Hanoi (VNA) – L’Université nationale d’économie (NEU) et l’Université nationale australienne (ANU) ont organisé conjointement les 27 et 28 novembre à Hanoi une conférence internationale afin d’identifier les principaux défis auxquels est confrontée l’économie vietnamienne dans un environnement commercial et économique mondial de plus en plus instable.
La conférence, intitulée « Enjeux contemporains en économie, gestion et affaires » (CIEMB 2025), a attiré des centaines de participants, parmi lesquels des économistes, des décideurs politiques et des chercheurs d’universités et d’instituts de recherche du Vietnam et de pays tels que le Royaume-Uni, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, la France, le Japon, la République de Corée, l’Indonésie, la Thaïlande et l’Australie.
Avec ses 22 sessions de discussion parallèles, l’événement a constitué une plateforme majeure d’échanges universitaires et a permis d’aborder des questions économiques urgentes ayant un impact direct sur l’orientation du développement du Vietnam.
Dans son discours d’ouverture, Bui Duc Tho, président du Conseil de l’Université nationale d’économie (NEU), a souligné que le Vietnam entrait dans une période faste pour la recherche économique et l’élaboration de politiques, notant que la disponibilité des données, la complexité croissante des sujets de recherche et l’impact plus large des études universitaires rendent la recherche de haute qualité essentielle à l’élaboration de stratégies à long terme.
Il a insisté sur le fait que la CIEMB n’était pas seulement un rassemblement universitaire, mais un forum contribuant à la vision de développement futur du pays.
Lors de la conférence, des experts internationaux ont mis en lumière de nombreuses préoccupations concernant le contexte économique mondial actuel.
Le professeur Shiro Armstrong (ANU) a attiré l’attention en citant une déclaration controversée du président américain Donald Trump : «Le mot +tarif+ est le plus beau mot du dictionnaire», pour illustrer la résurgence du protectionnisme à l’échelle mondiale. Il a averti que les représailles tarifaires continues entre les grandes économies alimentent une spirale de déclin du commerce mondial.
Étant donné la forte dépendance du Vietnam aux exportations, ces turbulences pourraient affecter directement ses perspectives de croissance. Il a souligné que le Vietnam doit continuer à défendre le libre-échange, à réduire les barrières non tarifaires et à respecter pleinement ses engagements au titre de l’Accord de partenariat économique régional global (RCEP), de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords de libre-échange bilatéraux (ALE).
Il a insisté sur la nécessité d’intégrer davantage la Chine au système commun fondé sur des règles, plutôt que de la laisser construire un système distinct, faisant remarquer que cela ferait de l’Asie la zone de libre-échange la plus vaste et la plus ouverte au monde.
Abordant les défis internes du Vietnam, le Dr Jochen M. Schmittmann, représentant résident du FMI au Vietnam, au Cambodge et au Laos, a reconnu le fort potentiel de croissance du pays, évoquant même la possibilité d’une croissance à deux chiffres à l’avenir. Il a toutefois souligné plusieurs problèmes structurels susceptibles de constituer des obstacles importants s’ils ne sont pas résolus.
À court terme, le Vietnam devrait adopter une politique monétaire prudente face à une croissance excessive du crédit, tout en donnant la priorité au renforcement de la sécurité du système bancaire, au traitement des créances douteuses et au renforcement des fonds propres, a-t-il déclaré.
Avec une dette publique encore faible, les marges de manœuvre budgétaires restent importantes, permettant au Vietnam de privilégier les investissements dans les infrastructures, notamment numériques, logistiques et énergétiques, tout en garantissant la qualité des projets et en évitant la fragmentation et l’inefficacité, a-t-il ajouté.
Parallèlement, il a recommandé d’accélérer les réformes du système financier et du secteur des entreprises, d’allouer les capitaux en fonction des signaux du marché, de réduire les privilèges des entreprises publiques, de créer une concurrence loyale pour les entreprises privées et de minimiser les distorsions sur les marchés du travail et du crédit.
Les sessions parallèles ont également abordé des questions telles que les mutations des chaînes d’approvisionnement mondiales, le développement de l’économie numérique, les modèles de croissance verte, les impacts du changement climatique, la transformation de la gouvernance économique et les stratégies de renforcement de la compétitivité nationale. – VNA