Allusive Panorama, le retour artistique de l’empereur Hàm Nghi à Huê

Pour la première fois, 21 peintures de l’empereur Hàm Nghi seront dévoilées au public! Dès le 25 mars, le palais Kiên Trung, joyau restauré de la cité impériale de Huế, accueillera «Trời, Non, Nước | Panorama allusif», la plus grande rétrospective jamais consacrée à ce souverain, héros de la résistance et artiste méconnu depuis plus d’un siècle.

Les peintures à l’huile, réalisées par le roi Hàm Nghi durant ses années d’exil, seront exposées au palais Kiên Trung à partir du 25 mars, sous le thème "Ciel, montagne, eau". Source: tuoitre.vn
Les peintures à l’huile, réalisées par le roi Hàm Nghi durant ses années d’exil, seront exposées au palais Kiên Trung à partir du 25 mars, sous le thème "Ciel, montagne, eau". Source: tuoitre.vn

Huê (VNA) - Pour la première fois, 21 peintures de l’empereur Hàm Nghi seront dévoilées au public! Dès le 25 mars, le palais Kiên Trung, joyau restauré de la cité impériale de Huế, accueillera «Trời, Non, Nước | Panorama allusif», la plus grande rétrospective jamais consacrée à ce souverain, héros de la résistance et artiste méconnu depuis plus d’un siècle.

L’exposition «Troi, Non, Nuoc| Panorama allusif », première du genre à se tenir à Huê, terre natale de Hàm Nghi, est initiée par Ace Lê, chercheur en art et rédacteur en chef d’Art Republik Vietnam, ainsi que par Amandine Dabat, spécialiste de l’empereur et descendante de sa cinquième génération.

Organisée sur une durée de deux semaines, cette exposition offre une occasion rare de découvrir la facette artistique d’un souverain principalement connu pour son rôle dans la résistance anticoloniale. Or, Hàm Nghi était l’un des deux premiers artistes vietnamiens (avec Lê Van Miên) formés à l’académie occidentale, et donc un pionnier de l’art vietnamien moderne. Une méconnaissance que l’on doit aux circonstances particulières de sa vie, «Hàm Nghi est connu comme un empereur résistant, un empereur patriote, un héros national. Et c’est vrai qu’il est beaucoup moins connu en tant qu’artiste. Et ça, c’est principalement dû au fait qu’Hàm Nghi a été formé à l’art pendant son exil. D’autre part, l’autre raison pour laquelle Hàm Nghi est très peu connu comme artiste, c’est aussi le fait qu’il a été considéré toute sa vie comme un prisonnier politique, et donc surveillé en conséquence par les Français. Et au contraire, c’est positionné en tant qu’artiste, Il a choisi de devenir artiste et il a fait le choix aussi de garder son art dans sa vie privée», a souligné Amandine Dabat qui est également auteur de « Hàm Nghi - Empereur en exil, artiste à Alger ».

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«Rive bordée d’arbres (Lac Léman)» (vers 1920), 38 x 55 cm, huile sur toile. Photo :Kâ-Mondo

Durant son exil en Algérie, Hàm Nghi a été formé à l’art par des artistes français. Il a trouvé dans l’art un refuge et une forme de liberté intérieure.

«Le peintre Marius Renaud lui a prodigué des cours calqués sur le programme de l’École des Beaux-arts de Paris, donc des cours de dessin, de peinture... Et il a aussi été formé à la sculpture par Auguste Rodin à partir de 1899, sachant qu’à partir de 1893, il a eu le droit de se rendre en France l’été tous les deux ans pour suivre des cures thermales, pour soigner son foie. Et c’est à ces occasions qu’il se rendait à Paris et qu’il a pu rencontrer d’autres artistes», précise Amandine Dabat. «Donc, le style artistique que Hàm Nghi a développé est très influencé par les Français, c’est-à-dire que comme les lettrés vietnamiens, il a choisi des maîtres qui étaient les peintres impressionnistes, post-impressionnistes. Et il s’est beaucoup inspiré de leur travail, notamment de Claude Monet, de Gauguin, pour produire une œuvre qui lui est propre, qui est très personnelle, mais où on reconnaît quand même l’influence artistique française», ajoute-t-elle.

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Amandine Dabat, spécialiste de Hàm Nghi et descendante de sa cinquième génération. Photo: Art Republik Vietnam

Les œuvres de Hàm Nghi s’inspirent-elles de l’art vietnamien? Selon sa descendante, la réponse est non: «C’est difficile de dire qu’on retrouverait une inspiration artistique vietnamienne dans l’œuvre de Hàm Nghi puisque Hàm Nghi est le premier artiste moderne vietnamien formé par les Français. Et lui-même n’a pas eu connaissance de l’art vietnamien avant la fin de sa vie».

Malgré l’absence d’influence artistique vietnamienne directe, les œuvres de Hàm Nghi sont profondément imprégnées de la nostalgie de sa patrie. «En revanche, on peut trouver une inspiration en ce qui concerne les souvenirs qu’il a pu garder de son pays natal, notamment les souvenirs de paysages, la nature et dans la façon dont il compose ses oeuvres. C’est sûr que la peinture a été pour lui une manière d’exprimer ses émotions. Quand il peignait, c’était un moment où il était seul avec lui-même, il n’était plus surveillé, il était dans la nature. Il pouvait à la fois contempler la beauté de la nature et exprimer à travers sa peinture à la fois son amour pour son pays et sa souffrance d’avoir été arraché de force à son pays. Donc oui, on peut tout à fait lire dans sa peinture son sentiment d’exil et sa nostalgie du Vietnam», affirme Amandine Dabat.

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«Champs de blé» (1913), 31 x 39 cm, huile sur toile. Photo : Lynda Trouvé

Les 21 peintures à l’huile présentées proviennent principalement de la collection d’un officier français, Henri Aubé, ami de l’empereur, et ont été acquises par des collectionneurs vietnamiens lors de ventes aux enchères à Paris ces dernières années. C’est la première fois que ces œuvres sont exposées. La mise en place de cette exposition a représenté un défi considérable, d’après le commissaire Ace Lê. «Dès la phase de planification, nous avons avancé à un rythme soutenu, concentrant nos préparatifs sur un peu plus d’un an. Conscients du caractère non lucratif du projet, tous les partenaires ont apporté leur soutien total, facilitant ainsi grandement le travail. Près de dix collectionneurs ont prêté des œuvres des trois régions du pays, mobilisant d’importantes ressources. Ils ont collaboré avec les meilleurs experts en restauration et recherché des cadres d’époque…», explique-t-il.

Le commissaire souligne également la difficulté de trouver des œuvres représentatives de l’ensemble de la carrière artistique de Hàm Nghi: «La plupart des tableaux sur le marché sont ceux peints par l’empereur en France, alors qu’il a passé l’essentiel de son exil en Algérie. Pour offrir une vision complète de sa carrière artistique, j’ai rencontré des difficultés à trouver des œuvres réalisées en Afrique. Heureusement, j’en ai déniché trois, appartenant à des collectionneurs différents. Parmi ces œuvres, ‘Vue de la résidence d’El Biar’ se distingue. Sous le soleil algérien, Hàm Nghi a peint sa résidence depuis un champ, plaçant au premier plan un grand arbre, élément récurrent de son œuvre. Les nuances de brun capturent la lumière éclatante, tandis que l’arbre projette une ombre apaisante, ses branches semblant protéger la Villa des Pins. Ce tableau a été offert par la princesse Nhu Ly, sa fille, à son assistant».

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"Paysage avec des cyprès" (Menthon-Saint-Bernard), (1906), 27 x 40,5 cm, huile sur toile. Photo : Kâ-Mondo

Pour la première fois, les Huéens pourront admirer les œuvres de leur empereur dans sa terre natale. Une manière, pour l’empereur exilé, de revenir symboliquement chez lui.

Au-delà de la simple exposition des œuvres, les visiteurs auront l’occasion d’interagir avec les commissaires et les experts pour mieux comprendre le processus de rapatriement et de création de l’exposition. Amandine Dabat sera présente pour partager des perspectives plus approfondies sur la vie et le parcours créatif de l’empereur Hàm Nghi. Se déroulera également un séminaire de l’Institut français de Hanoï sur l’exposition.

Né à Huế en 1871, Hàm Nghi devient le huitième empereur de la dynastie Nguyên en 1884, à seulement 13 ans. L’année suivante, après l’échec d’une insurrection contre la domination française, il quitte la cité impériale et lance l’édit Cân Vuong, appelant à la résistance pour restaurer l’indépendance. Après trois années de lutte, il est capturé et exilé en Algérie en 1888. Il trouve alors refuge dans la peinture et la sculpture. Hàm Nghi s’éteint en exil à Alger, sans jamais avoir pu retourner au Vietnam. – VOV/VNA

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