Hanoi (VNA) – L’essor rapide des technologies numériques, de l’intelligence artificielle (IA), du génie génétique et des biomatériaux remodèle les soins de santé à l’échelle mondiale, marquant ce que les experts décrivent comme un tournant décisif pour le Vietnam, qui doit accélérer l’application des sciences et des technologies dans le domaine de la santé et de la protection de la population.
Ce constat a été présenté aux participants lors d’un symposium international sur le thème « Progrès en matière de détection, de diagnostic et de traitement des maladies », s’est tenu mercredi 3 novembre à Hanoi.
Ce symposium s’inscrit dans le cadre des symposiums «La science au service de la vie», organisés dans le cadre de la Semaine scientifique et technologique VinFuture 2025, qui s’est déroulée à Hanoï du 2 au 6 décembre.
S’exprimant lors de cet événement, Nguyên Ngô Quang, directeur du Département des sciences, des technologies et de la formation du ministère de la Santé, a affirmé que le ministère considérait les sciences et les technologies comme un moteur essentiel pour améliorer la qualité des examens et des traitements médicaux et renforcer les capacités du système de santé.
D’après le Dr Nguyên Ngô Quang, en 2025, l’humanité continuera de faire face à des problèmes de santé publique mondiaux croissants et complexes. L’incidence des maladies non transmissibles, notamment le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires, continuera d’augmenter fortement dans de nombreuses régions. La réémergence et l’apparition de nouvelles maladies infectieuses exercent une pression sur les systèmes de santé, particulièrement dans le contexte du changement climatique, qui accroît le risque d’épidémies.
Il a souligné que la résistance aux antibiotiques atteint des niveaux alarmants, menaçant d’anéantir nombre des progrès médicaux du siècle dernier. Les disparités d’accès aux services de santé entre les pays et les populations sont de plus en plus criantes, d’où l’urgence d’innover pour proposer des solutions médicales plus précises, efficaces et durables.
Le Dr Nguyên Ngô Quang a toutefois indiqué que l’essor rapide des technologies numériques, de l’intelligence artificielle, du génie génétique et des biomatériaux dans le diagnostic et le traitement des maladies ouvre des perspectives inédites. Des phagothérapies pour lutter contre la résistance aux médicaments à l’application de l’impression 3D en chirurgie, en passant par les avancées en audiologie et les tendances biomédicales de pointe, le secteur de la santé vietnamien s’attache à développer et à mettre en œuvre ces technologies en priorité.
«J’espère que les échanges d’aujourd’hui ne se limiteront pas à des discussions académiques, mais marqueront le début d’une coopération de grande envergure entre le Vietnam et les principaux instituts de recherche, universités et hôpitaux du monde», a-t-il déclaré. «Ce sera un moteur essentiel pour accéder aux technologies de pointe, mener des recherches conjointes et rapprocher les progrès scientifiques des patients vietnamiens.»
Selon Precedence Research, le marché mondial de la médecine de précision devrait atteindre 175 milliards de dollars américains d’ici 2030, ouvrant la voie à une nouvelle ère de soins de santé de précision et personnalisés. Ces avancées améliorent non seulement la qualité du diagnostic et du traitement, mais offrent également des perspectives d’allongement de l’espérance de vie, d’amélioration de la qualité de vie et de transformation des systèmes de santé à l’échelle mondiale.
Lors de cet événement, les participants ont constaté que les soins de santé à l’échelle mondiale connaissent des progrès remarquables, impulsés par la convergence de l’intelligence artificielle, des biotechnologies, du big data et des dispositifs médicaux intelligents.
Les intervenants ont présenté les développements de pointe dans l’application des technologies aux soins de santé, notamment la médecine de précision, les médicaments de nouvelle génération, les solutions numériques pour le suivi et la gestion des maladies, ainsi que les technologies permettant des traitements personnalisés.
La professeure Ana Belén Elgoyhen, de l’Université de Buenos Aires (Argentine), a présenté de nouvelles découvertes sur les stratégies thérapeutiques pour la perte auditive. Ses recherches expliquent pourquoi de nombreuses personnes sont vulnérables aux dommages auditifs lorsqu’elles sont exposées à des bruits forts et ouvrent de nouvelles pistes de traitement pour les acouphènes et la perte auditive, des affections de plus en plus fréquentes dans la société moderne.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que plus de 1,5 milliard de personnes souffrent actuellement d’une déficience auditive, à des degrés divers. Ce chiffre devrait augmenter considérablement, pour atteindre environ 2,5 milliards de personnes d’ici 2050.
En l’absence d’interventions efficaces, le coût annuel mondial de la déficience auditive est estimé à plus de 980 milliards de dollars américains. Ce fardeau est particulièrement lourd dans les pays à revenu faible et intermédiaire, selon le professeur Elgoyhen.
Parallèlement, la professeure Pascale Cossart de l’Institut Pasteur à Paris, biologiste des infections pionnière et reconnue pour ses travaux novateurs sur la manière dont les bactéries infectent et survivent au sein des cellules hôtes, a présenté ses découvertes sur la phagothérapie dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques.
La phagothérapie de la professeure Pascale Cossart représente une solution potentielle, tirant parti de la haute spécificité et de la capacité d’auto-réplication des phages pour détruire les bactéries pathogènes sans affecter les bactéries bénéfiques. Cette thérapie est actuellement utilisée dans de nombreux pays, tels que la Géorgie, la Pologne, la France et les États-Unis.
Ses recherches ont non seulement introduit une nouvelle approche des maladies infectieuses, mais ont également ouvert la voie à des thérapies ciblées susceptibles de transformer radicalement les stratégies futures de prévention des maladies.
Le professeur Chuanbin Mao de l’Université chinoise de Hong Kong a également présenté de nouvelles recherches sur la phagothérapie impliquant des virus ciblant les cellules cancéreuses.
Selon le professeur Chuanbin Mao, l’application la plus prometteuse réside dans l’utilisation de la phagothérapie pour traiter les infections bactériennes et surmonter la résistance aux antibiotiques. Il a ajouté que les phages ne tuent pas toujours les bactéries, mais peuvent s’y multiplier, ce qui a permis d’élargir le champ d’application de cette thérapie au fil du temps.
« Les phages peuvent diagnostiquer et traiter le cancer, et pas seulement la résistance aux antibiotiques. Dans un avenir proche, cette thérapie sera utilisée pour traiter les infections bactériennes ou diagnostiquer le cancer en milieu hospitalier, et à plus long terme, pour traiter le cancer par immunothérapie », a-t-il déclaré.
Le professeur Trân Trung Dung, du système de santé Vinmec et de l’Université VinUni, a présenté son avancée majeure dans l’application de la technologie d’impression 3D en milieu hospitalier, une véritable révolution en chirurgie orthopédique.
Il a réalisé des milliers d’interventions complexes qui ont établi de nouvelles normes en matière de soins aux patients. Cette technologie permet la reconstruction de structures osseuses complexes avec une grande précision, aidant ainsi les patients à retrouver une meilleure mobilité et à améliorer leur qualité de vie.
Selon le professeur Trân Trung Dung, le cancer des os, en particulier dans des localisations complexes comme le bassin ou le fémur, a longtemps été associé à la « décision » d’amputation, car il s’agissait de la seule solution pour sauver la vie du patient.
Ces dernières années, la médecine mondiale a développé des techniques de régénération osseuse utilisant des implants métalliques sur mesure, mais leur coût reste prohibitif pour la plupart des patients. De ce fait, jusqu’à 30% des patients atteints d’un cancer et candidats à l’amputation refusent l’intervention chirurgicale.
L’équipe médicale de Vinmec, dirigée par le professeur Trân Trung Dung, a collaboré avec le Centre de technologie 3D en médecine de l’Université de Vin (VinUni) afin d’appliquer des techniques 3D spécialisées au traitement des patients atteints de cancer des os. L’utilisation de l’impression 3D en médecine a permis d’obtenir des résultats significatifs et de transformer la vie des patients.
« Grâce à cette technologie, les hôpitaux peuvent utiliser des instruments chirurgicaux adaptés à l’anatomie vietnamienne à un coût bien inférieur à celui des produits importés des États-Unis ou d’Europe. Nous avons ainsi réalisé avec succès environ 200 interventions chirurgicales et accompagné près de 1 000 patients. »
« Par ailleurs, nous avons également collaboré avec des hôpitaux vietnamiens, des oncologues, des ingénieurs et des techniciens du Japon, de Corée et des États-Unis afin de mener des recherches en science des matériaux, notamment sur les implants et l’impression 3D. Nous poursuivons actuellement la collecte de données cliniques afin de les comparer aux résultats de la recherche et d’identifier de nouvelles pistes et des solutions optimales pour l’avenir », a ajouté le professeur Trân Trung Dung.
Cet événement annuel devrait devenir une plateforme permettant aux scientifiques, aux experts de la santé, aux chefs d’entreprise et aux décideurs politiques de partager leurs visions, de promouvoir la collaboration et de faire progresser les solutions novatrices pour la santé humaine à l’ère numérique. — VNA
Les députés discutent de l'amélioration de la santé de la population
Les députés débattent le 2 décembre en séance plénière du Projet de résolution concernant la protection, les soins et l’amélioration de la santé de la population, les investissements pour le Programme cible national de modernisation et d’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation pour la période 2026-2035.