Hanoï (VNA) – Alors que les exportations vietnamiennes de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques subissent des impacts des droits de douane réciproques américains, l'Union européenne (UE) s'impose comme une destination prometteuse. Pour exploiter pleinement le potentiel de ce marché, le secteur agricole vietnamien doit surmonter d'importantes barrières en matière de normes techniques, de qualité, de logistique et proposer une stratégie de développement des produits.
Selon Trân Van Công, attaché agricole du Vietnam auprès de l'UE, ce marché est l'un des trois plus grands importateurs mondiaux de produits agricoles. La demande devrait atteindre près de 364 milliards de dollars en 2025, soit une croissance annuelle de 2,6 %. Toutefois, le Vietnam ne représente actuellement qu'environ 2 % des importations de l'UE, ce qui démontre une marge de progression considérable.
En 2024, les exportations agricoles vietnamiennes vers l'UE ont atteint 5,44 milliards de dollars. Mieux encore, au cours du seul premier semestre de 2025, ce chiffre a grimpé à 4,17 milliards de dollars, soit une augmentation de 50 % par rapport à la même période l'année précédente, confirmant une croissance forte et continue.
Le café est un produit phare, représentant plus de 40 % des exportations vietnamiennes de café vers l'UE. Cette croissance s'explique non seulement par l'augmentation des prix, mais aussi par le développement du café transformé et des produits de spécialité. Les entreprises vietnamiennes se concentrent sur la création de produits à forte valeur ajoutée, comme l'Arabica de la région Nord-Ouest, qui sont très appréciés par les torréfacteurs internationaux pour leur qualité et leurs saveurs uniques.
Selon Trân Ngoc Quân, attaché commercial du Vietnam en Belgique et auprès de l'UE, les consommateurs européens privilégient de plus en plus les produits "verts", propres et traçables. Les entreprises vietnamiennes doivent se concentrer sur le développement de produits différenciés et de haute qualité pour réussir. En outre, l'UE renforce ses normes environnementales, notamment la Réglementation sur la déforestation (EUDR), ce qui exige une transparence totale de la chaîne d'approvisionnement.
Nguyên Nam Hai, président de l'Association vietnamienne du café et du cacao, estime qu'il est crucial de passer d'une stratégie de volume à une stratégie de valeur. Cela implique de moderniser les zones de culture, d'investir dans des processus de production certifiés et d'augmenter la proportion de produits transformés de 10 % à 25-30 % dans les années à venir. Le secteur doit également se préparer à l'évolution des réglementations européennes.
L'aquaculture et la pêche est un autre pilier stratégique pour l'économie vietnamienne. L’UE représente le quatrième marché d’exportation pour les produits de mer et le Vietnam est le deuxième fournisseur asiatique de l’UE.
L’Accord de libre-échange Vietnam-UE (EVFTA) ouvre de nouvelles perspectives, mais les normes européennes en matière de santé et de traçabilité continuent de représenter des défis pour les exportateurs.
Pour promouvoir les exportations vers l’UE, les experts recommandent de privilégier les produits à forte valeur ajoutée, tels que les fruits transformés, le café certifié, les crevettes écologiques et le bois certifié.
Parallèlement, il est nécessaire d’accélérer les démarches pour lever le « carton jaune » appliqué contre la pêche vietnamienne, développer des zones de production conformes et renforcer la promotion du commerce.
Le vice-ministre de l'Agriculture et de l'Environnement, Trân Thanh Nam, a annoncé que son ministère renforcerait le contrôle des produits soumis à une surveillance accrue de l'UE, comme le fruit du dragon, le gombo, le piment et le durian. L'objectif est de consolider les zones de production certifiées et de développer l'agriculture biologique pour mieux répondre aux standards européens.
Malgré les obstacles, l'Union européenne reste un marché stratégique pour le Vietnam. En tirant pleinement parti de l'accord de libre-échange EVFTA, en améliorant la compétitivité et en s'adaptant aux nouvelles réglementations, le Vietnam pourra accroître ses parts de marché et renforcer la position de ses produits agricoles à l'international. -VNA