
Pour freiner la diminution constante des ressources naturelles forestières, de nombreuses solutions sont déployées dans cette région. Actuellement, sept modèles de gestion durable des forêts sont en place au Tây Nguyên, dont trois financés dans le cadre de projets internationaux. Les autres le sont par les localités. Les autorités et habitants prêtent une attention toute particulière aux activités de prévention et de lutte contre les incendies. Les gardes-forestiers sont aussi mobilisés pour appliquer et faire appliquer les nouvelles exigences en matière de gestion et de protection des forêts.
Selon le Comité de pilotage du Tây Nguyên, l’option du gouvernement sur le développement de 100.000 ha d’hévéas supplémentaires dans la région est judicieuse et se prête bien à la situation. Les localités et les entreprises ne s’y sont pas trompées, au regard de leur implication.
Cinq ans après, 72.000 ha d’hévéas ont déjà été plantés. Mieux, les maîtres d’ouvrages ont investi massivement dans le développement des infrastructures comme axes de communication, connexion au réseau électrique, dispensaires, écoles, avec à la clé de nombreuses créations d’emplois, l’augmentation du niveau de vie des habitants issus des ethnies minoritaires et donc une confortation de l’ordre public, et de la sécurité dans la région.
Ce bilan encourageant ne doit cependant pas occulter le fait que les activités de gestion, de protection des forêts dans les provinces du Tây Nguyên restent perfectibles en de multiples points. Il est temps aujourd’hui de reboiser, mais intelligemment.
Un projet de protection des forêts d’ici 2020
Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, en coordination avec d’autres organismes centraux et les provinces du Tây Nguyên, élabore un projet de protection, de développement des forêts et de reboisement dans cette région pour la période 2016-2020.
Crédité de 8.927 milliards de dôngs (près de 400 millions de dollars) dont 4.300 milliards de dôngs financés par le budget de l’État, ce projet comprend quatre volets. Le premier concerne le reboisement, le développement et la gestion durable des forêts. Le deuxième, la construction des infrastructures et l’assistance aux moyens de subsistance. Le troisième, l’amélioration des activités des organes de gestion de forêts.
Quant au dernier, il se concentre sur la coordination et la surveillance de l’investissement. L’objectif : restaurer et développer 2,71 millions d’hectares de forêts dans le Tây Nguyên et atteindre un taux de couverture forestière de 49,8%. Cette initiative devrait enrayer le déboisement et réduire les infractions constatées au niveau de l’exploitation des ressources forestières. -CVN/VNA