Hanoi (VNA) – Le gouvernement vietnamien a décidé de soumettre àl’UNESCO le dossier du chèo, art musical et théâtral typique dudelta du fleuve Rouge, qu’il espère voir figurer sur la liste représentative dupatrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
Selonde nombreuses sources, le chèo serait né au 10e siècleà Hoa Lu, qui était à l’époque la capitale du Vietnam. Il s’est ensuite propagédans tout le delta du fleuve Rouge, avant de gagner les zones montagneuses duNord et le Centre septentrional.
Bienque Hoa Lu, dans la province de Ninh Binh, soit la terre d’origine du chèo,c’est à Khuôc, un village de la province de Thai Binh, que cet art estaujourd’hui le mieux préservé.
PhamThi Cây, une maîtresse chanteuse du village, en est toute fière. «Nouspossédons 18 mélodies anciennes du chèo qu’aucune troupe professionnelle neconnaît. Ces mélodies ont une rythmique atypique et sont très difficiles àinterpréter», dit-elle.
Lestextes des chansons du chèo utilisent souvent des mots équivoques et abondentde métaphores lyriques. Les pièces de théâtre de chèo traitent de tous lesaspects de la vie, louant les belles vertus des uns et critiquant les mauvaiseshabitudes des autres. Certaines pièces sont ironiques, tout en véhiculant desmessages d’amour et de tolérance…
Autrefois,les acteurs de chèo se produisaient souvent dans la cour de la maisoncommunale, de la pagode ou de la maison de familles nobles. La scène n’étaitqu’une natte déposée à même la terre, avec un rideau accroché au fond. Lesacteurs évoluaient sur la natte, les musiciens se trouvant des deux côtés.Quant aux spectateurs, ils suivaient la pièce de trois côtés, devant et desdeux côtés de la scène-natte.

Aujourd’hui,le chèo est présenté sur de grandes scènes à l’aide de systèmes d’éclairage etde sonorisation modernes. Les nouvelles pièces traitent de questions de la viecontemporaine, facilitant ainsi la compréhension du public.
Cependant,malgré toutes ses adaptations à la vie moderne, le chèo demeure une forme dethéâtre chanté traditionnel alliant des éléments originaux de chant, de danse,de musique et de théâtre. La professeure associée Hà Thi Hoa, de l’Écolenormale supérieure nationale des arts, nous présente les principalescaractéristiques du chèo.
«Premièrement,le chèo est avant tout un art musical. Deuxièmement, les pièces de chèo sontdestinées à être présentées lors des fêtes. Troisièmement, le chant du chèo estun combiné de toutes les formes de chant du delta du fleuve Rouge, telles quele xoan, le van, le gheo, le dum, et surtout le quan ho. C’est pourquoi ilparle autant aux spectateurs locaux. Cet art traduit mieux que tout l’identitévietnamienne. On voit dans le chèo tout ce qui est de plus représentatif despopulations du delta du fleuve Rouge, que ce soit le langage, les costumes, ouencore la mentalité», constate-t-elle.
Hà ThiHoa s’attend beaucoup à ce que l’UNESCO reconnaisse les valeurs du chèo pourl’ajouter à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel del’Humanité.
«L’établissementdu dossier du chèo présente une excellente opportunité pour nous de promouvoirl’art vietnamien de par le monde. Cela motive également les pratiquants du chèoet les chercheurs à redoubler d’efforts pour améliorer leur niveau etsensibiliser la communauté à la préservation et à la valorisation de cet artoriginal», déclare-t-elle.
Artthéâtral populaire, le chèo est étroitement associé à la vie simple desagriculteurs du Nord du Vietnam. Sa préservation est d’autant plus nécessairequ’elle contribue à la sauvegarde de la diversité culturelle mondiale. – VOV/VNA