Hanoi (VNA) – Le Pr.-Dr. et architecte Hoàng Dao Kinh est surnommé “Chevalier des monuments architecturaux”. Par amour et passion, il a consacré sa vie à la préservation de nombreux sites historiques et patrimoines culturels symboliques de Hanoï.
L’architecte Hoàng Dao Kinh, lauréat du prix Bùi Xuân Phai - Pour l’amour de Hanoï, a dédié environ 50 ans à la préservation de vestiges dans tout le pays, en particulier à Hanoï.
Né à Hanoï en 1941, il est le fils du révolutionnaire et culturaliste Hoàng Dao Thuy.
Sa grande carrière s’étend du Nord au Sud, avec des projets patrimoniaux à Hanoï, Huê, Hôi An, My Son... Cependant, il est profondément attaché à sa ville natale, Hanoï, avec un amour particulier pour les vestiges historiques et le patrimoine culturel qui sont les symboles de cette ville millénaire.
“Je suis très attaché à Hanoï, tant dans mon travail professionnel que dans ma réflexion. Cependant, les choses que j’ai faites pour Hanoï en termes esthétiques ne sont probablement pas nombreuses, car il y a peu d’opportunités. J’ai néanmoins consacré beaucoup de temps et d’efforts à prendre soin des vestiges de Hanoï, et je suis satisfait du travail accompli”, a-t-il confié.
Depuis un demi-siècle, Hoàng Dao Kinh a laissé sa marque, en tant qu’architecte en chef de nombreux projets de conservation de vestiges typiques de la capitale, tels que la maison communale Tây Dang dans le district de Ba Vi, la pagode Kim Liên du lac de l’Ouest, ainsi que le Temple de la Littérature et l’Opéra de Hanoï.
Premier pas d’un long voyage
Tây Dang est l’une des premières reliques de Hanoï que l’architecte Hoàng Dao Kinh, encore très jeune, a été chargé de restaurer à la fin des années 1970. Il s’agit d’une des plus anciennes maisons communales du Vietnam, construite entre le XVe et le XVIe siècle, dans le district de Ba Vi, à Hanoï.
“Cette restauration nous a posé de nombreux problèmes à la fin des années 1970, lorsque la situation économique était particulièrement tendue et que nous n’avions guère d’idées systématiques sur la rénovation des monuments architecturaux en bois”, a-t-il rappelé.
“Comment pouvons-nous sauver une structure en bois dont les éléments structurels ont pourri après cinq ou six siècles d’existence ? Si nous remplaçons le bois de l’intégralité du bâtiment, nous le rendrons solide et durable, mais ce faisant, nous toucherons aux cellules historiques ”, s’était-il inquiété.
Par un processus de débat et de persuasion, l’architecte a finalement résumé son point de vue : la restauration vise principalement à assurer la survie à long terme du monument, et à maintenir au maximum son statut architectural et décoratif.
Ainsi, une série de solutions techniques ont été proposées pour la restauration de la maison communale de Tây Dang. C’est-à-dire : minimiser la substitution. Si une structure est endommagée, réparez-la grâce à des techniques traditionnelles. Tout élément qui ne peut être sauvegardé est remplacé par une essence de bois similaire, reprenant la forme de la structure d’origine. “La préservation et la restauration des monuments doivent les rendre plus forts, plus stables et durables, sans les rajeunir, ni modifier leurs caractéristiques architecturales”, a souligné Hoàng Dao Kinh.
“Grâce à cette perspective et à ces techniques, pour la première fois, une architecture en bois a été sauvée et réparée sur la base de l’application de la restauration scientifique, combinée aux techniques traditionnelles d’entretien”, a affirmé le Pr.-Dr.
“On peut dire que la rénovation de la maison communale de Tây Dang à la fin des années 1970 a façonné des vues et des méthodes de restauration des reliques architecturales en bois jusqu’à aujourd’hui. Certains experts internationaux l’appellent l’école vietnamienne ”.
Empreinte indélébile
Outre la maison communale Tây Dang, parmi les contributions exceptionnelles de l’architecte à Hanoï, il faut mentionner deux chantiers : le Temple de la Littérature et l’Opéra de Hanoï.
Dans les années 1990, de plusieurs solutions ont été proposées pour protéger des affres du temps et des éléments naturels les 82 stèles de pierre inestimables du Temple de la Littérature de Hanoï. Certains ont suggéré de créer des toits modernes avec des structures en alliage et des panneaux de verre ou d’utiliser des produits chimiques. Toutes ces solutions ont été critiquées comme inappropriées et non testées en pratique.
“Nous avons alors eu l’idée de créer des toits d’architecture traditionnelle qui ne contrastent pas avec les vestiges et qui soient faciles à construire. Pour éviter de créer de grandes maisons à stèles qui défieraient le Khuê Van Cac voisin et l’espace de la cour, nous les avons divisées en deux rangées, huit maisons à stèles, proportionnellement au complexe du Temple de la Littérature”, a -t-il expliqué.
“Nous préconisons de conserver autant de traces du passé que possible, comme la toiture en ardoises. Quand nous entrons aujourd’hui à l’Opéra de Hanoï, nos sens ne saisissent pas trop de changements. Pourtant, on a placé des centaines de tonnes d’équipements modernes pour assurer les exigences de rénovation et améliorer la fonction de ce projet”, a-t-il déclaré. Actuellement, l’Opéra de Hanoï est devenu un projet brillant qui répond bien aux besoins modernes tout en conservant toujours sa beauté originale, à l’extérieur et à l’intérieur”.
Ces contributions majeures du Pr.-Dr. et architecte Hoàng Dao Kinh ouvrent la voie à la filière de la conservation des reliques au Vietnam et s’appliquent désormais à des cas similaires de manière méthodique, professionnelle et efficace.
Ainsi, il a clairement honoré sa mission de “chevalier des monuments architecturaux” tout au long de sa carrière, depuis ses premiers pas jusqu’à aujourd’hui. – CVN/VNA