La vitalité du hat xoan sur la terre des rois Hùng

Six ans après sa reconnaisance en tant que patrimoine à sauvegarder d’urgence, le hat xoan de Phu Tho a réussi à être converti en patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, une consécration pour cet art
Hanoi (VNA) – Six ans après sa reconnaisance en tant que patrimoine à sauvegarder d’urgence, le hat xoan de Phu Tho a réussi à être converti en patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Une consécration pour cet art qui revient de loin.
La vitalité du hat xoan sur la terre des rois Hùng ảnh 1Le +hat xoan+, comme l’indique son nom, est joué à l’arrivée du printemps. Photo : VNA

Une atmosphère enthousiaste régnait fin 2017 dans la province de Phu Tho (Nord), ce royaume des Viêt au temps des légendaires rois Hùng et aussi berceau du hat xoan (chant printanier). C’est en effet à cette période que ce chant folklorique propre à Phu Tho a été transféré de la liste des patrimoines à sauvegarder d’urgence à celle des patrimoines culturels immatériels de l’Humanité.

La décision de l’UNESCO prise, les journalistes ont accouru massivement pour sonder l’émotion des autochtones. Au sortir du bus reliant Hanoï au temple de Lai Lèn (village de Phu Duc, province de Phu Tho), bondé comme rarement, s’est soudain élevée la voix argentine de la guide pour entonner un air folklorique : "Je vous demande si vous connaissez le nom d’une fleur qui s’épanouit dans la forêt profonde ? Je vous demande si vous connaissez le nom d’une fleur qui s’épanouit dans le champ entouré du cours d’eau ?…".

La devinette chantée a reçu nombre de réponses. Avec un sourire aux lèvres, la guide a expliqué : "C’est un air de hat xoan bien connu par la population de Phu Tho". Selon elle, la vitalité du hat xoan est palpable partout sur sa terre natale, notamment dans les villages d’An Thai, Phu Duc, Thet et Kim Dai (des communes voisines de Kim Duc et Phuong Lâu), où subsistent quatre troupes. 

Le chant magique du printemps

Une soirée de hat xoan a été donnée par la troupe d’An Thai dans la cour de la maison commune de Hung Lô. Une représentation des plus charmantes. Les artistes étaient en ao dài classique de couleur brun-rouge, les femmes avec un fanchon et les hommes un turban autour de la tête. Ils chantaient en dansant gracieusement aux sons de tambours et claquettes. Des chants mélodieux, des gestes légers et simples. Les numéros laissaient transparaître tantôt la vénération pour les divinités, tantôt le lyrisme paysan.

La scène "Mò cá" (littéralement "Chercher à tâtons des poissons") a enthousiasmé les spectateurs. "Exercer une séduction agréable sur les spectateurs est le propre du hat xoan . Cet art crée des échanges entre artistes et spectateurs", a observé Le Nem, directrice de la Compagnie de tourisme Saigon Luxury.
La vitalité du hat xoan sur la terre des rois Hùng ảnh 2Le +hat xoan+ est à nouveau profondément ancré dans la terre de Phu Tho. Photo : VNA
L’"Artiste émérite" Nguyên Thi Lich, 70 ans, chef de la troupe d’An Thai, avait des trémolos dans sa voix en se rappelant les années difficiles, où elle et les passionnés de hat xoan s’évertuaient à conserver des airs folkloriques qui partaient à vau-l’eau. Issue d’une famille de chanteurs de hat xoan depuis cinq générations, Lich avait cet art dans les gènes. C’était la plus jeune et même la meilleure des chanteuses de Phu Tho, et la star des cérémonies rituelles. "Je suis fière d’avoir accompli cette mission sacrée, car j’ai répondu à l’aspiration profonde de mes ancêtres", a-t-elle confié. La troupe d’An Thai réunit à présent 117 membres, de cinq générations différentes. La benjamine, sa petite-fille, a 6 ans ; et la plus âgée, 94 ans.

Un chant à la fois rituel et populaire

Issu de Phu Tho ou pays de Van Lang fondé par les rois Hùng, le hat xoan a persisté presque 2.000 ans, malgré les soubresauts de l’histoire. Il s’agit d’un art de représentation folklorique et rituel, caractérisé par une coordination harmonieuse entre musique, chant, danse, tambour et claquette. Traditionnellement, il sert à vénérer les rois Hùng, fondateurs du pays, à l’arrivée du printemps. D’où le nom initial de hat xuân (chant printanier). À l’occasion du Têt et des fêtes villageoises, les troupes se produisaient dans des lieux sacrés comme temples ou maisons communes, dans un climat plein de dévotion. Un chant ancré dans les mœurs populaires et qui est étroitement lié au souvenir des rois fondateurs du pays. 

Avec le temps, cet art chanté a beaucoup évalué. On peut de nos jours en définir trois types : les airs exprimant l’adoration et la gratitude envers les rois Hùng, les divinités et les ancêtres ; ceux exprimant l’aspiration à de bonnes récoltes et à la santé pour tous ; enfin, les airs de réjouissances communautaires et ceux d’amour échangés entre hommes et femmes.

Personne ne sait quand sont nées les troupes d’An Thai, Phu Duc, Thet et Kim Dai. À maintes reprises, elles ont disparu avant de renaître de leurs cendres, pour devenir plus fortes que jamais. "Cela témoigne de la vitalité durable de ce chant ancestral qui joue depuis toujours un rôle très important dans la vie culturelle des gens de Phu Tho", selon un  chercheur. Né dans une région de moyenne montagne, le hat xoan a irradié jusqu’aux localités riveraines de la rivière Lô et du fleuve Rouge. Il est ainsi devenu populaire auprès des Vietnamiens de la plaine. 
La vitalité du hat xoan sur la terre des rois Hùng ảnh 3Un spectacle du hat xoan interprété par les jeunes. Photo : VNA

Préservation et développement

Pour Mme Lich, la préservation et le développement de cet art constituent une des priorités  des autorités de Phu Tho. "Le hat xoan est un art de représentation. Il est évident qu’il doit être connu plus largement, attirer plus de spectateurs. Pour cette raison, si les troupes ne se produisaient autrefois qu’à l’occasion de fêtes commémoratives ou réjouissances communautaires, elles s’emploient actuellement à multiplier leurs représentations, notamment à destination des touristes. Dans une certaine mesure, le hat xoan favorise les activités touristiques et à l’inverse, celles-ci lui donnent une nouvelle visibilité", a-t-elle affirmé.

Ces six dernières années, dans l’objectif de sortir cet art de l’état d’un patrimoine à sauvegarder d’urgence, Phu Tho n’a pas épargné ses efforts. D’innombrables mesures efficaces ont été prises, permettant au mouvement du hat xoan de faire tache d’huile. La province compte actuellement une centaine de clubs d’amateurs totalisant des milliers de chanteurs/euses, contre 13 clubs et une centaine de membres (âgés pour la plupart) en 2011. Ses quatre troupes semi-professionnelles se produisent régulièrement, à Phu Tho et ailleurs dans le pays.

Fait notable, le contingent de chanteurs/ses a tendance à rajeunir. De plus, l’enseignement du chant figure dans le programme d’écoles primaires, de collèges et lycées. Une centaine de maisons communes, temples... de l’espace culturel du hat xoan a  été restaurée. Et Phu Tho n’est pas seule sur son chemin de préservation de ce patrimone. L’Institut national de musicologie a en effet collecté jusqu’ici 31 airs parmi les plus anciens.

Le chant printanier est en train de revivre, avec vigueur, et devrait bientôt devenir un élement majeur du développement socio-économique de Phu Tho. 

* Légende autour du chant printanier

Il était une fois sous le règne des rois Hùng, il y a 2.000 ans, une reine enceinte souffrant de contractions liées à la grossesse. Sur le conseil d’une sage-femme, le roi invita Quê Hoa, une jolie fille réputée pour son talent de chanteuse et danseuse, à venir se produire au service de la reine. Par miracle, la voix veloutée accompagnée de gestes souples de Quê Hoa adoucit la douleur de la reine, qui mit au monde trois princes. Conscient du miracle, le roi ordonna aux odalisques de la cour d’apprendre ces airs agrémentés de beaux gestes chorégraphiques, qu’il appella hat xuân (chant printanier). Le hat xuân est depuis destiné à accompagner les cérémonies rituelles, notamment lors des fêtes printanières. Plus tard, à cause d’une princesse dénommée Xuân Nuong, on a changé le nom de hat xuân en hat xoan pour éviter de reprendre le nom de la princesse, considéré comme “tabou”. – CVN/VNA

Voir plus

Vue aérienne de la pagode Hoa Yên qui fait partie de l’ensemble de monuments et de paysages de Yên Tu-Vinh Nghiêm-Con Son, Kiêp Bac. Photo: VNA

L’UNESCO honore l’ensemble de monuments et de paysages de Yên Tu-Vinh Nghiêm-Con Son, Kiêp Bac

L’ensemble de monuments et de paysages de Yên Tu-Vinh Nghiêm-Con Son, Kiêp Bac regroupe 12 sites répartis entre montagnes boisées, plaines et régions fluviales. Centré autour de la chaîne de montagnes de Yên Tu, il fut le lieu de résidence de la dynastie des Trân aux XIIIe et XIVe siècles et le berceau du bouddhisme Truc Lâm, une tradition zen vietnamienne qui a joué un rôle clé dans la formation du royaume de Dai Viêt.

Les programmes artistiques sont présentés dans un style moderne, jeune et dynamique, tout en reflétant l'essence culturelle de Huê. Photo : VNA

Clôture de l’Année nationale du tourisme 2025 : Huê dresse un bilan très positif

Le 20 décembre au soir, sur la place Ngo Môn (Porte du Midi), au cœur de la Cité impériale de Huê, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, en coordination avec les autorités locales, a organisé la cérémonie de clôture de l’Année nationale du tourisme – Huê 2025, placée sous le thème « Ancienne capitale – Nouvelles opportunités ».

À Thai Hai, les enfants apprennent le Then dès 5-6 ans. Photo: Thai Nguyên TV

À Thai Nguyên, où le then continue de vibrer et se perpétuer

Depuis 2019, année où les pratiques du then par les groupes ethniques Tày, Nung et Thai au Vietnam a été inscrite par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, cette fierté s’est transformée en un engagement durable pour la préservation et la transmission de cet art ancien.

Les délégués visitent un stand au festival. Photo : VNA

Festival de la culture culinaire de Hanoï 2025 : Connecter le patrimoine à la créativité

Dans la soirée du 19 décembre, le Département de la Culture et des Sports de Hanoï a inauguré, au parc Thong Nhat, le Festival de la culture culinaire de Hanoï 2025, placé sous le thème « Hanoï – Un voyage culinaire, au carrefour de la créativité ». Prévu jusqu’au 21 décembre, l’événement ambitionne de mettre à l’honneur les valeurs gastronomiques de la capitale et de promouvoir l’image d’une ville élégante, raffinée et créative.

Le quatuor composé de Nguyen Huy Hoang, Vo Thi My Tien, Nguyen Kha Nhi et Mai Tran Tuan Anh. Photo : VNA

SEA Games 33 : le Vietnam décroche sa 87ᵉ médaille d’or

Lors de la matinée du 20 décembre, dernière journée de compétition des SEA Games 33, l’équipe vietnamienne de natation a une nouvelle fois marqué les esprits en remportant la 87ᵉ médaille d’or de la délégation vietnamienne, dans l’épreuve du relais mixte 4 × 1 500 m en eau libre.

Une femme Ba Na du village de Xi Thoai tisse du brocart traditionnel. Photo : VNA.

Valoriser la culture du gong et l’art du tissage brocart des Ba Na

À la fin de chaque mois de janvier, le Comité populaire du district de Đong Xuan (ancienne province de Phu Yen), organise le festival « Doubles tambours, trois « gongs », cinq « chiêng » » au village de Xi Thoai (désormais rattaché à la commune de Xuan Lanh, province de Dak Lak).

Vue d’ensemble de la cérémonie de lancement de la 55e édition du concours, à l’École secondaire Chu Van An, à Hanoi, le 19 décembre. Photo : VGP

Le 55e Concours épistolaire de l’UPU sensibilise aux relations humaines à l’ère du numérique

Le thème de cette année est «Écris une lettre à un ami pour lui expliquer pourquoi les relations humaines sont importantes à l’ère du numérique». Dans un monde de plus en plus façonné par la technologie – des robots aux multiples outils de communication digitale, le concours invite les jeunes à réfléchir à la manière dont des liens authentiques soutiennent le bien-être, l’empathie et l’inclusion.

Joueurs d'échecs vietnamiens aux 33èmes Jeux d'Asie du Sud-Est. Photo : qdnd.vn

33èmes Jeux d'Asie du Sud-Est : Le Vietnam brille et remporte 84 médailles d'or

L'après-midi du 19 décembre a été marquée par la belle performance de la délégation sportive vietnamienne aux 33èmes Jeux d'Asie du Sud-Est (SEA Games). Dans des disciplines phares comme la lutte, la boxe, la gymnastique aérobique et les échecs, le Vietnam a décroché l'or, portant son total à 84 médailles.

Le chef de délégation, Nguyên Hôngg Minh (assis au centre), et ses deux adjoints président la réunion. Photo : VNA

33es SEA Games : la délégation sportive du Vietnam a rempli ses objectifs majeurs

Lors d'une rencontre avec la presse tenue le 19 décembre à Bangkok, Nguyên Hông Minh, chef de la délégation vietnamienne aux 33es SEA Games (Jeux sportifs d'Asie du Sud-Est), a annoncé que le Vietnam avait atteint ses objectifs essentiels. Aux côtés de ses adjoints, il a mis en avant trois réussites majeures : le maintien du rang régional, une percée significative dans les sports olympiques et la promotion d'une image nationale exemplaire.

Le Festival de Yên Tu 2025 s’ouvre sur le thème «Itinéraire du patrimoine – Quintessence du monde », à Quang Ninh, le 18 décembre. Photo : VNA

Le Festival de Yên Tu 2025 débute dans la province de Quang Ninh

Véritable trait d’union entre passé, présent et futur, le Festival de Yên Tu 2025 propose un programme d’activités variées, dont une exposition présentant des artefacts, des documents anciens et des supports numériques 3D modernes liés à l’école zen Truc Lâm.

Célébration de la victoire de l'équipe U22, dans la rue Hai Ba Trung. Photo : VNA

SEA Games 33 : La victoire spectaculaire des U22 vietnamiens fait sensation dans la région

La victoire palpitante (3-2) de l'équipe masculine de football des moins de 22 ans (U22) du Vietnam face à la Thaïlande, pays hôte, en finale du football masculin des 33es Jeux d'Asie du Sud-Est (SEA Games 33), tenue le 18 décembre au soir, leur a permis de décrocher la précieuse médaille d'or et a suscité de vives réactions dans les médias régionaux et internationaux. En décrochant cette médaille d'or, le Vietnam marque son grand retour au sommet du football régional.