Hanoi (VNA) - La région Nord-Ouest (Tây Bac) est encore confrontée à de nombreuses difficultés en matière de développement socio-économique. L’une des principales est un taux d’infection par le VIH/sida assez élevé, en particulier au sein des minorités ethniques.
Le Nord-Ouest comprend six provinces montagneuses de Hoà Binh, Son La, Diên Biên, Lai Châu, Lào Cai et Yên Bai, où vivent de nombreuses ethnies minoritaires. Leur existence est souvent difficile en raison des conditions naturelles rigoureuses et d’un faible niveau d’éducation. En particulier, les minorités ethniques n’ont que très peu d’ocasions d’obtenir des informations sur le VIH/sida, et comprennent donc peu les dangers de cette maladie.
Le cas de Lo Thi N., domiciliée dans la commune de T. du district de Van Chân de la province de Yên Bai, est exemplaire sur ce point. Âgée de 30 ans, elle en fait 50 ans. Son mari est mort du sida il y a cinq ans, mais Lo Thi N. n’a toujours pas compris ce qui lui arrive. Ne connaissant pas cette maladie, elle n’a pas pensé à consulter pour elle comme pour ses deux enfants. C’est seulement en se sentant devenir de plus en plus faible qu’elle est allée à l’hôpital où elle a découvert que son mari l’avait contaminée. «Si je n’avais pas consulté, peut-être je serais morte...», a-t-elle partagé.
Lo Thi N. n’est qu’une de tous ceux, nombreux, qui sont atteints par le VIH à Yên Bai. La majorité de ces gens ne disposent d’aucune information sur cette maladie et ses dangers, et participent malgré eux à la diffusion du sida dans les zones reculées du Nord-Ouest.
Des chiffres émouvants
Selon le Département de prévention et de lutte contre le sida du ministère de la Santé, le taux de contamination dans la région est encore assez élevé par rapport au reste du pays. En mars 2016, la région comptait plus de 63.500 personnes séropositives, dont 1.600 sidéens. Chaque année, environ 3.000 nouveaux cas et entre 500 et 800 décès sont recensés.
Le Nord-Ouest est une région qui subit encore les conséquences de la maladie du siècle. Ses habitants représentent seulement un peu plus de 15% de la population nationale, mais en termes de séropositivité et de sida, c’est un quart... Le taux d’infection dans certaines localités est le plus important de l’ensemble du pays.
Actuellement, la méthadone est employée dans 91 centres de la région, au profit de plus de 15.380 patients. Mais le taux de traitement par antirétroviraux n’est que de 51,6% des personnes atteintes par le virus.
Des mesures renforcées
Selon le Comité de pilotage de la région Nord-Ouest, les localités s’efforcent de réduire le taux d’infection, de limiter les conséquences de l’épidémie sur le développement social, et d’accélérer la lutte contre la pauvreté.
Les mesures sont destinées à sensibiliser la population, à fournir des seringues aux toxicomanes, en particulier à ceux des zones montagneuses et reculées, ainsi qu'à étudier et à mettre en œuvre des activités de prévention du VIH, notamment en augmentant le nombre de centres sanitaires pouvant dépister le virus.
Parallèlement, les examens médicaux sont généralisés dans chaque localité pour détecter et traiter précocement les cas de VIH, de même que, pour les toxicomanes, le traitement par méthadone, la distribution de seringues jetables et de préservatifs aux personnes à haut risque, ainsi que la mise en place d’infrastructures afin que 90% des personnes contaminées aient accès à un traitement antirétroviral (ARV).
Selon le vice-directeur du Département de prévention et de lutte contre le VIH, Hoàng Dinh Canh, les localités doivent poursuivre les objectifs nationaux de prévention et de lutte contre le VIH/sida, notamment atteindre d’ici à 2020 celui de «90-90-90» (90% des personnes vivant avec le VIH connaissant leur séropositivité, 90% des personnes conscientes de leur séropositivité ayant accès à un traitement et 90% des personnes sous traitement atteignent des niveaux de VIH indétectables). En 2014, le Vietnam a été le premier pays d’Asie à s’engager à atteindre cet objectif «90-90-90» du Programme commun des Nations-Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA).
«Le traitement précoce sera réservé aux groupes à risque comme les prostituées, les homosexuels, les malades souffrant d’hépatite ou de tuberculose, les femmes enceintes, les enfants de moins de 5 ans et les détenus», a précisé un représentant du Centre de prévention et de lutte contre le VIH/sida de la province de Son La. «Les aides conjuguées de toute la société et des organisations sociales au profit des porteurs du VIH/sida, et la lutte contre la discrimination, sont primordiales», a-t-il ajouté.
* Le Mois d’action national 2016
Cette année, le Mois d’action national de prévention et de lutte contre le VIH/sida, sur le thème «Orientation vers l’objectif «90-90-90» pour mettre fin à l’épidémie de sida au Vietnam», a lieu du 10 novembre au 10 décembre.
Le Vietnam s’efforcera de maintenir un taux de contamination par le VIH en dessous de 0,3% en 2020, et d’atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030. – CVN/VNA