Hanoi (VNA) - Inondations, érosion, pollution: Bac Kan, une localité relevant de la province de Thai Nguyên (Nord), est en première ligne face aux dérèglements climatiques. Pour y répondre, un ambitieux projet de renforcement des berges, signé le 12 mars dernier entre le ministère vietnamien des Finances et l’Agence française de développement (AFD), entre en phase de mise en œuvre.
Cofinancé à hauteur de plus de 19,5 millions d’euros, il vise à protéger les zones habitées et agricoles le long de la rivière Câu, sécuriser l’approvisionnement en eau, améliorer l’assainissement urbain et renforcer durablement les capacités locales.
Hervé Conan, directeur de l’AFD au Vietnam, revient sur les enjeux de ce chantier stratégique.

- Monsieur Hervé Conan, le projet “Renforcement des berges contre l’érosion en adaptation au changement climatique pour le développement agricole” à Bac Kan s’inscrit dans une dynamique de coopération franco-vietnamienne renforcée. Pouvez-vous nous expliquer comment ce projet va concrètement améliorer les conditions de vie des habitants, notamment ceux résidant le long de la rivière Câu?
Située le long de la rivière Câu, dans une région montagneuse, la ville de Bac Kan est richement dotée de magnifiques ressources naturelles. Cependant, ses nombreuses ressources en eau sont aussi sources de risques d'inondation pendant les épisodes pluvieux, une menace qui pourrait être exacerbée par le changement climatique, du fait de l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements extrêmes.
Alors que la ville cherche à réaliser ses objectifs de développement pour une communauté prospère et résiliente, elle fait face à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, en matière de développement urbain, figurent les risques d'inondation et d'érosion le long de la rivière Câu, l’empiètement urbain sur les rives ainsi que la pollution due aux eaux usées et aux déchets solides.
Le projet financé par l'AFD — dont 18 millions d'euros sous forme de prêts — et par l’Union européenne — 1,5 million d'euros sous forme de subventions — vise à réduire la vulnérabilité et à améliorer les conditions de vie des habitants, en particulier de ceux vivant le long de la rivière Câu, de plusieurs façons: Premièrement, par la réduction des risques d’inondation et d’érosion. Le projet prévoit la mise en place d’infrastructures pour renforcer les rives de la rivière, recalibrer son profil et reconstruire les canaux des deux ruisseaux Nong Thuong et Pa Danh. Cela permettra de réduire les risques d’inondation, d’érosion et de dommages aux propriétés riveraines.
Deuxièmement, par l’amélioration de la qualité de l’environnement. Au-delà de la réduction des risques, la restauration des rives et l'amélioration de la qualité de l’eau et de l’assainissement contribueront à un environnement plus sain pour les habitants.
Enfin, par le renforcement de la résilience face au changement climatique. Le projet vise à améliorer la capacité de la ville à faire face aux impacts du changement climatique, y compris les sécheresses, ce qui renforcera la sécurité des populations vulnérables. La croissance continue nécessite effectivement la sécurité de l’approvisionnement en eau potable, accompagnée d’une gestion rigoureuse des risques d’inondation et d’érosion le long des corridors fluviaux urbains.
- De quelle manière la population locale sera-t-elle associée à la mise en œuvre du projet?
La population locale sera associée à la mise en œuvre du projet à travers plusieurs activités, telles que la gestion communautaire des risques de catastrophe, incluant la mobilisation de l’Union des femmes locales pour concevoir et mettre en œuvre des actions de préparation aux catastrophes.
- Quelles innovations techniques ou technologiques sont mises en place pour garantir la durabilité et l’efficacité du projet?
Le projet intègre plusieurs innovations techniques et technologiques pour en garantir la durabilité et l’efficacité. Tout d’abord, le développement de solutions fondées sur la nature, c’est-à-dire l’usage de techniques respectueuses de l’environnement pour renforcer les rives, telles que la plantation de végétation afin de stabiliser les sols et limiter l’érosion, tout en réduisant l’imperméabilisation pour augmenter la capacité d’absorption des sols.
En matière d’ingénierie durable, le projet adoptera également des pratiques spécifiques pour la construction des infrastructures, comme le reprofilage du canal fluvial et la construction de seuils destinés à réguler les inondations sans perturber les écosystèmes naturels.
- Quelle est la durée prévue du projet et quand est-il censé s’achever?
Les travaux devraient durer entre trois et quatre ans, avec un objectif d’achèvement en 2029. Le projet se déploiera progressivement à travers ses différentes composantes: infrastructures, gestion des risques, renforcement des capacités.
La signature des conventions de financement en mars entre le ministère des Finances et l’AFD a marqué une étape clé. La mise en œuvre des travaux devrait débuter au plus tard fin 2025 ou début 2026, à l’issue des études techniques détaillées actuellement en cours, qui permettront de lancer les appels d’offres dans les mois à venir.
L’AFD prévoit-elle des actions de formation ou de renforcement des capacités pour les autorités locales afin d’assurer la pérennité du projet?
Oui. L’assistance technique internationale prévue dans le cadre du projet est un pilier fondamental de notre offre à la province. Son démarrage est prévu pour fin 2025 et elle pourrait s’intégrer à la réforme administrative actuellement en cours, notamment dans la révision du plan directeur provincial, afin de mieux intégrer les risques d’inondation et les contraintes hydrauliques.
Cela permettrait d’optimiser les services liés au développement, tout en renforçant la résilience face aux enjeux climatiques. Les défis posés par la croissance et l’urbanisation exigent un renforcement significatif des capacités des institutions locales, pour garantir non seulement la bonne exécution, maintenance et exploitation des investissements, mais aussi l’élaboration d’un programme d’appui à long terme.
Le projet prévoit donc des actions de formation et de renforcement de capacités pour les autorités locales et les services techniques. Ces actions incluent des formations à la gestion des risques de catastrophe, à la gestion des ressources en eau et à l’adaptation au changement climatique, ainsi qu’au pilotage des services urbains: assainissement, eau potable, infrastructures, gestion des inondations… Sans oublier l’entretien durable des ouvrages une fois construits. – VOV/VNA