Hanoï (VNA) - Dans un contexte de concurrence mondiale et d'ordre international en pleine mutation, la diplomatie culturelle est de plus en plus considérée comme un instrument stratégique permettant aux nations d'affirmer leurs positions et de valoriser leur soft power.
Un journaliste de l'Agence vietnamienne d'Information (VNA) s'est entretenu avec Nguyên Minh Vu, vice-ministre permanent des Affaires étrangères et président de la Commission nationale vietnamienne pour l'UNESCO, au sujet de la mission de la diplomatie culturelle dans la nouvelle ère.
Journaliste : Le Vietnam a adopté sa stratégie de diplomatie culturelle à l'horizon 2030. Pourriez-vous nous expliquer comment la diplomatie culturelle s'intègre à la diplomatie politique et économique ?
Vice-ministre Nguyên Minh Vu :
Depuis le lancement de notre politique de Renouveau, le Parti et l'État ont identifié la diplomatie culturelle comme l'un des trois piliers de la diplomatie globale du Vietnam, aux côtés de la diplomatie politique et économique. Ces piliers sont étroitement liés, la culture étant à la fois le fondement et le catalyseur de l'engagement politique et économique.
Sur le plan politique, la diplomatie culturelle a contribué à créer un environnement favorable et à renforcer l'image et le prestige du Vietnam sur la scène internationale. La pensée du Président Hô Chi Minh et des figures emblématiques de la culture vietnamienne, telles que Nguyên Trai, Nguyên Du et Hô Xuân Huong, ont été honorées par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) pour leurs contributions à la planète et à la société dans son ensemble. Des éléments culturels sont également intégrés aux visites de haut niveau, de l'inauguration d'une Salle commémorative dédiée au Président Hô Chi Minh en Azerbaïdjan aux visites des dirigeants au Temple de la Littérature et à la Cité impériale de Thang Long. Ces moments symboliques présentent le Vietnam comme un pays à l'identité riche et à la fiabilité affirmée.
Le rôle croissant du Vietnam à l'UNESCO illustre également ce succès. En contribuant à des initiatives et en occupant des postes importants, nous avons instauré la confiance internationale tout en créant de nouveaux canaux d'engagement diplomatique.

Sur le plan économique, la diplomatie culturelle a favorisé le commerce, l'investissement, le tourisme et le développement de l'économie du patrimoine. Des événements de grande envergure, tels que les "Journées du Vietnam à l'étranger", associent art, gastronomie, artisanat et réseautage d'affaires, créant ainsi un fort attrait pour les partenaires internationaux et de nouvelles opportunités pour les localités et les entreprises.
Des sites reconnus par l'UNESCO, comme Hôi An, Ninh Binh, Quang Ninh et Huê, sont devenus des moteurs du tourisme vert et de moyens de subsistance durables. Avec 73 titres UNESCO, le plus haut classement de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), le Vietnam a fait du patrimoine un atout à la fois culturel et économique.
En résumé, la diplomatie culturelle, étroitement liée à la diplomatie politique et économique, n'est pas seulement une mission de la Stratégie de diplomatie culturelle à l'horizon 2030, mais une vision à long terme pour une diplomatie moderne et globale au service des intérêts nationaux et du développement.
Journaliste :Comment évaluez-vous le rôle des Vietnamiens vivant à l'étranger dans la promotion de la culture vietnamienne à l'étranger ?
Vice-ministre Nguyên Minh Vu :
Près de 6 millions de Vietnamiens, répartis dans plus de 130 pays et territoires, jouent un rôle d'"ambassadeurs culturels officieux". Ils contribuent à préserver et à diffuser l'identité culturelle vietnamienne tout en s'intégrant harmonieusement aux communautés locales.
Partout où ils s'installent, des expressions vibrantes de la culture vietnamienne s'épanouissent : langue, coutumes, cuisine et fêtes traditionnelles comme le Têt (Nouvel An lunaire) et la fête de la Mi-automne. Ces célébrations ne se limitent pas aux communautés vietnamiennes ; elles attirent également de nombreux amis internationaux. Des plats emblématiques comme le phở, les rouleaux de printemps et le bánh mì ont transcendé les frontières, créant de véritables ponts culturels.
Ce qui est remarquable, c'est la façon dont l'authenticité et la chaleur de la culture vietnamienne résonnent auprès des étrangers. Beaucoup d'amis internationaux ne sont pas de simples admirateurs, mais des pratiquants actifs : ils étudient la langue, s'entraînent aux arts martiaux Vovinam, cuisinent des plats vietnamiens ou portent fièrement l'áo dài. Certains célèbrent même le Têt traditionnel avec des familles vietnamiennes, tandis que des chefs de renommée mondiale puisent leur créativité dans la gastronomie vietnamienne. L'amour d'une culture ne connaît pas de frontières ; une fois qu'il touche le cœur des gens, il transcende toute barrière géographique.


Promouvoir la culture vietnamienne à l'étranger ne se résume pas à des événements ponctuels, mais à un parcours à long terme pour toute la communauté. Les Vietnamiens d'outre-mer sont des ponts vivants et des courants culturels incessants qui portent l'identité vietnamienne à travers le monde, où elle est de plus en plus reconnue et partagée.
Journaliste : À l'ère de l'essor de la nation, pourriez-vous nous expliquer quel rôle devrait jouer la diplomatie culturelle ?
Vice-ministre Nguyên Minh Vu :
Le Vietnam entre dans une nouvelle ère, celle de l'aspiration à la prospérité et à la puissance, avec pour objectif "un peuple riche, un pays puissant, une société démocratique, équitable et civilisée". Dans ce contexte, le secteur diplomatique en général, et la diplomatie culturelle en particulier, doivent s'adapter à de nouveaux modes de pensée et approches, comme le stipule la résolution n° 59-NQ/TW du Bureau politique sur l'intégration internationale dans le nouveau contexte.
Premièrement, la diplomatie culturelle doit être étroitement liée à la diplomatie économique pour atteindre nos objectifs de développement socio-économique. Avec les objectifs fixés d'une croissance économique de 8 % en 2025 et d'une croissance à deux chiffres les années suivantes, avec l'ambition de devenir un pays développé à revenu élevé d'ici 2045, la diplomatie culturelle doit promouvoir l'image nationale, le potentiel touristique, l'attraction des investissements étrangers et les échanges commerciaux internationaux, tout en développant des industries culturelles compétitives et une économie patrimoniale.
Deuxièmement, elle doit jouer un rôle important dans la promotion d'une intégration internationale approfondie dans le domaine de la culture, tout en préservant l'identité nationale. Grâce à l'engagement des secteurs, des localités, des entreprises et des citoyens, le Vietnam deviendra une destination attractive pour les événements culturels internationaux, s'appuyant sur des médias de renom et des personnalités influentes pour présenter efficacement la culture vietnamienne à un public international diversifié.
Troisièmement, la diplomatie culturelle contribue à améliorer la position et le prestige du Vietnam, à renforcer son pouvoir d'influence et sa force nationale globale dans la nouvelle ère, faisant du Vietnam une nation pacifique, amicale, dynamique et innovante, contribuant positivement au développement régional et mondial.
Comme l'a souligné le secrétaire général du Parti, Tô Lâm, la culture doit être pleinement intégrée à la diplomatie, chaque activité extérieure devenant une activité culturelle. La culture doit être à la fois un moyen et un principe, une méthode et un objectif, hissant constamment le pouvoir d'influence du Vietnam vers de nouveaux sommets.
Ainsi, dans cette nouvelle ère d'aspirations et d'intégration, la diplomatie culturelle n'est pas un simple choix, mais une exigence stratégique et une mission historique qui permettra au Vietnam d'entrer dans une nouvelle phase de développement : prospérité économique, richesse culturelle et position solide sur la scène internationale.
Journaliste : Merci beaucoup !