Hanoi (VNA) – Le Vietnam ne mise pas sur la compétitivité par les prix, mais sur la qualité et la durabilité. « De nombreux nouveaux investisseurs envisagent l’avenir au-delà d’un marché unique et perçoivent le Vietnam comme une base stratégique à long terme pour la région », a déclaré Bruno Jaspaert, président d’EuroCham Vietnam.
Le Vietnam en pleine ascension
L’histoire du développement du Vietnam entre 2021 et 2026 est marquée par une remarquable résilience. Sortant d’une période d’incertitude mondiale, le pays a affiché l’une des trajectoires de croissance les plus dynamiques d’Asie, tout en conciliant stabilité à court terme et transformation à long terme.
Ce qui me frappe le plus, ce ne sont pas seulement les chiffres, mais la direction prise. Le Vietnam ne cherche pas à être compétitif sur les prix, mais sur la qualité et la durabilité. Le pays modernise ses réseaux logistiques, renforce ses capacités en matière d’énergies propres et intègre progressivement les critères ESG dans sa politique industrielle. Ces changements ne sont pas faciles, mais ils témoignent de la détermination d’un pays qui passe d’une croissance rapide à une croissance durable.
L’indice de confiance des entreprises du troisième trimestre 2025 conforte cet optimisme : la confiance des entreprises européennes a atteint son plus haut niveau depuis trois ans, et 76 % des dirigeants recommanderaient le Vietnam comme destination d’investissement. C’est un vote de confiance fort de la part d’investisseurs qui ont su traverser les crises mondiales et qui considèrent toujours le Vietnam comme l’une des destinations d’investissement les plus dynamiques d’Asie.
« Lors des récents événements organisés par EuroCham Vietnam, on m’a demandé si le gouvernement devait revoir son objectif de croissance du PIB de 8 % compte tenu de la nouvelle politique tarifaire américaine. Ma réponse a été simple : il n’y a aucune raison de le revoir à la baisse », a déclaré Bruno Jaspaert.
L’économie vietnamienne aurait probablement dépassé cet objectif même sans les droits de douane. Ce pays figure parmi les plus résilients où j’ai travaillé. La dette publique reste maîtrisée, ce qui permet des investissements dans les infrastructures susceptibles d’accroître la croissance du PIB d’un ou deux points de pourcentage. De nombreux nouveaux investisseurs voient plus loin que le marché unique : ils considèrent le Vietnam comme une base stratégique à long terme pour la région.
Il suffit de regarder les chiffres : le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont récemment relevé leurs prévisions de croissance pour 2025 à 6,9%, et HSBC prévoit désormais 7,9 %. Le Vietnam est en constante progression, cela ne fait aucun doute.
Un gouvernement résilient et réactif face à l’évolution de l’économie mondiale
Du point de vue des investisseurs européens, le gouvernement vietnamien a fait preuve de résilience et de réactivité face à l’évolution rapide de l’économie mondiale. Ces dernières années, nous avons constaté des efforts importants et concrets pour simplifier les procédures administratives, accélérer le développement des infrastructures et améliorer le climat des affaires. Les récentes réformes des réglementations relatives aux visas et aux permis de travail, par exemple, ont été largement saluées par nos membres comme étant pratiques et pertinentes : près de la moitié des entreprises interrogées dans notre dernier rapport sur l’indice de confiance des entreprises (BCI) ont constaté des changements positifs au cours du seul dernier trimestre. Ce sont précisément ces améliorations qui renforcent la confiance et témoignent de la capacité du Vietnam à attirer des investissements de qualité.
Les investisseurs européens apprécient également la vision d’avenir du gouvernement vietnamien en matière de développement durable, de numérisation et de facilitation des échanges. L’administration publique vietnamienne a fait preuve d’une ouverture croissante au dialogue et au partenariat avec le secteur privé, et EuroCham est fière d’être l’un de ses partenaires les plus proches dans ce processus.
Un moment fort de cette année a été la visite du commissaire européen au commerce et à la sécurité économique, Maroš Šefčovič, à Hanoï fin septembre. Lors de notre dialogue de haut niveau avec le commissaire, nous avons évoqué les progrès réalisés et les difficultés pratiques rencontrées par les entreprises européennes opérant au Vietnam. J’ai été particulièrement impressionné par la volonté commune de résoudre les problèmes. Le Vietnam et l’UE ont convenu de créer des groupes de travail conjoints afin de garantir que les obstacles structurels soient traités rapidement et systématiquement. Il s’agit d’une avancée très concrète, qui démontre que notre partenariat ne se limite pas au dialogue, mais s’étend également à la mise en œuvre.
En résumé, l’action du gouvernement vietnamien a évolué de la conception à l’exécution des politiques, avec une attention accrue portée à la responsabilité, à la transparence et aux résultats. Bien sûr, des défis subsistent, comme l’application inégale des réglementations au niveau provincial ou la nécessité de cadres plus clairs en matière d’énergies renouvelables et d’aménagement du territoire. Mais on perçoit un réel sentiment de progrès et une forte détermination à s’attaquer à ces problèmes.
Ayant vécu et travaillé ici pendant huit ans, j’en ai été témoin direct. L’ouverture du gouvernement à la concertation, conjuguée au dynamisme du peuple vietnamien, est ce qui fidélise les investisseurs, non seulement pour un projet ponctuel, mais sur le long terme. Et comme le montre notre récent Indice de confiance des entreprises, 80 % des entreprises européennes se montrent optimistes quant aux perspectives du Vietnam pour les cinq prochaines années. Cela en dit long sur la confiance, et la confiance est, en fin de compte, le fondement de tout partenariat réussi.
Trois piliers pour la prochaine phase de croissance du Vietnam
La prochaine phase de croissance du Vietnam dépendra de sa capacité à conjuguer efficacement ambition économique, durabilité, innovation et inclusion. Pour EuroCham, trois piliers sont essentiels.
Premièrement, la clarté et la cohérence de la réglementation. Des politiques prévisibles, transparentes et appliquées de manière uniforme – notamment en matière d’accès à l’énergie, de fiscalité, de douanes et de numérisation – permettront non seulement de réduire les coûts pour les entreprises, mais aussi de débloquer de nouveaux investissements de qualité. Une mise en œuvre et des orientations unifiées à l’échelle provinciale permettront aux entreprises européennes et vietnamiennes de planifier sereinement.
Deuxièmement, la transformation verte et numérique doit s’accélérer, passant des projets pilotes à l’échelle nationale. Le Vietnam dispose déjà d’une base solide : grâce à l’initiative Global Gateway de l’UE et au Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), 24 projets verts d’une valeur d’environ 7 milliards de dollars américains sont à l’étude. Cette dynamique doit désormais s’étendre aux initiatives d’économie circulaire, à la modernisation des réseaux électriques pour les énergies renouvelables et aux passeports numériques de produits – autant d’éléments indispensables pour se conformer aux normes internationales en constante évolution, telles que les directives EUDR et ESPR de l’UE.
Troisièmement, le capital humain et les écosystèmes d’innovation. La ressource la plus précieuse du Vietnam demeure sa population. Former des ingénieurs qualifiés, des spécialistes des données et des experts en développement durable permettra de garantir que les investissements dans les secteurs verts et numériques créent une valeur locale durable. Des partenariats public-privé renforcés pour la formation professionnelle et la recherche peuvent accélérer cette transition.
EuroCham perçoit la transformation du Vietnam non seulement comme une réussite économique, mais aussi comme une mission collective. C’est pourquoi notre Forum de l’économie verte (GEF) 2025, événement phare qui se tiendra le 27 novembre à Hanoï, est consacré au thème « Façonner le changement – Construire l’avenir ». Il réunira des décideurs politiques, des chefs d’entreprise, des innovateurs et des jeunes afin d’échanger des idées sur la manière dont le Vietnam peut parvenir à une croissance rapide, durable et inclusive.
Le président d’EuroCham Vietnam a profité de l’occasion pour inviter chaleureusement tous les acteurs – industriels, gouvernementaux et universitaires – à nous rejoindre au GEF 2025. « Ensemble, nous pouvons faire en sorte que le Vietnam croisse non seulement plus vite, mais aussi de manière plus verte et plus responsable, établissant ainsi une référence en matière de développement durable pour toute la région », a-t-il conclu. – VNA