Hanoï (VNA) - L'année 2025 marque une étape importante dans les relations entre le Vietnam et les États-Unis : le 30ᵉ anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques (12 juillet 1995 - 2025) et le 2ᵉ anniversaire de l'élévation de ces relations au niveau de partenariat stratégique global (10 septembre 2023).
Le Vietnam et les États-Unis sont aujourd'hui devenus des partenaires de confiance, s'orientant vers un avenir prospère et durable. Ce parcours témoigne du désir de paix, de l’altruisme, de la vision et des efforts continus des deux parties, fondés et nourris par une confiance politique, en laissant le passé derrière elles, en surmontant les divergences, en valorisant les points communs et en se tournant vers l'avenir.
La signature des Accords de Paris le 27 janvier 1973 a constitué un tournant majeur vers la fin de la guerre et le rétablissement de la paix au Vietnam. Plus de vingt ans plus tard, les deux pays ont traversé de nombreuses épreuves avant de parvenir à la normalisation de leurs relations. En surmontant les différends, et sur la base du respect des principes fondamentaux du droit international — notamment le respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et du régime politique de chacun — le Vietnam et les États-Unis ont progressivement engagé des échanges et dialogues afin de tracer la voie de coopération.
L'aspiration à la paix et à la réconciliation
"Aujourd'hui, j'annonce la normalisation des relations diplomatiques avec le Vietnam", a déclaré le 11 juillet 1995, le président américain Bill Clinton.
Le lendemain, le 12 juillet 1995 (heure du Vietnam), le Premier ministre Vo Van Kiêt a officiellement annoncé la normalisation des relations diplomatiques entre le Vietnam et les États-Unis. Selon lui, il a souligné à cette occasion: "Depuis longtemps, le gouvernement et le peuple vietnamiens ont toujours soutenu l'idée que les États-Unis et le Vietnam devaient se tourner vers l'avenir et établir des relations normales entre les deux pays. C'est pourquoi le gouvernement et le peuple vietnamiens saluent la décision du président Bill Clinton du 11 juillet 1995 et sont prêts à convenir avec le gouvernement américain d'un nouveau cadre pour leurs relations, fondé sur l'égalité, le respect de l'indépendance, de la souveraineté, de la non-ingérence dans les affaires intérieures, les intérêts mutuels, ainsi que sur les principes universellement reconnus du droit international".
Comme l'a affirmé le Premier ministre Vo Van Kiêt, les déclarations historiques mentionnées ci-dessus n'auraient été possibles sans l'aspiration commune à la paix et les efforts de réconciliation déployés par les deux parties.
Cela s'est traduit concrètement, notamment, par la décision du gouvernement vietnamien de créer, à peine deux semaines après la signature des Accords de Paris, l'Office vietnamien pour la recherche des personnes disparues (VNOSMP), chargé de coordonner les efforts humanitaires visant à retrouver les soldats américains portés disparus au cours de la guerre du Vietnam (MIA).
Dans son livre "Un passé imparfait – Construire la paix, la légitimité et la réconciliation dans les relations américano-vietnamiennes", publié en 2023, l'auteur Edward Miller a écrit : "Une semaine seulement après la fin de la guerre, le 7 mai 1975, le Premier ministre Pham Van Dông a adressé un message au gouvernement des États-Unis, dans lequel il a exprimé que Hanoï souhaitait établir de bonnes relations et normaliser rapidement les relations bilatérales avec les États-Unis".
Du désir à la réalité, il a fallu vingt années supplémentaires aux deux pays – une période presque équivalente à la durée même de la guerre – pour transformer ce souhait en réalité. Pendant près de deux décennies, l'histoire a été témoin d'efforts constants de réconciliation de part et d'autre, jusqu'à ce qu'en 1994, les États-Unis annoncent la levée de l'embargo économique contre le Vietnam. Un an plus tard, en 1995, les deux pays ont proclamé la normalisation officielle de leurs relations diplomatiques.
Depuis 1995, les relations vietnamo-américaines n'ont cessé de se renforcer. En 2000, le président Bill Clinton est devenu le premier chef d'État américain à se rendre au Vietnam depuis la guerre. Les visites suivantes des présidents George W. Bush (2006), Barack Obama (2016), Donald Trump (2017, 2019) et Joe Biden (2023) ont constitué des jalons marquants de la stabilité et de la durabilité du partenariat bilatéral.

Un moment particulièrement symbolique a été la visite historique du secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Nguyên Phu Trong, en juillet 2015, marquant la première fois qu'un chef du Parti communiste du Vietnam se rendait aux États-Unis. Cette visite a envoyé un message fort de confiance politique mutuelle et de dialogue franc et direct entre les deux pays.
Lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, après son entretien avec le président Barack Obama, le secrétaire général Nguyên Phu Trong a déclaré : "Il y a vingt ans, personne n'aurait imaginé qu'un jour, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, se tiendrait une rencontre aussi intéressante entre le secrétaire général du Parti communiste du Vietnam et le président des États-Unis".
Le secrétaire général a souligné que les États-Unis et le Vietnam avaient traversé "un chapitre difficile de l'histoire" et que, d'anciens ennemis, les deux pays étaient devenus amis, partenaires, et au-delà, des partenaires globaux, avec l'espoir que "l'avenir réservera encore de meilleurs développements".
Cette "prédiction" du secrétaire général Nguyên Phu Trong s'est réalisée. Huit ans plus tard, au siège du Comité central du Parti communiste du Vietnam, le secrétaire général Nguyên Phu Trong et le président américain Joe Biden ont solennellement annoncé l'adoption d'une Déclaration conjointe, portant les relations Vietnam–États-Unis au niveau de Partenariat stratégique global pour la paix, la coopération et le développement durable.
Pour parvenir à de tels progrès en un laps de temps relativement court, les deux pays ont ensemble édifié un pont d'amitié, fondé sur la confiance, la vision stratégique de leurs dirigeants et le large soutien de leurs peuples respectifs.
Les fondements clés
Qu'est-ce qui a permis de bâtir la confiance stratégique entre le Vietnam et les États-Unis ? Les chercheurs et observateurs des relations bilatérales s'accordent à dire que l'un des fondements essentiels de cette confiance réside dans la coopération active dans la résolution des conséquences de la guerre, y compris celles de l'agent orange/dioxine, avec une série de projets qui ont été et sont en cours de mise en œuvre, reconnaissant l'efficacité des efforts conjoints dans la coopération bilatérale dans ce domaine.
Depuis 2019, le ministère vietnamien de la Défense, a chargé Le Centre national d'action pour le traitement des conséquences des produits chimiques toxiques et de l'environnement (NACCET) de coopérer avec l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) afin de mettre en œuvre des activités d'amélioration de la qualité de vie des victimes de l’agent orange/dioxine, dans les localités les plus gravement contaminées. Ces efforts sont financés par une aide publique au développement non remboursable du gouvernement américain (65 millions de dollars) et par un financement de contrepartie du gouvernement vietnamien (75 milliards de dôngs). Les deux parties ont également mené à bien le projet de dépollution de la dioxine à l'aéroport de Dà Nang, achevé en 2018, permettant de libérer environ 32,4 hectares de terrain remis aux autorités pour l'extension de l'aéroport, contribuant ainsi au développement socio-économique de la région.
Par ailleurs, les deux pays coopèrent également dans l'amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées vivant dans les zones fortement exposées à l'agent orange, conformément à la feuille de route convenue.
Enfin, la recherche des dépouilles de soldats américains portés disparus pendant la guerre demeure un symbole de réconciliation, témoignant d’un esprit de tolérance, de dépassement du passé et d'orientation vers l'avenir. Depuis plus d'un demi-siècle, le Vietnam a aidé les États-Unis à retrouver et restituer plus de 1 200 ossements, dont 740 ont pu être identifiées et rendues à leurs familles, grâce au soutien vietnamien.
Lors d'une mission menée en avril 2025 avec l'ambassadeur des États-Unis au village de Cop, commune de Huong Phung, district de Huong Hoa, province de Quang Tri, pour observer les opérations de recherche des restes de soldats américains portés disparus, le vice-ministre des Affaires étrangères Dô Hung Viêt a souligné que le Vietnam respecte toujours ses engagements, non seulement sur le plan diplomatique, mais aussi dans un esprit humanitaire.
"Le fait que nous ayons immédiatement lancé les recherches des Américains portés disparus au Vietnam après la signature des Accords de Paris en 1973 reflète l'engagement du Vietnam et le respect des accords conclus avec la partie américaine. Par ailleurs, je tiens à saluer l'esprit de tolérance du peuple vietnamien. Cela traduit une grande pensée, une vision des dirigeants vietnamiens. La tolérance et la capacité à mettre de côté la haine sont, à mon avis, est l'un des plus grands attributs du Vietnam", a partagé le vice-ministre Dô Hung Viêt.
Selon l'ambassadeur des États-Unis au Vietnam, Marc Knapper, il s'agit non seulement d'une mission humanitaire, mais aussi d'un modèle de coopération pour surmonter les conséquences de la guerre entre les deux pays, contribuant ainsi à bâtir un symbole de réconciliation entre le Vietnam et les États-Unis. Il s'est engagé à continuer de coopérer avec le Vietnam pour guérir les blessures de la guerre et construire un avenir de paix et de prospérité. Depuis plusieurs décennies, les efforts visant à localiser, rechercher et identifier les Américains portés disparus sont devenus l'un des piliers fondamentaux des relations bilatérales.
"Nous célébrons cette année le 30ᵉ anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques – et une telle avancée n'aurait jamais été possible sans des efforts comme celui-ci", a souligné l'ambassadeur.
Dans le même esprit de coopération pour remédier aux conséquences de la guerre, les universités et centres d'archives américains ont, ces dernières années, également fourni de manière proactive des informations au Vietnam afin d'aider à la recherche des dépouilles de soldats vietnamiens tombés au combat.
"Il y a quelques années, les États-Unis ont fourni des informations précises concernant une fosse commune contenant les dépouilles de 35 soldats vietnamiens. C'est moi-même qui ai remis ces documents à l'ambassadeur du Vietnam aux États-Unis à l'époque, Hà Kim Ngoc. Ce moment restera gravé dans ma mémoire, car l'ambassadeur Hà Kim Ngoc, en larmes, m'a dit que je ne pouvais pas imaginer à quel point ces informations étaient précieuses pour son pays – et surtout pour les 35 familles de martyrs, qui allaient enfin recevoir des nouvelles de leurs enfants, a partagé Kelly McKeague, directeur de l'Agence américaine de recherche des prisonniers de guerre et des personnes portées disparues relevant du Département de la Défense des États-Unis.

En outre, la coopération dans le développement économique constitue un pilier dans les relations bilatérales. Au cours des 30 ans, le commerce bilatéral a été multiplié par plus de 300, faisant du Vietnam le 8ᵉ partenaire commercial des États-Unis, tandis que les États-Unis représentent aujourd'hui le premier marché d'exportation du Vietnam. Les investissements américains au Vietnam se sont accrus, et les investisseurs vietnamiens sont également de plus en plus nombreux à se tourner vers les États-Unis.
Selon le Dr Nguyên Hông Hai, maître de conférences en politique et relations internationales et chercheur de l’Université de Fulbright résident à l'Université américain (AU), les investissements croisés entre entreprises vietnamiennes et américaines sont un levier essentiel pour renforcer les liens bilatéraux.
Selon l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères et ancien ambassadeur du Vietnam aux États-Unis, Pham Quang Vinh, le développement des relations économiques profite aux deux pays. Leurs économies sont complémentaires. Cela crée une dynamique de croissance des échanges commerciaux entre les deux pays.
La confiance mutuelle est un facteur clé dans l’évolution des relations Vietnam–États-Unis. D'anciens combattants américains, tels que les sénateurs John Kerry, John McCain, ainsi que d'autres figures influentes du Congrès comme Patrick Leahy ou Jim Webb, ont joué un rôle de passerelle essentiel, en plaidant activement auprès de la classe politique américaine pour soutenir la normalisation des relations entre les deux pays.
Par ailleurs, la communauté vietnamienne aux États-Unis, ainsi que les étudiants vietnamiens poursuivant leurs études sur le sol américain, ont également contribué de manière significative à la réconciliation et à la promotion de la coopération bilatérale.
Selon l'ambassadeur Marc Knapper, grâce aux programmes financés par le gouvernement américain et aux projets de coopération entre les universités vietnamiennes et américaines, de nombreux étudiants et jeunes chercheurs américains ont aujourd'hui l'opportunité d’étudier, d'enseigner et de travailler au Vietnam. Les expériences vécues et les amitiés nouées au cours de ces séjours contribuent à renforcer et entretenir les liens durables entre les deux pays.
Trente ans – une période suffisamment longue pour panser les blessures de la guerre – ont prouvé qu'avec la confiance et la bonne volonté, tous les obstacles peuvent être surmontés. -VNA