La Résolution 68 du Bureau politique devra jouer un rôle d’impulsion historique, en levant les obstacles institutionnels, en permettant l’essor du secteur privé et en contribuant activement à l’accélération du développement économique du Vietnam.
Une avancée historique
L’histoire du développement économique du Vietnam après le lancement du Renouveau (Đổi Mới) est celle d’un changement profond de perception et de politique. L’un des tournants majeurs a été l’institutionnalisation du rôle de l’économie privée. La Constitution de 2013 a officiellement reconnu et protégé les droits des différentes composantes économiques, y compris l’économie privée. Cela se reflète clairement dans les dispositions suivantes : « Toutes les composantes économiques sont égales devant la loi » et « L’État encourage et facilite l’investissement, la production et les activités commerciales des entrepreneurs, des entreprises ainsi que des organisations et individus ».

Par ailleurs, les résolutions et les documents du Parti ont constamment affirmé le rôle de l’économie privée, illustrant la cohérence de la ligne directrice en matière de développement économique. Ces textes constituent à la fois des déclarations théoriques et des guides pratiques, contribuant à instaurer un environnement politique stable, tout en renforçant la confiance et la détermination des entreprises privées.
Cependant, la reconnaissance et la confirmation du rôle de l’économie privée ne constituent qu’un point de départ. Pour que ce secteur puisse se développer de manière vigoureuse, il est nécessaire de lever les obstacles institutionnels et de créer un environnement entrepreneurial ouvert, transparent et sécurisé.

Selon le docteur Bùi Van Huyên, de l’Académie nationale de politique Hô Chi Minh, dans un contexte national et international marqué par des évolutions rapides et de nouvelles tendances, le système institutionnel du Vietnam révèle de nombreuses lacunes. En réalité, bien que les institutions économiques aient enregistré des avancées significatives, les institutions politiques et autres domaines n’ont pas encore suivi le rythme, rendant difficile la mise en œuvre des politiques et la création d’un environnement commercial favorable.
Le docteur Bùi Van Huyên évoque des contradictions entre textes, chevauchements réglementaires, écarts entre engagements internationaux et législation nationale, qui freinent l’intégration du Vietnam à l’économie mondiale. En outre, il existe un manque de cohérence entre la promulgation des politiques et leur mise en œuvre. Les lois sont adoptées, mais les textes d’application sont publiés avec retard, ou bien il manque un mécanisme d’exécution efficace, ce qui réduit considérablement leur efficacité.
La Résolution 68 du Bureau politique sur le développement du secteur économique privé a été adoptée, affirmant officiellement la position de ce secteur comme « le moteur le plus important de l’économie ». Il s’agit d’une affirmation au plus haut niveau, reflétant un changement profond dans la pensée et les politiques du Parti et de l’État.

Réformes concrètes et perspectives
Selon la docteure Trân Thi Hông Minh, directrice de l’Institut central de gestion économique, la réforme institutionnelle doit commencer par des actions concrètes, comme la simplification des procédures administratives pour l'enregistrement des entreprises, la facilitation de l'accès des entreprises à l'information de manière plus transparente et aisée.
Le député Lê Quân, président de l’Université nationale du Vietnam à Hanoï, souligne l’importance particulière des mécanismes d’accès aux ressources et ceux permettant la faillite. Par ailleurs, il est nécessaire de limiter la criminalisation des relations économiques. En outre, il convient de soutenir les petites et moyennes entreprises, à travers des politiques financières et des ressources dédiées à l’innovation. Il faut également développer les entreprises nationales en mettant en place des politiques favorisant l’essor des grandes entreprises afin qu’elles puissent devenir de puissants groupes économiques. Il identifie les entreprises innovantes comme vecteurs d’avenir, appelant à des mesures spécifiques pour favoriser leur développement.

De son côté, la députée Nguyên Thi Lan, directrice de l’Académie vietnamienne d’agriculture, appelle à des incitations pour les zones défavorisées et pour la formation des ressources humaines de haute qualité pour favoriser le développement du secteur privé.
Le député Nguyên Manh Hùng, membre de la Commission économique et financière de l’Assemblée nationale, souligne quant à lui l’importance de créer des synergies entre entreprises privées, publiques et à capitaux étrangers, pour bâtir un écosystème cohérent.
La Résolution 68 est accueillie favorablement par les milieux économiques, perçue comme une opportunité décisive pour permettre au secteur privé de jouer un rôle moteur dans une nouvelle phase de développement.– VietnamPlus