Hanoï (VNA) – À l’occasion du cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange entre le Vietnam et l’Union européenne (EVFTA), Vu Anh Sơn, chef de l’Office du commerce du Vietnam en France, a partagé avec l’Agence vietnamienne d’information (VNA) une évaluation complète de l’impact de l’accord sur les échanges bilatéraux entre le Vietnam et la France, ainsi que des orientations stratégiques pour les années à venir.
Depuis son entrée en vigueur en août 2020, l’EVFTA a marqué un jalon important dans les relations économiques entre le Vietnam et l’UE, et tout particulièrement avec la France. Selon M. Son, un des faits marquants est la résilience exceptionnelle du commerce bilatéral face aux perturbations majeures des chaînes d’approvisionnement mondiales. Entre 2021 et 2024, les exportations vietnamiennes vers la France sont passées de 6,1 à 7,5 milliards de dollars, soit une croissance de 23 %, dépassant le niveau record d’avant la pandémie.
Outre les avantages tarifaires, l’accord a stimulé des réformes dans les règles d’origine, la gestion de la qualité des produits et l’accès aux services logistiques, financiers et d’assurance. L’élévation des relations bilatérales au rang de Partenariat stratégique global en octobre 2024 a par ailleurs renforcé la dynamique économique, avec un objectif ambitieux de 12 à 15 milliards de dollars d’échanges bilatéraux dans les années à venir, à un rythme de croissance annuelle de 6 à 7 %.
Les investissements français se concentrent dans des secteurs à forte valeur ajoutée tels que la mécanique de précision, les énergies renouvelables, l’environnement, la pharmacie et l’agroalimentaire high-tech. Des groupes comme Schneider Electric, Pernod Ricard ou Boehringer Ingelheim jouent un rôle clé dans l’élévation des normes de production vietnamiennes.
Les secteurs du textile-habillement et de la chaussure bénéficient particulièrement de l’accord, grâce à la suppression progressive des droits de douane. Des marques françaises comme Decathlon ont significativement accru leurs commandes au Vietnam. Les produits agricoles et aquatiques ont également connu une forte progression, notamment le riz vietnamien désormais présent dans des chaînes de supermarchés comme Carrefour et Leclerc.
Le Vietnam est aussi devenu un centre majeur d’assemblage électronique, avec des produits comme les téléphones et composants électroniques occupant une part dominante dans les exportations vers la France et l’UE.
Cependant, M. Sơn met en garde contre les défis croissants posés par les nouvelles réglementations européennes, notamment en matière de mode durable, d’économie circulaire, ou encore des exigences strictes en termes de sécurité sanitaire et phytosanitaire (SPS), souvent qualifiées de "Mur Vert".
L’entrée en vigueur de la directive européenne sur le devoir de vigilance (CSDDD) en juillet 2024 et du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) pose également de nouveaux obstacles aux exportateurs vietnamiens. Sans adaptation aux normes environnementales européennes, les produits vietnamiens pourraient voir leur compétitivité réduite.
Pour relever ces défis, M. Son recommande trois axes stratégiques : renforcement de la base industrielle nationale, modernisation des infrastructures logistiques et numériques et formation de ressources humaines qualifiées.
Il insiste également sur l’importance d’une diplomatie économique proactive, notamment à travers la négociation d’accords de reconnaissance mutuelle (ARM) avec l’UE et la définition d’un cadre de tarification du carbone équivalent à celui de l’UE, afin d’atténuer les effets du CBAM.
En conclusion, M. Son se montre optimiste quant aux perspectives de coopération Vietnam – France dans le cadre de l’EVFTA, soulignant que l’accord a non seulement favorisé les échanges économiques, mais aussi contribué à la stabilité stratégique des relations bilatérales. - VNA