Hanoï (VNA) – Les villages artisanaux traditionnels, que ce soit à Hanoï ou dans l'ensemble du Vietnam, possèdent un potentiel économique indéniable. Cependant, ils sont confrontés à de nombreuses faiblesses structurelles qui freinent leur adaptation aux évolutions de l'économie moderne.
Ces obstacles incluent une production morcelée, un manque de coordination, une main-d'œuvre vieillissante, ainsi qu'une pénurie de capitaux et de technologies. L'ensemble de ces facteurs représente des freins majeurs à leur développement et à leur capacité à s'inscrire pleinement dans un environnement économique en constante mutation.
Un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dôngs chaque année
Selon les statistiques, le Vietnam compte actuellement environ 5 400 villages artisanaux ou villages exerçant une activité artisanale. Hanoï, à elle seule, en concentre plus de 1 300, soit près d’un quart du total national. Avec un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 24 000 milliards de dôngs, ces villages contribuent activement au Produit régional brut (GRDP) de la capitale.
Le Parti, l’État et la ville de Hanoï accordent depuis longtemps une grande attention à la préservation et au développement de ces villages traditionnels.
Dans ce cadre, le Premier ministre a approuvé la décision n° 801/QĐ-TTg, lançant le Programme national de conservation et de développement des villages artisanaux vietnamiens pour la période 2021-2030. Ce programme vise, d’ici 2030, à restaurer et préserver au moins 129 métiers artisanaux et 208 villages menacés de disparition. Il est également prévu que plus de 80 % des villages artisanaux fonctionnent efficacement et que la valeur des exportations d’objets d’artisanat atteigne environ 6 milliards de dollars.
Hanoï a récemment approuvé un plan global de développement des villages artisanaux pour la période 2025-2030, avec une vision jusqu’en 2050. Parmi les objectifs fixés pour 2030 figurent : la restauration et la préservation d’au moins cinq villages ou métiers traditionnels en voie de disparition, des investissements dans les infrastructures, la protection des espaces culturels associés, le développement d’au moins trois villages artisanaux liés au tourisme, ainsi que la création de dix itinéraires ou sites touristiques centrés sur ces villages.

Dans le même élan, les villages de céramique de Bat Trang et de soie de Van Phuc ont récemment intégré le Réseau mondial des villes créatives de l’artisanat, affirmant ainsi la place des métiers traditionnels vietnamiens sur la scène internationale.
Des inquiétudes persistantes malgré les avancées
Lors d’une rencontre nationale avec les artisans de villages traditionnels, le président Luong Cuong a reconnu que, malgré des résultats notables, ces villages font toujours face à de nombreux défis.
Selon Nguyen Van Vu, vice-président de l’Association des villages artisanaux du Vietnam, ces villages produisent des biens de qualité pour les marchés local et international, contribuant ainsi à l’économie de la capitale. Toutefois, la majorité d’entre eux fonctionnent encore de manière dispersée, reposant sur une production familiale avec peu de coordination, ce qui complique leur adaptation aux évolutions du marché. En outre, l’absence de zones de production planifiées entraîne une pollution environnementale préoccupante, affectant la santé des habitants.
Un autre défi majeur concerne la main-d'œuvre : les jeunes délaissent les métiers traditionnels, menaçant la pérennité de ces savoir-faire. Pourtant, les villages artisanaux ne sont pas seulement des lieux de transmission culturelle, mais aussi des sources d’emploi stables pour les communautés locales. Leur déclin représenterait donc un risque à la fois économique et social. -VNA