Hanoi (VNA) – Avec un talent minutieux, le peintre Nguyên Hoàng Anh, basé à Hanoï, donne vie à des poupées vêtues de costumes traditionnels des ethnies vietnamiennes. À travers sa collection, il aspire à faire rayonner la richesse culturelle du Vietnam et de ses habitants auprès du monde entier.
«Hoang Anh a créé une multitude de poupées, toutes empreintes d’âme. J’en ai offert à mes clients, et tout le monde les adore !», partage une cliente.
« Ces poupées portent des marques distinctives. Les costumes des 54 ethnies du Vietnam y prennent vie avec une beauté saisissante» confie un autre.
Bien qu’il ne soit pas le premier à confectionner des poupées au Vietnam, Hoàng Anh s’est fait un nom. Ses créations, délicates et parées de tenues des ethnies vietnamiennes, ornent désormais les boutiques des aéroports et les échoppes de souvenirs du vieux quartier de Hanoï. L’idée lui est venue face à un constat: le marché des poupées au Vietnam manquait de diversité. Il a alors décidé d’y insuffler l’élégance des costumes traditionnels, ouvrant ainsi une fenêtre sur la culture vietnamienne pour les amis étrangers.
Pour nourrir son projet, Hoàng Anh a passé deux ans à sillonner les villages des montagnes du nord, en plongeant au cœur des traditions. Vivant aux côtés des habitants, partageant leur quotidien, observant leurs techniques de couture, il a capturé l’essence de chaque ethnie. Depuis 2011, il miniaturise ces costumes avec passion.
«Lors des marchés ou des fêtes traditionnelles, chaque ethnie arbore une tenue unique, créant une symphonie de couleurs. J’essaye d’insuffler l’âme de chaque ethnie dans mes poupées. Je crois que mes voyages et mes rencontres directes avec ces costumes m’ont permis de retranscrire leur vérité dans mon travail», confie-t-il.

Chaque poupée naît d’un processus complexe. Hoàng Anh étudie d’abord les vêtements - formes, tissus - avant de façonner un moule en composite. Puis vient le modelage: un visage doux et rustique, peint avec soin. Enfin, il coud les habits et ajoute des accessoires - paniers, gongs, tambours, foulards, chapeaux - propres à chaque ethnie.
«Il m’est arrivé de jeter des poupées qui ne me satisfaisaient pas. Réduire un costume en miniature est un défi. Chaque ethnie a ses motifs, ceux des Mông sont par exemple très différents de ceux des Dao… Sur une si petite surface, je dois condenser ces détails pour capturer leur esprit. Perfectionniste, je veux que les amateurs de poupées y retrouvent une authenticité palpable», partage Hoàng Anh.
Hoàng Anh possède aujourd’hui environ 5.000 poupées, déclinées en deux tailles (25 et 35 cm), reflétant les costumes et particularités des ethnies vietnamiennes: les Tà Oi se parent de brocatelle perlée, les Dao enduisent leurs tissus de cire d’abeille avant teinture, avec des tuniques longues richement brodées, les Muong portent des vestes courtes dévoilant un carré de brocart sous le corsage, tandis que les femmes Mông superposent des jupes et maîtrisent une broderie inversée unique. Selon Hoàng Anh, sans une immersion profonde dans ces traditions, il est impossible de donner une âme à ces figurines.
«Ma première poupée, une Mông à jupe évasée, n’avait pas de guêtres qui devaient protéger ses jambes en montagne et s’accorder au costume ! Pour les Dao rouges, j’ignorais comment enrouler leur turban. Les habitants m’ont montré, et j’ai pu recréer cet esprit Dao. Ces expériences ont enrichi mon parcours», raconte le créateur.

Selon la complexité, orner une poupée demande 4 à 6 heures. Hoàng Anh a réalisé des milliers de tenues miniatures - Dao, Mông, Thaï, Tày, Hà Nhi, Lô Lô… - d’un réalisme saisissant, souvent avec les mêmes matières que les originaux, sauf pour les détails impossibles à reproduire.
«Tout est fait à la main. Pour les colliers, je cherche des matériaux adaptés. Pour les broderies des jupes, ce sont les artisans ethniques qui les réalisent sur de grands tissus. Ensuite, je découpe, j’ajuste, pour habiller ces petites silhouettes», précise-t-il.
Bientôt, chaque poupée sera accompagnée d’informations en vietnamien et en anglais: population, région, coutumes… Une manière pour Hoàng Anh de prolonger la transmission culturelle et d’ancrer les traditions dans la modernité, comme l’espère Nguyên Van Huy, ancien directeur du Musée d’ethnographie du Vietnam.
«Un artiste doit s’appuyer sur la culture de chaque ethnie, mais aussi créer. Ses poupées doivent refléter cette identité tout en étant plus belles, plus captivantes», plaide-t-il.
Hoàng Anh rêve d’ajouter des poupées masculines à sa collection. Pour lui, ces figurines ne sont pas de simples cadeaux: elles tissent un pont culturel, rapprochant les costumes ethniques vietnamiens des regards du monde. – VOV/VNA