Hanoi, (VNA) - Située au cœur de la capitale Hanoi, la place Dông Kinh Nghia Thuc est l’un des sites touristiques les plus célèbres et les plus importants du Vietnam. Elle est non seulement le théâtre de nombreux événements importants, mais aussi une destination touristique attrayante grâce à sa beauté architecturale unique et à sa riche atmosphère culturelle.
La place Dông Kinh Nghia Thuc est un site historique important à Hanoi, situé au nord-est du district de Hoàn Kiêm. La zone autour de la place Dông Kinh Nghia Thuc était autrefois une lande plantée de cocotiers près du lac de l’Épée restituée, appelée «Jardin de cocotiers».
Si étrange que cela puisse paraître, c’est dans la Rue de la Soie qu’ont commencé à refleurir les traditions du patriotisme et de la culture. C’est aux numéros 10 et 63 que le licencié Luong Van Can et ses amis lettrés de l’ancienne école ont ouvert en mars 1907 le Dông Kinh Nghia Thuc (École de la Capitale de l’Est pour la Juste cause), une association dont l’enseignement était un compromis entre le confucianisme et la pensée bourgeoise occidentale, compromis visant à servir à long terme la libération nationale. Les programmes d’enseignement renoncent aux humanités confucéennes pour embrasser l’hygiène, les mathématiques, les connaissances usuelles, les devoirs civiques, ils prônent la promotion de l’industrie et du commerce.
L’affluence était grande, les élèves se comptant rapidement par milliers. Outre les cours réguliers où étaient enseignés des matières nouvelles, des conférences publiques rassemblaient un auditoire nombreux et passionné venu pour entendre discuter des problèmes économiques, sociaux, pour écouter des dissertations. Un groupe de lettrés publia une revue, le "Dang Cô Tung Bao" qui préconisait des réformes, s’attaquait aux moeurs et coutumes périmées, aux notables rétrogrades, préconisait le développement industriel et commercial. Des livres étaient édités dans le même sens.

Malgré la modération de ses idées réformatrices, le Dông Kinh Nghia Thuc fut considéré comme un foyer de subversion dangeureuse par les autorités coloniales, il fut fermé en novembre 1907, son réseau démantelé, ses dirigeants arrêtés et exilés, en particulier Luong Van Can et Nguyên Quyên.
Durant la période coloniale française, la place Dông Kinh Nghia Thuc fut rebaptisée place Négrier et devint le lieu d’exécutions de patriotes. Pour intimider la population hanoienne, entassée dans l’ancien quartier qui commençait au nord du lac de l’Epée restituée avec la Rue de la Soie, les colons français ont décapité sur l’actuelle place Dông Kinh Nghia Thuc le licencié Ta Van Dinh en 1873 et le Premier lauréat du concours régional Nguyên Cao en 1887.
En juillet 1945, le Docteur Trân Van Lai (1894-1975) est nommé maire de Hanoi juste un mois avant la Révolution d’Août, un poste assumé pour la première fois par un Vietnamien après toutes ces années d’administration française. Durant son mandat, il prenait deux décisions audacieuses: rebaptiser les rues et éliminer certains symboles de la culture «exotique». En fin connaisseur de la culture et de l’histoire vietnamienne, le nouveau maire procède à la nouvelle appellation des rues de manière logique. Outre les rues, il a également rebaptisé plusieurs parcs et jardins qui l’avaient été par les Français, en décidant de changer le nom de la place pour honorer les contributions du Dông Kinh Nghia Thuc au mouvement patriotique.

Après le succès de la révolution d’Août 1945, la jeune République démocratique du Vietnam a dû faire face à des ennemis intérieurs, à des envahisseurs étrangers et à la famine. Les colonialistes français ont décidé d’envahir à nouveau le Vietnam, forçant les Vietnamiens à prendre armes pour défendre leur patrie.
La résistance nationale a éclaté dans la nuit du 19 décembre 1946 lorsque le président Hô Chi Minh lanca un appel à la résistance nationale. À Hanoi, face au blitzkrieg français, les groupes d’auto-défense populaires combattaient avec acharnement dans les rues contre les troupes françaises, dont dans la zone de la place Dông Kinh Nghia Thuc, le 24 décembre 1946. Ils ont pu tenir pendant presque deux mois, permettant aux organes du Parti et de l’Etat de se retirer en toute sécurité dans la zone de résistance.
Aujourd’hui, la place fait partie de la zone piétonne du lac de l’Épée restituée, où se déroulent de nombreux événements culturels et artistiques importants à Hanoi et au Vietnam, et où se rassemblent les gens pour regarder les feux d’artifice du Nouvel An,
Cette place est également considérée comme faisant partie du «patrimoine vivant», un espace ouvert à la vie des gens et aux activités culturelles de la capitale. – VNA