Lào Cai (VNA) - Les La Chi sont un groupe ethnique ultraminoritaire vivant essentiellement à Ban Liên, une commune rattachée à la province septentrionale de Lào Cai. Au cœur des montagnes, ce peuple continue de tisser les fils de son identité culturelle, au sens propre comme au figuré.
Depuis des générations, les La Chi cultivent le coton et tissent eux-mêmes leurs vêtements traditionnels.
À Ban Liên, les femmes se retrouvent régulièrement autour du métier à tisser pour partager gestes et savoirs. Ly Thi Huong, l’une des plus jeunes, s’initie avec passion à cet héritage ancestral. En apprenant auprès des aînées, elle espère pouvoir, à son tour, maîtriser chaque étape – de la culture du coton à la broderie, et contribuer ainsi à transmettre les traditions vestimentaires de son peuple.
"Pour préserver ce métier, il faut documenter chaque étape. Si possible, filmer le processus, pour que les jeunes puissent apprendre plus tard", explique-t-elle, tout en affinant ses gestes au métier à tisser.
De la terre à l’aiguille, le chemin du vêtement La Chi est long. Tout commence par la culture du coton. Une fois récolté, il est égrené, puis séché au soleil. Vient ensuite l’étape la plus délicate: filer le coton en de fins brins réguliers. Ces fils sont ensuite tissés pour obtenir une toile brute, teinte à l’indigo, avant d’être enfin cousue, toujours à la main, à l’aide d’outils rudimentaires. Ly Thi Nê, figure respectée de la communauté, incarne ce savoir-faire. Âgée mais toujours habile, elle veille à transmettre la passion du métier.
"Mes grands-parents me l’ont transmis, je dois maintenant le transmettre à mes enfants et petits-enfants, pour que notre culture se perpétue de génération en génération", confie-t-elle.

Le vêtement La Chi, d’un noir sobre, se distingue par sa simplicité. Qu’ils soient hommes ou femmes, les membres de la communauté portent ces habits rarement brodés de motifs complexes. Pourtant, chaque pièce révèle une subtile élégance, grâce à des ornements discrets: triangles, cercles, losanges, bordures brodées sur le col ou les parements. Des détails raffinés, souvent cousus avec amour, à destination d’un proche.
Ly Van Tiên, chef du hameau Mà Phô, veille lui aussi à la sauvegarde de cet héritage.
"Nous sensibilisons sans relâche les femmes et les anciens pour qu’ils continuent à préserver et transmettre les spécificités vestimentaires de notre peuple La Chi", dit-il.
Les autorités locales s’engagent également. Le service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province a entrepris de recenser et de valoriser cette activité ancestrale. Objectif: faire de l’artisanat La Chi un produit touristique emblématique.
"Nous avons élaboré un processus détaillé avec des images, des vidéos et des documents papier. Ces supports serviront d’archives et permettront de créer une offre touristique originale autour de ce patrimoine", déclare Duong Tuân Nghia, directeur adjoint du service.
À Ban Liên, les gestes anciens vivent toujours. Et dans le murmure des métiers à tisser résonne le souffle d’un peuple bien décidé à faire de son héritage un atout d’avenir. -VOV/VNA