Hanoi (VNA) – Présent à Son La depuis 1945, le café est aujourd'hui devenu une culture industrielle majeure. La province, principal producteur d’Arabica du Vietnam, cherche désormais à renforcer sa position sur la scène internationale en misant sur une production durable et de haute qualité.
La province de Son La compte 24.300 hectares de caféiers, pour une production annuelle d’environ 37.700 tonnes de café brut. Premier producteur national de café Arabica, elle concentre à elle seule près de 50% des superficies cultivées et 43,5% de la production du pays. Cette position dominante constitue un atout majeur pour se démarquer sur le segment des cafés de spécialité, en pleine expansion face à une demande mondiale croissante pour des produits durables.
“Le café Arabica de la province est très prometteur. Son La est d'ailleurs l'une des trois indications géographiques protégées pour le café à l'échelle nationale, ce qui est un avantage considérable pour se distinguer”, explique Ta Manh Cuong, au Département de la promotion commerciale relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce.
«L’obtention de l’indication géographique a marqué un tournant pour Son La. Elle a permis à la province de valoriser son café sur le marché, tant en termes de prix que d’accès à de nouveaux débouchés à l’export», ajoute le professeur associé Nguyên Văn Bô, ancien directeur de l’Institut vietnamien des sciences agricoles.
Les retombées économiques de cette filière sont significatives, avec un revenu moyen par hectare compris entre 170 et 200 millions de dongs (soit environ 6400 à 7600 dollars). Au premier semestre 2025, Son La a exporté 17.800 tonnes de café pour un chiffre d'affaires d'environ 70 millions de dollars, soit une augmentation de près de 30% par rapport à l'année précédente.
Bénéficiant de conditions naturelles propices et du travail acharné des cultivateurs, le caféier Arabica de Son La donne naissance à des grains au goût raffiné, récompensés par de nombreuses distinctions nationales et internationales.
“Nos zones de production ont été certifiées Rainforest Alliance (RA) et Four C, deux des labels les plus reconnus au monde pour le développement durable du café. Le succès de cette démarche repose sur l'engagement des agriculteurs eux-mêmes. C'est pourquoi les entreprises investissent dans la formation et le soutien technique des producteurs afin d'assurer le respect rigoureux des pratiques de culture durable”, indique Vu Ngoc Huy, de la société Phuc Sinh Son La.
Longtemps perçu comme un levier de lutte contre la pauvreté, le café s’est imposé comme une culture industrielle stratégique de Son La. Les cafés de spécialité et de haute qualité de la province conquièrent désormais les marchés les plus exigeants, contribuant ainsi à renforcer la réputation du café vietnamien à l'échelle mondiale.
Pour poursuivre sur cette lancée et d'atteindre de nouveaux objectifs de développement, Son La s'engage activement à se conformer aux réglementations et normes internationales les plus strictes, garantissant ainsi une qualité irréprochable de son café. Nguyên Thành Công, vice-président du Comité populaire provincial, présente les trois axes principaux: “Le premier consiste à développer une production de café durable en mettant en œuvre des processus de production "propre", conformes aux normes internationales comme RA, 4C et UTZ, et en s'adaptant aux nouvelles réglementations européennes en matière de déforestation. Le deuxième est axé sur la recherche et la sélection de variétés de caféiers optimales pour les conditions climatiques et le sol de la région. Enfin, le troisième pilier est le renouvellement des plantations vieillissantes ou de faible qualité afin de créer des cultures plus saines et résilientes, garantes de l'excellence du produit final”.
Dans un marché mondial du café de plus en plus compétitif, Son La a adopté une approche globale. Celle-ci repose sur une planification rigoureuse des zones de culture, une amélioration continue de la qualité des semences ainsi que l'application de normes internationales à chaque étape du processus de production. La province mise également sur une collaboration étroite entre les agriculteurs, les entreprises et les autorités.
“La politique du secteur est claire: il faut créer des liens. Avant tout, les agriculteurs doivent s'unir pour produire selon un processus uniforme. Ils doivent également collaborer avec les entreprises pour obtenir de l'aide concernant les démarches administratives, le respect des exigences de qualité et d'origine, et l'obtention des certifications nécessaires pour le café. La participation des agriculteurs à ces initiatives collaboratives est une exigence primordiale et essentielle”, souligne Nguyên Van Bô, ancien directeur de l’Institut des sciences agricoles du Vietnam.
La stratégie de développement de la filière caféière à Son La s’inscrit dans une vision claire, soutenue par des objectifs chiffrés à moyen et long terme. D’ici à 2030, la province prévoit d’étendre ses plantations à 25.000 hectares et d’atteindre une production annuelle de 40.000 tonnes. Les objectifs incluent également le développement de 5.950 hectares de café de spécialité, un segment à haute valeur ajoutée particulièrement prisé sur les marchés internationaux, ainsi que la certification durable de 18.000 hectares.
Mais la province voit plus loin. À l’horizon 2035, elle ambitionne de porter la surface totale cultivée à 27.000 hectares, pour une production de 47.000 tonnes. Le développement du café de spécialité continuera à progresser avec 6.500 hectares ciblés. Par ailleurs, 20 à 25% de la production devrait être transformée localement grâce à des investissements dans la transformation en profondeur. Autre priorité: les exportations. Celles-ci devraient représenter entre 80 et 85% de la production totale.
Pour y parvenir, Son La compte sur la création de cinq zones de production appliquant des technologies avancées, avec pour objectif de se positionner comme un futur pôle d'excellence de l'Arabica vietnamien, prêt à conquérir les marchés les plus exigeants de la planète. – VOV/VNA