Hanoï (VNA) – La désignation de secrétaires des Comités provinciaux et municipaux du Parti non originaires de la localité concernée, ainsi que la perspective d’élargir cette pratique à d’autres fonctions clés telles que président du Comité populaire, président de la Commission de contrôle ou chef de l’Inspection…, constitue non seulement une mesure importante de prévention et de lutte contre la corruption et les pratiques malsaines, mais aussi un moyen efficace de mettre un terme aux collusions entre pouvoir et milieux d’affaires sous forme de « clans » ou de « groupes d’intérêts ».
Cette orientation marque une étape stratégique dans l’édification d’un appareil administratif et politique transparent, impartial et réellement au service du peuple et des entreprises.
Un tournant significatif dans le travail de gestion des cadres
Ces derniers temps, le Bureau politique a adopté une série de décisions relatives à la nomination, la rotation et le transfert de cadres pour occuper les fonctions de secrétaire des Comités provinciaux du Parti dans plusieurs localités, notamment Dông Thap, Quang Ngai, Vinh Long, Thai Nguyên, Phu Tho, Ninh Binh et Cân Tho. Le point saillant de cette démarche réside dans l’application de l’orientation : la désignation de secrétaires des Comités provinciaux et municipaux du Parti non originaires de la localité concernée.
Parmi les exemples notables figure la nomination de Ngô Tri Cuong, originaire de l’ancienne province de Tra Vinh (aujourd’hui Vinh Long). Secrétaire du Comité du Parti de Vinh Long, il a été désigné par le Bureau politique comme secrétaire du Comité du Parti de Dông Thap.
De même, Nguyên Thi Quynh Vân, secrétaire du Comité provincial du Parti de Quang Ngai (originaire de Quang Ngai), a été transférée et nommée vice-cheffe de la Commission centrale d’organisation du Parti.
Auparavant, Truong Quôc Huy, secrétaire du Comité provincial du Parti de Ninh Binh (originaire de Nam Dinh, aujourd’hui province de Ninh Binh), avait été affecté au poste de secrétaire du Comité provincial du Parti de Phu Tho.
Dans l’autre sens, Dang Xuân Phong, secrétaire du Comité provincial du Parti de Phu Tho (originaire de Vinh Phuc, aujourd’hui province de Phu Tho), a été désigné secrétaire du Comité provincial du Parti de Ninh Binh pour le mandat 2025-2030.
Un mouvement similaire a été observé entre les provinces de Lao Cai et Thai Nguyên : Trinh Xuân Truong, secrétaire du Comité provincial du Parti de Lao Cai (originaire de Lao Cai), a été transféré à Thai Nguyên pour y exercer la même fonction.
En parallèle, Trinh Viêt Hung, secrétaire du Comité provincial du Parti de Thai Nguyên (originaire de Hai Duong – aujourd’hui Hai Phong, mais ayant longtemps travaillé à Thai Nguyên), a été nommé secrétaire du Comité provincial du Parti de Lao Cai.
Lors d’une rencontre avec des électeurs, le 30 septembre, le secrétaire général du Parti, Tô Lâm, a souligné que l’un des objectifs majeurs du travail d’édification du Parti était d’achever la mise en œuvre du principe consistant à nommer des secrétaires des Comités du Parti de niveau provincial non originaires de la localité concernée
Le leader du Parti a indiqué que, d’après l’examen de plusieurs affaires disciplinaires récentes, les responsables concernés étaient pour la plupart des cadres locaux, ce qui avait permis de tirer d’importantes leçons.
Il a précisé que l’orientation consistant à « désigner une personne non originaire de la localité concernée » serait progressivement élargie à d’autres postes clés, tels que président du Comité populaire, président de la Commission de contrôle du Parti et chef de l’Inspection provinciale.
Lors du Congrès de l’organisation provinciale du Parti de Phu Tho tenu le 30 septembre, le président de la République, Luong Cuong, a affirmé que, conformément à la directive du Bureau politique sur l’organisation des congrès du Parti à tous les niveaux en vue du 14e Congrès national du Parti, le Bureau politique avait convenu à l’unanimité du principe selon lequel 100 % des secrétaires des Comités provinciaux et municipaux du Parti ne seraient pas originaires de la localité concernée .
Le chef de l’État a ajouté que « dans les temps à venir, plusieurs changements seront opérés au niveau des secrétaires des Comités provinciaux et municipaux du Parti afin que, d’ici au 14e Congrès national du Parti, cette orientation soit pleinement mise en œuvre ».
Insuffler un nouvel élan dans la pensée dirigeante
Face aux récents mouvements de personnel remarqués au sein de l’appareil politique, le professeur associé et docteur Bui Hoai Son, député de Hanoï à l’Assemblée nationale, a déclaré que la décision du Parti de nommer des secrétaires des Comités du Parti de niveau provincial non originaires de la localité concernée constituait une orientation stratégique visant à garantir l’objectivité, la transparence et l’efficacité de la gestion des cadres à l’échelle locale.
Le président de l’Assemblée nationale, Trân Thanh Mân, a également souligné l’importance du principe selon lequel « le secrétaire du Comité du Parti d’une province ou d’une ville ne doit pas être originaire de cette localité ».
Selon Bui Hoai Son, cette approche est conforme à la tradition nationale de gouvernance et de préservation de l’État. Dès l’époque féodale, la loi du « Hồi tỵ » interdisait à un fonctionnaire d’exercer sa fonction dans sa province d’origine, de résider, de se marier ou de contracter des alliances familiales dans la localité où il exerce une fonction publique, afin d’assurer la neutralité et la probité de l’administration.
« Depuis toujours, notre pays rejette les pratiques de népotisme et de clans familiaux dans la gestion publique, privilégiant la justice et la rectitude morale des dirigeants. Les résultats concrets de cette politique le démontrent clairement », a affirmé le député Bui Hoai Son.
Selon lui, cette leçon historique demeure pleinement pertinente : un dirigeant issu d’une autre province est à même d’aborder les questions locales avec davantage d’objectivité et de sérénité. Selon un électeur de Hanoï, cette politique aide à « réduire le localisme, les factions internes et les problèmes enracinés, renforçant la stabilité politique ».
Exempt de tout lien familial ou d’intérêts locaux, un cadre transféré est en mesure de résoudre avec fermeté les dysfonctionnements persistants et d’empêcher la reproduction des erreurs du passé. « Lorsqu’un dirigeant ne porte pas le poids des intérêts locaux, il peut éliminer les mécanismes de favoritisme et prévenir les conflits d’intérêts, rendant l’administration locale plus intègre », a-t-il précisé.
Le professeur associé a rappelé que le Parti communiste du Vietnam avait déjà établi des règles précises à ce sujet, notamment la Directive n°45-CT/TW du Bureau politique. Sur cette base, la Commission centrale d’organisation du Parti a mis en œuvre d’importants mouvements de rotation et de redéploiement des cadres.
À titre d’exemple, lors des Congrès provinciaux du Parti à Thai Nguyên et Lao Cai, le Bureau politique a décidé de nommer Trinh Viêt Hung, alors secrétaire du Comité du Parti de Thai Nguyên, au poste de secrétaire du Comité du Parti de Lao Cai, et inversement. Ces décisions, selon Bui Hoai Son, « insufflent un nouvel élan dans la pensée dirigeante », permettant une direction et une supervision plus objectives et efficaces au niveau local.
« Je considère que la nomination de cadres dirigeants — tels que les secrétaires, présidents ou chefs de juridiction — non originaires de la localité conernée constitue une mesure cruciale pour prévenir le localisme et les intérêts de groupe. L’expérience historique du +Hồi tỵ+ a contribué à renforcer l’appareil d’État et à écarter les dérives de type factionnel », a-t-il affirmé.
Selon le député, la mise en œuvre rigoureuse de cette politique permettra une sélection des cadres fondée sur la compétence et la probité, et non sur l’appartenance familiale. Cela favorisera la constitution d’un appareil dirigeant intègre et solide, digne de la confiance du peuple, contribuant ainsi à accélérer le développement durable du pays.
Prévenir les violations à caractère collectif
Au cours de la période récente, certaines localités ont connu des violations d’une nature collective, marquées par des collusions profondes et prolongées entre entreprises et dirigeants provinciaux, parfois établies depuis des décennies. Face à cette réalité, la mise en œuvre du principe selon lequel les secrétaires des Comités du Parti, puis les présidents des Comités populaires, ne doivent pas être originaires de la localité où ils exercent revêt une signification particulièrement importante dans la prévention de la corruption, des pratiques malsaines et du clientélisme.
Bui Hoai Son a estimé que cette politique constituait un outil stratégique pour prévenir les violations systémiques et enrayer les formes de corruption collective observées dans certaines provinces.
Selon lui, lorsqu’un dirigeant est né, a grandi et entretient de profonds liens familiaux, économiques et sociaux dans sa propre localité, il devient plus enclin à la complaisance et à la tolérance mutuelle au sein du système. Ces relations peuvent, avec le temps, tisser un réseau d’intérêts partagés, formant un mécanisme de « factions » ou de « groupes d’intérêts », particulièrement dangereux.
« C’est précisément dans ce terreau que la corruption et les dérives s’enracinent, se développent et perdurent, rendant leur détection et leur traitement beaucoup plus complexes », a-t-il déclaré.
Le principe selon lequel « le secrétaire du Comité provincial ou municipal du Parti ne doit pas être originaire de la localité » agit comme un « vaccin préventif » contre ces dérives. Un cadre transféré d’une autre province n’est pas lié par les intérêts économiques ou familiaux locaux, ce qui lui permet d’exercer ses fonctions avec indépendance, impartialité et détermination, au service de l’intérêt général, sans être influencé par les « réseaux souterrains » existants.
Il a rappelé que la loi du « Hồi tỵ », promulguée sous la dynastie des Nguyen, reposait sur le même principe : empêcher les fonctionnaires locaux de profiter de leur position pour former des alliances d’intérêts. Selon lui, cette vision administrative, d’une remarquable modernité pour son époque, conserve aujourd’hui toute sa pertinence.
« Dans la période contemporaine, nous avons malheureusement assisté à des affaires où des directions provinciales entières ont été impliquées dans des pratiques illégales après des années de collusion avec des entreprises. Ces leçons douloureuses démontrent que la surveillance seule ne suffit pas. Il est essentiel de concevoir un système institutionnel capable de prévenir dès l’origine toute formation de +réseaux d’intérêts privés+, notamment par une gestion rigoureuse du personnel », a-t-il souligné.
Ainsi, selon le député, cette politique ne se limite pas à une mesure de rotation du personnel. Elle marque une évolution dans la conception du leadership, en plaçant les intérêts nationaux et collectifs au-dessus de tout autre intérêt et en visant à bâtir une administration locale intègre, transparente et au service du peuple.
Il a conclu en affirmant que cette approche représentait un « bouclier souple mais efficace » pour préserver la pureté morale et institutionnelle de l’appareil politique local et renforcer la confiance du peuple envers le Parti et l’État.
« Je suis convaincu que si nous appliquons avec constance cette orientation, nous réduirons considérablement le risque de +violations collectives+ et construirons progressivement une gouvernance nationale moderne, ouverte, transparente et au service du peuple », a déclaré Bui Hoai Son.
Une politique des talents fondée sur la transparence et l’équité
Bui Hoai Son a souligné que la désignation de dirigeants n’étant pas originaires de la localité où ils exercent revêtait une signification majeure. Cette politique vise non seulement à prévenir le favoritisme et la nomination de proches, mais aussi à éviter la formation de cercles fermés et de groupes d’intérêts locaux, qui constituent souvent les causes profondes d’un manque d’équité et de transparence dans la gestion des ressources humaines.
Selon le député, lorsqu’un dirigeant reste longtemps en poste dans une localité où il possède des liens familiaux, amicaux ou économiques profonds, il subit inévitablement des pressions visibles et invisibles de la part de son environnement. Ces influences peuvent l’amener à favoriser des personnes proches ou à reproduire des réseaux d’allégeances locales, rendant difficile l’accès aux opportunités pour les véritables talents.
À l’inverse, un dirigeant transféré d’une autre province agit dans un environnement où il est moins soumis à ces contraintes relationnelles. Il peut ainsi sélectionner, nommer et utiliser les cadres sur la base exclusive de leurs compétences, de leurs mérites et de leurs performances, sans être influencé par des considérations personnelles ou affectives.
De ce fait, la désignation de responsables non originaires de la localité concernée constitue un mécanisme important pour promouvoir la justice et encourager la méritocratie. Cette approche contribue à l’édification d’un environnement administratif sain et transparent, où les cadres sont évalués principalement en fonction de leurs résultats et de leur contribution au service public, et non de leurs relations personnelles.
« L’histoire nous a enseigné une leçon profonde : établir des règles claires pour prévenir les conflits d’intérêts dans la gouvernance et assurer que les dirigeants soient choisis en fonction de leur vertu et de leur compétence, plutôt que de leur origine ou de leurs liens familiaux », a rappelé le député Bui Hoai Son.
Dans le contexte actuel où le pays entre dans une nouvelle phase de développement, cette orientation revêt, selon lui, une pertinence accrue. Seuls des dirigeants libérés des influences locales peuvent véritablement détecter, encourager et mobiliser les talents de manière objective et efficace.
Le député a affirmé que cette mesure ne constituait pas seulement un instrument de lutte contre les pratiques malsaines, mais qu’elle s’inscrivait dans une politique des talents intelligente, fondée sur la création d’un espace de concurrence équitable. Ce cadre favorise l’émergence de cadres compétents, intègres et animés par le sens du service public, qui accèdent à des responsabilités grâce à leurs propres capacités et mérites.
« Je suis convaincu que, si cette orientation est mise en œuvre avec constance et rigueur, elle permettra de former une élite administrative et politique de plus en plus qualifiée, capable de répondre pleinement aux exigences de développement du pays dans l’ère nouvelle », a conclu Bui Hoai Son.
Lorsque les cadres ne sont plus entravés par des relations de familiarité ou par leur région d’origine, ils peuvent faire preuve de davantage de transparence dans leurs décisions ; de plus d’impartialité dans les nominations et la gestion ; de plus de fermeté dans la lutte contre la corruption et pratiques malsaines ; et de plus de proactivité dans les réformes. Et surtout, ils peuvent placer entièrement et sans réserve l’intérêt du peuple au-dessus de tout.
C’est la valeur fondamentale de la politique consistant à ce que « les dirigeants locaux ne doivent pas être affectés à leur localité d’origine ». – VNA