Hanoi (VNA) – Le temple Trân Vu, à Hanoi, a récemment célébré le 10e anniversaire de la reconnaissance par l’UNESCO du tir à la corde comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Dès l’aube, le temple s’est animé au son des tambours festifs, attirant une foule désireuse de s’immerger dans cette tradition vivante.
Au bord du lac de l’Ouest, dans la cour du temple Trân Vu (Guerrier chargé de la garde du Ciel Sombre, c’est-à-dire la partie septentrionale du Ciel), des équipes de tir à la corde venues des localités du Nord du Vietnam se sont rassemblées sous les acclamations du public.
Il y a dix ans, le 2 décembre 2015, en Namibie, les rituels et jeux de tir à la corde du Vietnam, du Cambodge, de la République de Corée et des des Philippines, était officiellement inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
Cet événement a marqué une étape importante dans l’expansion du réseau des communautés qui perpétuent ce patrimoine dans les cultures rizicoles d’Asie de l’Est et du Sud-Est.
Ce jeu est souvent pratiqué lors des fêtes traditionnelles de plusieurs pays de la région Asie-Pacifique. Considéré comme l’une des expressions de la culture agricole, il représente la solidarité au sein de la communauté. Il participe également à la conception de la vie, du monde, tout en exprimant le souhait de bénéficier de bonnes moissons ainsi que d’une vie prospère et heureuse.
«Des communautés de Lào Cai, Vinh Phuc, Ninh Binh, Hanoi, Bac Ninh et Hung Yên participent à cet événement. Chaque province a sa propre technique de tir à la corde et sa propre corde, mais toutes partagent la même signification : tirer sur une seule corde. Qu’elle soit en bambou, en rotin ou en paille tressée, la corde symbolise le désir de relier la communauté, le passé, l’avenir et le présent, et de renforcer l’unité et les liens», a fait savoir Ngô Quang Khai, président du comité des vestiges du temple Trân Vu et du Réseau vietnamien de tir à la corde.
«Les communautés participantes enrichissent également leurs connaissances et leurs coutumes des autres régions et se rapprochent encore davantage. Nos ancêtres ont préservé et transmis ce patrimoine de génération en génération, et il nous incombe aujourd’hui de le préserver et de le promouvoir», a-t-il indiqué.
Le Vietnam compte désormais dix communautés engagées dans la préservation, la transmission et la pérennisation du tir à la corde. À Hanoi, Bac Ninh, Phu Tho, Lào Cai, Hung Yên et Ninh Binh, les habitants continuent de pratiquer ces rituels et jeux chaque année. La corde de bambou, de rotin ou de paille est devenue un symbole de lien communautaire, ravivant les souvenirs de la vie villageoise.
Au son des tambours festifs, les joueurs s’alignèrent, les mains agrippées à la corde, les pieds bien ancrés au sol et le regard déterminé. À l’extérieur de la cour, les aînés observaient attentivement les joueurs se préparer pour les jeux. Le public, composé notamment de nombreux étrangers, acclamait bruyamment et immortalisait la scène en images.
«C’est un grand honneur pour notre village de participer à cet événement, aux côtés d’équipes venues de la République de Corée, du Cambodge, des Philippines et du Vietnam», a partagé Duong Van Tinh, membre de l’équipe de tir à la corde de la commune de Vinh Thanh, province de Phu Tho.
Les rituels et jeux de tir à la corde sont pratiqués au sein des communautés pour assurer récoltes abondantes et prospérité. Ils marquent le début du cycle agricole et commencent souvent par des rites commémoratifs en hommage aux divinités locales. Ils sont souvent organisés devant la maison communale ou le sanctuaire du village.
«Le tir à la corde du temple Trân Vu se pratique avec trois équipes : Man Cho, Man Duong et Man Dia. Il a lieu chaque année le 10e jour du troisième mois lunaire. Avant le festival, nous nous réunissons pour nous entraîner ; chaque équipe compte entre 18 et 20 joueurs. Je suis honoré que notre rituel traditionnel soit reconnu et j’espère qu’il se répandra dans d’autres communautés», a indiqué le joueur Nguyên Hông Quan.
L’un des points forts du programme de cette année a été la participation d’équipes étrangères. Ku Eunmo, président de l’Association de tir à la corde de Gijisi, a conduit avec assurance et un large sourire les membres sud-coréens sur le terrain. Il a souligné que la République de Corée et le Vietnam utilisent des matériaux différents pour la fabrication des cordes, mais partagent le même esprit d’unité entre les équipes de différents pays.
Lors de cet événement, le Réseau vietnamien du patrimoine du tir à la corde a été inauguré. Sa mission est de créer des liens entre les communautés et de favoriser l’échange d’expériences en matière d’organisation et de préservation du patrimoine. – VNA