Hanoi (VNA) - Alors que le monde entre dans l’ère de l’intelligence artificielle (IA), le Vietnam continue de maintenir une position solide en matière de développement humain, défiant le ralentissement économique mondial, selon le Rapport sur le développement humain 2025 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), publié lundi 12 mai à Hanoï.
L’indice de développement humain (IDH) est un indicateur composite qui mesure les progrès d’un pays en matière de santé, d’éducation et de bien-être matériel.
Selon le rapport, le Vietnam se maintient dans la catégorie des pays à développement humain élevé, avec un IDH de 0,766 en 2023, se classant 93e sur 193 pays et territoires.
Depuis 1990, l’IDH du Vietnam a progressé de 53,5 %, l’une des hausses les plus impressionnantes d’Asie de l’Est et du Pacifique.
« Il s’agit d’une performance remarquable qui reflète l’investissement soutenu du Vietnam dans la santé, l’éducation et la croissance des revenus », a déclaré Ramla Khalidi, représentante résidente du PNUD au Vietnam. « Cela démontre l’engagement à long terme du pays en faveur d’un développement inclusif. »
Cependant, le rapport met en garde contre une répartition inégale des progrès en matière de développement. Corrigé des inégalités, l’IDH du Vietnam tombe à 0,641, ce qui reflète une perte de 16,3% due à l’inégalité d’accès aux soins de santé, à l’éducation et aux revenus.
Au sein du pays, les disparités sont évidentes. Hanoi et Hô Chi Minh-Ville affichent les IDH les plus élevés, avec respectivement 0,799 et 0,795. En revanche, les provinces montagneuses comme Lai Châu et Hà Giang ont enregistré des IDH inférieurs à 0,6.
Au niveau mondial, le rapport délivre un message alarmant. L’augmentation prévue de l’IDH mondial pour 2024 est la plus faible depuis 1990, hors années de crise 2020-2021, ce qui menace les progrès vers un développement humain très élevé d’ici 2030.
« Ce ralentissement constitue une menace bien réelle pour le progrès mondial », a averti Achim Steiner, administrateur du PNUD. Si la croissance atone de 2024 devient la nouvelle norme, le monde deviendra plus divisé, plus fragile et moins résilient.
Pour la quatrième année consécutive, l’écart entre les pays à IDH élevé et faible s’est creusé, sous l’effet de l’augmentation du fardeau de la dette, des tensions commerciales et d’une industrialisation qui ne génère pas suffisamment d’emplois décents.
L’IA au service du développement humain
Face à ces défis, le rapport identifie l’IA comme une opportunité de transformation et un risque potentiel, notamment dans des pays comme le Vietnam, où la transformation numérique progresse rapidement.

« La transformation numérique du pays s’accélère. Sa vision du développement est audacieuse. Et l’IA est désormais au cœur des débats nationaux sur l’avenir du Vietnam », a ajouté Mme Khalidi.
Elle a souligné les engagements politiques clés, notamment la Décision 127, la Résolution 57 et l’engagement du Premier ministre Pham Minh Chinh de former 100.000 ingénieurs en IA, comme autant d’indicateurs de l’approche prospective du pays.
« Il s’agit d’une initiative audacieuse et le message du Premier ministre selon lequel l’IA doit être sûre, éthique et inclusive donne le ton pour la région », a-t-elle déclaré.
Le rapport met néanmoins en garde contre l’émergence d’un « déficit d’équité en matière d’IA » à l’échelle mondiale, notamment dans les pays en développement, qui pourrait exacerber les inégalités existantes si rien n’est fait.
« Le Vietnam doit agir maintenant pour éviter de tomber dans ce piège », a souligné Khalidi.
Une enquête mondiale publiée parallèlement à la publication du rapport reflète un optimisme croissant à l’égard de l’IA. Si 50% des personnes interrogées craignent que leurs emplois actuels soient automatisés, 60% pensent que l’IA créera de nouvelles opportunités d’emploi. Seuls 13% craignent des pertes d’emploi.
Parmi les personnes interrogées dans les pays à IDH faible et intermédiaire (groupes avec lesquels le Vietnam partage de nombreuses caractéristiques socio-économiques), 70% s’attendent à ce que l’IA augmente leur productivité, et deux tiers prévoient de l’utiliser dans l’éducation, la santé ou le travail au cours de l’année à venir.
Vu Thi Thanh, de l’Institut d’études humaines, familiales et de genre, a noté que les femmes, les personnes âgées, les personnes issues de minorités ethniques et les personnes handicapées sont parmi les plus vulnérables et les plus vulnérables face à la marginalisation dans une société numérique. Combler la fracture numérique et promouvoir l’inclusion numérique sont des priorités urgentes pour garantir que la science, la technologie et l’IA contribuent significativement au développement humain.
Alors que l’IA transforme les économies et les institutions, le rapport appelle le gouvernement à placer l’humain au cœur de toutes les stratégies d’innovation. Il présente trois priorités politiques urgentes : bâtir des économies où les individus travaillent avec l’IA, et non contre elle ; garantir l’intervention humaine tout au long du cycle de vie de l’IA, de la conception à son déploiement ; et moderniser les systèmes d’éducation et de santé pour répondre aux exigences du XXIe siècle.
Pour le Vietnam, les signaux positifs de son IDH et l’ouverture du public à l’IA soulignent l’urgence de construire une infrastructure numérique inclusive garantissant un accès équitable à l’électricité, à Internet, aux appareils numériques et aux compétences liées à l’IA pour tous les citoyens.
Sans de telles mesures, la fracture numérique pourrait rapidement se transformer en un écart de développement humain plus important, en particulier dans les zones rurales, montagneuses et peuplées de minorités ethniques. – VNA