Hanoi (VNA) - Le village de poterie de Kim Lan, situé dans la commune de Kim Duc (Gia Lâm, en banlieue de la capitale Hanoi), est un ancien village artisanal datant du VIIe siècle, où les souvenirs centenaires se mêlent au rythme de la vie contemporaine.
Dans la brume légère des fours, les tours de potier tournent inlassablement, tandis que les mains habiles des artisans façonnent avec soin chaque parcelle d’argile, insufflant à la céramique l’âme d’un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération.
Après tant de vicissitudes, la poterie de Kim Lan s’élève avec fierté, conservant l’essence de la terre, du feu et du temps, et a été honorée en tant que patrimoine culturel immatériel national.

L’artisan Dào Viêt Binh, président de l’Association de la céramique de Kim Lan, âgé de 53 ans et résidant dans le hameau 5 de Kim Lan (Gia Lam, Hanoi), partage: la céramique de Kim Lan harmonise la simplicité et l’élégance, alliant usage quotidien et art raffiné. En particulier, les pièces de grande dimension témoignent du talent et du dévouement des générations d’artisans du village.
La céramique de Kim Lan se distingue par ses motifs sophistiqués, ses vases somptueux, ainsi que ses œuvres monumentales qui non seulement ont établi des records nationaux, mais ont aussi renforcé la position de Kim Lan sur la carte de la céramique vietnamienne.
L’art céramique de Kim Lan est un musée vivant, gardien des secrets des anciens émaux. Les pots, jarres et marmites conservent encore l’émail de cendre de balle de riz du IXe siècle, autrefois florissant sous les dynasties Ly et Trân, témoignage d’un passé glorieux.

Au-delà de l’héritage, les artisans de Kim Lan ont innové avec l’émail doré, une variation de l’émail de cendre de riz, conférant à la céramique une brillance miroitante rappelant la réfraction lumineuse sur le jade. Chaque création est non seulement un objet utilitaire, mais aussi une œuvre d’art liant passé et présent, élevant la céramique de Kim Lan au rang de patrimoine culturel immatériel national.
L’artisan Dào Viêt Binh confie que les artisans s’efforcent de restaurer l’émail vert céladon des dynasties Ly et Trân, d’un vert profond semblable à l’eau d’un lac en automne. Bien que certains échantillons soient encore conservés au Musée des beaux-arts du Vietnam, la formule de fabrication reste un mystère. Avec persévérance, les artisans de Kim Lan poursuivent leurs recherches, dans l’espoir de redonner vie à cet émail légendaire.

Pham Van Nguyên, 50 ans, résidant dans le hameau 2 de Kim Lan, commune de Van Duc (Gia Lâm, Hanoï), souligne l’unicité de la céramique de Kim Lan, qui possède une rare capacité de luminescence sous la lumière. "Maîtriser cette technique exige non seulement de l’habileté, mais aussi des années d’expérience et une profonde compréhension des propriétés de l’argile, de l’émail et du feu."
Le secret de cette translucidité réside dans la sélection rigoureuse des matières premières et une cuisson précise. L’argile de kaolin doit être purifiée de toute impureté avant une cuisson à près de 1.300°C.
Une fois cuite, la céramique devient translucide comme une ampoule LED ; une température inférieure produit une teinte jaunâtre ou opaque. Ce phénomène lumineux, gage de pureté et de maîtrise technique, caractérise la céramique de Kim Lan.

L’artisan Pham Van Nguyen ajoute que l’argile pure rétrécit d’environ 18% après cuisson, tandis que la céramique liquide coulée en moule peut se contracter jusqu’à 26%. Une mauvaise maîtrise de ces proportions peut entraîner fissures ou cassures. Chaque étape requiert donc une précision extrême pour garantir des produits à la qualité exemplaire, portant l’empreinte du savoir-faire de Kim Lan.
Aujourd’hui, plus de 350 fours de céramique sont en activité à Kim Lan, créant des milliers d’emplois et générant un chiffre d'affaires annuel de près de 500 milliards de dôngs. En 2023 et 2024, Gia Lâm a accueilli environ 650.000 visiteurs par an, venus explorer et acheter ces merveilles artisanales. – NDEL/VNA