Hanoi (VNA) - L’application des technologies dans les programmes d’enseignement des écoles est de plus en plus populaire. Mais cet outil incontournable doit être utilisé de la bonne façon pour servir au mieux les besoins des élèves.
Dans le contexte de l’industrie 4.0, les nouvelles technologies deviennent incontournables au quotidien. Elles permettent non seulement de se détendre mais sont aussi un outil d’apprentissage et d’enseignement. Fraîchement introduites dans les programmes d’enseignement de certaines écoles des grandes villes du Vietnam, notamment à Hô Chi Minh-Ville, elles font vivre de nouvelles expériences aux enseignants comme aux élèves.
Ngô Thuy Uyên, domiciliée dans la rue Nguyên Son, arrondissement de Tân Phu, mère d’un élève, partage : "Récemment, mon fils m’a demandé d’utiliser mon ordinateur pour faire ses devoirs. Il devait aller sur les sites que son institutrice lui avait donnés pour réviser ses leçons et préparer les examens de mi-semestre". Elle ajoute que les exercices à la maison doivent être également faits en groupe, surtout en histoire et géographie. Son fils était chargé de chercher des informations et images pour préparer un exposé.
Inapproprié et inefficace
Et pourtant, cette mission semblait trop difficile pour cet élève de 4e classe (équivalent au CM1 en France). Il n’est en effet pas arrivé à surmonter seul les difficultés de l’exercice car il ne sait pas sélectionner et synthétiser les informations trouvées. Alors, son père l’a aidé en lui montrant comment faire.
Bùi Thi Lan, mère d’une élève de 4e classe à l’École primaire Bê Van Dàn, arrondissement de Binh Thanh, a fait la même constatation. Sa fille devait chercher des informations en ligne concernant la réforme foncière au Vietnam pour un travail en groupe. "Ce devoir devrait être plutôt destiné à un lycéen et non pas à un écolier", indique-t-elle, en précisant qu’elle a dû alors aider sa fille. "En cherchant des infos sur ce sujet sur Internet, j’en ai également trouvé nuisant à la réflexion des enfants", ajoute-t-elle.
Selon Ngô Thuy Uyên, l’utilisation de technologies et, dans ce cas précis, d’ordinateurs connectés à Internet, n’est pas appropriée pour les enfants. Autrement dit, ces derniers ne sont pas capables de les utiliser sans la présence d’un adulte. "Ils n’ont pas encore la capacité de distinguer les informations correctes de celles qui ne le sont pas ou des informations sensibles. S’ils ne sont pas aidés de leurs parents, cela pourra même être nocif", affirme-t-elle.
Nguyên Van Thanh, père d’un élève d’une école primaire de l’arrondissement de Phu Nhuân, estime que l’introduction des technologies dans les établissements scolaires a seule-ment pour but de suivre une tendance sans tenir compte des méfaits potentiels sur les élèves. En effet, "il y a de nombreuses écoles qui mettent place des concours en ligne et demandent aux élèves d’y participer. Mais certaines questions et problèmes sont trop difficiles. Ce sont alors les enseignants et parents d’élèves qui peuvent réellement participer à ce concours et qui en sont les véritables +candidats+, commente-t-il. Il s’agit bien d’un abus des technologies qui n’a aucun intérêt pour les élèves".
Un enseignant de littérature dans un lycée du 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville considère que certains enseignants introduisent trop d’effets technologiques dans leurs cours. L’un d’entre eux, interrogé sur les raisons de l’utilisation de tels outils, explique que ce n’est que pour amuser les élèves. Dans ce cas, le recours aux technologies dans la pédagogie est inutile. Les cours sont certes amusants mais ils ne s’avèrent pas efficaces.
D’après Tô Thuy Diêm Quyên, experte en éducation au sein du groupe Microsoft, de nombreux enseignants ne comprennent pas comment utiliser au mieux les technologies dans l’enseigne-ment. "Ils préparent leurs cours avec le logiciel Power Point, puis ils enseignent en lisant ce qui s’affiche à l’écran. Pour eux, c’est la seule application des technologies à la pédagogie, mais c’est faux. Ils n’ont simplement pas une bonne compréhension de cet outil", déclare-t-elle. "Dans ce cas, les technologies allègent seulement le travail des enseignants mais n’améliorent pas la qualité des cours", conclut-elle. -CVN/VNA