Hanoi (VNA) – Le handisport vietnamien a parcouru un long chemin depuis 1995, passant d'initiatives locales à une présence internationale, avec des ambitions grandissantes. Le Comité paralympique national intensifie ses actions et vise des médailles aux Jeux paralympiques de 2028.
La création de l’Association des sports pour personnes handicapées (aujourd’hui le Comité paralympique du Vietnam) en 1995 a marqué un véritable tournant. De Hanoï à Hô Chi Minh-Ville, le mouvement handisport s’est rapidement structuré, passant des premières pratiques locales à une participation de haut niveau.
Lors du premier championnat national organisé à Quang Tri (Centre) en 1997, plus de 600 athlètes avaient pris part à la compétition, révélant l’ampleur de la demande et des besoins en entraînement.
Au début des années 2000, le Vietnam fit son entrée aux Jeux paralympiques d’Asie du Sud-Est (ASEAN Para Games). Depuis, son handisport s’est imposé sur la scène internationale, notamment grâce à la médaille d’or de l’haltérophile Lê Van Công aux Jeux paralympiques de Rio en 2016. “Le handisport vietnamien a désormais sa place dans le mouvement sportif mondial”, souligne Huynh Vinh Ai, président du Comité paralympique du Vietnam.
Progression régionale et mondiale
Aujourd’hui, le handisport vietnamien se classe entre la 4e et la 5e place en Asie du Sud-Est et autour de la 15e place en Asie, selon les disciplines. Le pays compte environ 7 millions de personnes handicapées, soit plus de 7% de la population âgée de deux ans et plus. Parmi elles, 28,8% présentent un handicap lourd ou très lourd, et environ 10% appartiennent à des foyers pauvres ou quasi pauvres. “Ce sont des personnes particulièrement défavorisées, confrontées à d’importantes difficultés d’insertion sociale et à des risques accrus dans leur vie quotidienne”, explique Ly Dai Nghia, vice-président du Comité paralympique du Vietnam.

Le Comité prépare déjà la relève des figures emblématiques comme Lê Van Công. Pour la période 2025-2030, il vise à développer un réseau de clubs handisport dans 70% des provinces et cités du pays, réunissant quelques 40.000 pratiquants réguliers.
Au-delà de la santé, ces activités sportives sont perçues comme un outil puissant de confiance en soi et d’intégration. Elles permettent aux athlètes handicapés vietnamiens d’affirmer leur identité, de rêver à la conquête des podiums mondiaux et de contribuer à rehausser le prestige du sport national.
Selon les estimations, sur les quelque 7 millions de personnes handicapées au Vietnam, environ 30.000 pratiquent régulièrement une activité sportive. Parmi elles, près de 2.000 s’engagent dans le sport de haut niveau et constituent le vivier mobilisable pour les compétitions.
“Ce nombre reste encore très limité. Nous devons donc élaborer une stratégie adaptée, avec des échéances claires : cette année les ASEAN Para Games, l’an prochain les Asian Para Games, et en ligne de mire les Jeux paralympiques 2028 aux États-Unis”, explique Huynh Vinh Ai.
Des obstacles persistants
Le Comité paralympique du Vietnam s’est fixé pour cap d’ici 2030 de développer au moins 16 disciplines handisport, d’attirer chaque année 40.000 pratiquants et de sensibiliser jusqu’à un million de personnes handicapées aux activités physiques et sportives. L’ambition est de maintenir un noyau dur de 55 à 60 athlètes de niveau international, en intégrant 10 à 15 jeunes talents par an, pour viser des qualifications et des podiums paralympiques dès 2028.
Le principal défi reste aujourd’hui la formation d’une nouvelle génération d’athlètes. À cela s’ajoute la nécessité d’affiner les critères de classification des handicaps, afin de structurer des compétitions justes et de sélectionner les sportifs les mieux préparés au haut niveau. Par ailleurs, le financement demeure un problème récurrent. Outre les ressources de l’État, le comité doit faire appel à la solidarité de la communauté et des mécènes.
À ces difficultés s’ajoutent le manque d’infrastructures dans plusieurs provinces, une pénurie d’entraîneurs spécialisés et de personnel médical, ainsi que des moyens limités pour assurer la récupération et la rééducation après les compétitions.
“Pour nous, athlètes handicapés, les 30 dernières années ont été un long chemin semé d’embûches. Nous partons d’une position de faiblesse et rencontrons beaucoup de difficultés. Mais grâce au soutien de l’État et des associations, nous avons pu construire nos carrières et laisser notre marque sur la scène internationale”, témoigne le powerlifteur Lê Van Công. – CVN/VNA