Le premier printemps où nous savons lire…

Le Têt 2023 est bien particulier pour les minorités ethniques du district frontalier de Sông Ma, dans la province septentrionale de Son La. C’est en effet un Têt placé sous le signe de l’alphabétisation.
Song Thi Chu et sa fille. Photo: VOV

Hanoï (VNA) - Le Têt2023 est bien particulier pour les minorités ethniques du districtfrontalier de Sông Ma, dans la province septentrionale de Son La. C’esten effet un Têt placé sous le signe de l’alphabétisation, unealphabétisation rendue possible depuis peu, mais attendue depuislongtemps…  

Lesoleil ne s’est pas encore levé. Song Thi Chu et sa fille s’affairentdans la préparation de leurs sacs d’école. Cinq jours par semaine, ellesvont ensemble à l’école primaire de Nà Nghiu. La fille de Song Thi Chuva dans une classe ordinaire, et elle, dans une classed’alphabétisation. Pour cette femme Mông, c’est un rêve vieux de plus de30 ans qui prend ainsi corps.

Sông Thi Chu est née dans une familletrès pauvre. Son village n’ayant pas d’école, elle a passé son enfance àtravailler avec ses parents au champ. Elle a grandi, s’est mariée, a eudes enfants et les occupations familiales lui ont fait oublier qu’ellene savait ni lire ni écrire. Mais 2022 a marqué un tournant dans sa vie,lorsqu’une classe d’alphabétisation pour adultes a été ouverte dans sacommune.

“Je suis déjà d’un certain âge et cen’est vraiment pas pratique de ne savoir ni lire, ni écrire, nicalculer. Après avoir appris tout ça, je crois que je saurai mieux gérermes ventes de poules, de maïs et de manioc. Ce printemps est évidemmentplus joyeux que les précédents. Je ferai des efforts pour savoir lireet écrire comme mes trois enfants», nous dit Sông Thi Chu.

À l’instar de Sông Thi Chu, Lo Thi Thoa atrouvé que manipuler un stylo était bien plus difficile que piocher laterre, tisser ou broder. Depuis des dizaines d’années, Thoa rêvait depouvoir un jour écrire elle-même son nom.

«J’ai dû demander de l’aide à chaquefois qu’il fallait remplir un papier. C’est fini maintenant. Lamaîtresse est très dévouée et patiente, elle m’a appris des mots en lesrépétant plusieurs fois, jusqu’à ce que je les mémorise. Ça faitseulement deux semaines que je suis ce cours, je sais déjà écrire monnom et celui de mon enfant», nous confie-t-elle.

Photo : VOV


Prèsde 80 élèves se trouvent dans la même classe: ça va de filles de 20 ans àdes dames aux cheveux gris. Parmi elles, beaucoup n’ont jamais apprisles lettres ou les chiffres, d’autres les ont oubliés, faute depratique. Depuis la rentrée, il y a trois mois, la maîtresse Lo ThiPhuoc a fait beaucoup d’efforts, ne serait-ce que pour franchir lesbarrières linguistiques.

«Nos élèves sont issus de plusieursminorités ethniques, il y a des Mông, des Thai, des Sinh Mun, des KhoMu… Beaucoup ne parlent pas le vietnamien et je dois leur donner desexplications dans leur langue. Ils sont aussi pour la plupart démunis etpour les aider, nous leur donnons des livres, des cahiers et desstylos. Ce sont des adultes qui commencent l’école tel qu’un enfant desix ans», partage-t-elle.

La classe de Lo Thi Phuoc est l’une desquatre classes d’alphabétisation que le district de Sông Ma a ouvertescette année scolaire 2022-2023. Il en programme 18 autres d’ici à 2025pour les minorités ethniques des zones les plus reculées, commel’indique son responsable de l’éducation et de la formation, Nguyên CôngViên.

«L’alphabétisation est un travail ardu.Les élèves sont pour la plupart en âge de travailler. Nous avons donc dûnous concerter avec les organisations sociopolitiques pour pouvoiradapter les horaires de classe à leur temps de travail. Les enseignantssont des personnes capables de parler des dialectes et surtout trèsmotivés, et il le faut parce qu’apprendre à des élèves adultes, c’esttrès différent de ce qui se fait avec des enfants», fait-il savoir.

C’est donc un véritable exploit, autantpour les minorités ethniques que pour leurs enseignants, de réussir cepari de l’alphabétisation. Mais, dans chaque classe, les yeux sontremplis de joie lorsqu’apparaissent des mots soigneusement écrits sur dupapier blanc. Et lorsque tous ces adultes prononcent ensemble à hautevoix les nouveaux mots, c’est un son d’espoir… - VOV/VNA

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