Le Têt traditionnel à Hanoi, autrefois et aujourd’hui

Le printemps, c’est la saison de réjouissances, dit une maxime vietnamienne. Et le Têt traditionnel tombe en cette heureuse période. Berceau de la civilisation rizicole, Hanoi présente des coutumes festives propres à elle. De bien belles coutumes qui agrémentent encore le charme éternel de la capitale conféré par ses paysages naturels et architecturaux.

Marché aux fleurs de la rue Hàng Luoc, à Hanoi. Photo : VNA
Marché aux fleurs de la rue Hàng Luoc, à Hanoi. Photo : VNA

Hanoi (VNA) – Le printemps, c’est la saison de réjouissances, dit une maxime vietnamienne. Et le Têt traditionnel tombe en cette heureuse période. Berceau de la civilisation rizicole, Hanoi présente des coutumes festives propres à elle. De bien belles coutumes qui agrémentent encore le charme éternel de la capitale conféré par ses paysages naturels et architecturaux.

Au Vietnam, le Têt est la fête du Nouvel An lunaire. Occasion pour la famille de se réunir, pour ceux travaillant loin de rentrer au bercail. Cet événement festif, le plus important de l’année, est célébré en grande pompe dans tout le pays. Hormis des festins somptueux offerts en famille, le Têt vietnamien montre par ailleurs une grande variété de particularités. Car chaque endroit a ses us et coutumes, et faut-il les respecter, n’est-ce-pas ?

Évidemment, la fêté de Nouvel An (même lunaire) commence par la nuit de réveillon. Mais à Hanoi, le Têt s’impose une semaine à l’avance, avec tout d’abord la cérémonie du culte dédié au Génie de la cuisine qui doit partir pour le ciel où il fait un rapport annuel sur la situation de la famille.

Deux étapes de même importance

Dans la mentalité des Hanoiens, le Têt se compose de 2 étapes aussi importantes l’une que l’autre : faire la préparation et faire la fête. La préparation du Têt veut dire les courses et l’embellissement de la maison. Outre les provisions alimentaires, on a encore une myriade de choses à payer : vêtements, bijoux, chaussures, cadeaux, objets de décoration intérieure, fleurs, bonsaïs… et aussi des offrandes pour les ancêtres. Il semble que tout le monde aime aller aux marchés du Têt qui se tiennent pour la plupart dans les rues du vieux quartier.

Les hommes se ruent vers les rues de Hàng Bô, Hàng Ngang, Hàng Luoc… pour chercher les uns une peinture représentant un plateau de fruits ou un tableau de sentences parallèles calligraphiées sur place par un lettré ; les autres un pêcher chargé de fleurs -messager du printemps et du bonheur-, ou un pied de kumquat portant fruits -symbole de la prospérité-. Les femmes font un tour dans les rues Hàng Duong, Hàng Buôm, Hàng Cân, Hàng Bac… où sont étalés, à chaque rue ses produits spécifiques : fruits confits, encens, riz gluant, denrées alimentaires, vêtements, bijoux… Les filles font du lèche-vitrine dans la rue Luong Van Can où se juxtaposent des maisons de couture de l’áo dài (tunique traditionnelle) ou s’égarent dans la foire de fleurs aux alentours du lac de l’Épée restituée, où rose, glaïeuls, narcisse, lis, camélia, chrysanthème… exposent couleur et parfum.

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Pour le Têt ou Nouvel An lunaire, de nombreuses familles vietnamiennes achètent habituellement des kumquats chargés de fruits, symbole de prospérité et de plaisir, pour les mettre dans leurs maisons. Photo: VietnamPlus

Mais, la préoccupation commune de tous est la préparation de banh chung -gâteau de Têt (gâteau de riz gluant farci de la viande et du soja, le tout emballé dans des feuilles d’arrow-root et cuit durant des heures). Quelle joie pour toute la famille, les enfants surtout, de se réunir autour d’un feu, attendant le moment de goûter le premier banh chung à peine cuit !

Le jour de la fin d’année, la maison semble faire peau neuve. Les murs sont recouverts d’une nouvelle couche de peinture. Les meubles sont bien nettoyés, l’autel des ancêtres joliment paré de fleurs, de bougies rouges et d’objets de culte divers. Au milieu trône un beau plateau de fruits frais, avec souvent 5 sortes représentant 5 voeux éternels des Vietnamiens : la paix, la santé, le bonheur, la prospérité et la longévité. Le pêcher aux fleurs rouges et le kumquat aux petits fruits dorés sont placés aux endroits les plus frappants de la maison.

Toute la famille s’attelle à préparer le réveillon du Nouvel An. Un grand plateau plein de plats savoureux est enfin mis sur l’autel des ancêtres. Et, à travers la fumée d’encens, les morts sont invités à revenir fêter le Têt avec leur descendance. Obligatoirement, tous les préparatifs doivent être terminés avant minuit. Car, la famille aura de la chance durant la nouvelle année si cette dernière est commencée avec du beau et du bien.

Le premier visiteur de l’an bien attendu

Minuit sonne. C’est le Giao thua, moment où le Génie gérant du nouvel an arrive en remplacement de celui de l’an passé, selon l’explication des vieillards. Dans les crépitements et les scintillements des feux d’artifice, on brûle des baguettes d’encens et les plante sur un petit autel de fortune installé dans la cour, en plein air. Les offrandes sont jolies : un coquelet bouilli avec une rose planté dans le bec, un plat de xôi de couleur rouge (riz gluant coloré avec le fruit de momordique et cuit à la vapeur), alcool, fruits, fleurs et papiers votif. Avec tout ça on fait les adieux à l’ancien génie et accueillir le nouveau, leur exprimant les souhaits de santé et de prospérité pour la famille.

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Pour les Vietnamiens, le Nouvel An lunaire est un événement très important et sacré, attendu largement, en particulier ceux qui travaillent loin de chez eux. Photo: tuoitre.vn

Le Jour de l’An, tout le monde se fait beau avec ses costumes de fête, mais ne sort pas tôt, car on attend le premier visiteur de l’an. Selon la coutume xông dât, quelqu’un qui arrive le premier dans la matinée du premier jour du Têt est regardé comme portant à la famille un présage qui peut être heureux ou mauvais. Pour cette raison, les hommes qui ont réussi socialement sont invités d’avance à venir xông dât chez des connaissances, avec un sourire et un souhait de bonne année. Puis, on rend visite aux parents, on distribue des étrennes aux enfants, on adresse des vœux de bonheur aux autres. Dans les civilités cordiales au sein de la famille, un repas copieux est servi avec plaisir de tout le monde.

Les jours suivants sont aussi emplis de joie, de rires et de compliments : visites aux maîtres et amis, flâneries dans la rue, promenades dans le parc, participation aux réjouissances communautaires, comme balançoire, jeu d’échecs, représentation artistique… Et comme toujours, le Têt passe vite.

De nouvelles coutumes joignent

La capitale vietnamienne en voie d’industrialisation n’oublie pas ses coutumes festives traditionnelles. Préservées pour l’essentiel, ces coutumes se modifient cependant à la légère, par la suite de l’évolution d’une économie de marché. La vie s’est nettement améliorée, le marché abonde de marchandises sophistiquées et de produits de consommation courante, les services prospèrent… Tout cela permet qu’on se libère des préoccupations affairées dans l’étape de préparation. Reste le plaisir de faire des emplettes pour s’embellir et embellir la maison.

À côté des anciennes coutumes, apparaissent de nouvelles qui ne manquent pas de charme. La nuit de réveillon, les rues de Hanoi connaissent une animation particulière. Les jeunes affluent sur les lacs de l’Épée restituée, de l’Ouest ou les parcs de Thông Nhât, Thu Lê... là où la ville exécute des feux d’artifice. Les personnes âgées préfèrent aller à la pagode. Mais tous rentrent vers une heure du matin, avec en main un bourgeon ou une jeune feuille verte, symbole de la chance.

Malgré des variations de nuances nées au cours de l’évolution de la vie, les coutumes festives des Hanoiens demeurent toujours magnifiques et admirables, tant autrefois qu’aujourd’hui. Et éternellement ! – VNA

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