Hanoi (VNA) - Le bénévolat médical est l’une des valeurs les plus importantes de la profession de santé, mais pour qu’il soit véritablement significatif, il doit viser la pérennité.
Tel était le message du docteur Dô Doan Bach lors du 5e Congrès national de l’Association des jeunes médecins vietnamiens (mandat 2025-2030), qui s’est tenu récemment à Hanoi.
Le docteur Dô Doan Bach, de l’Institut national de cardiologie du Vietnam, à l’hôpital Bach Mai, a partagé des perspectives pratiques et approfondies, tirées directement de son expérience professionnelle et de ses actions de bénévolat de terrain.
Le médecin a raconté son déplacement professionnel à la fin du mois dernier pour venir en aide aux habitants de la province de Dak Lak, épicentre des inondations.
Il a confié que le plus pénible, durant ces journées d’examens directs, n’était pas seulement le manque de matériel et de médicaments, mais aussi le sentiment de « si seulement nous étions arrivés plus tôt et avions pu donner des conseils plus rapidement ».
En réalité, certains cas auraient pu être évités si les risques avaient été identifiés rapidement et si les hospitalisations avaient été mises en place sans délai.
C’est pourtant là qu’il a appris une leçon encore plus difficile : suivre les dernières recommandations n’est pas toujours le « traitement le plus approprié » si l’on ne tient pas compte du contexte spécifique du patient.
Certains patients n’ont pas les moyens de se payer le traitement ; d’autres n’ont pas besoin de médicaments supplémentaires immédiatement, mais plutôt d’un médecin qui prenne le temps d’écouter leur histoire.
Parmi ces patients, on compte des vétérans de guerre ayant subi le conflit, ou des familles dont les enfants souffrent des effets de l’agent orange.
Ces expériences l’ont convaincu que, pour protéger durablement la santé publique, les programmes de bénévolat des jeunes médecins doivent s’intégrer à un système comportant plusieurs étapes interconnectées : un dépistage adéquat, un suivi efficace, un traitement adapté au contexte et un contact régulier afin que personne ne soit laissé pour compte.
« C’est au cours de ces rencontres avec les populations de l’épicentre des inondations que j’ai mieux compris la confiance que le public accorde aux médecins, en particulier à ceux en première ligne », a déclaré le médecin.
« La mission de jeunes médecins pionniers du bénévolat pour la santé communautaire sera de contribuer à réduire les écarts professionnels entre les différents niveaux de soins de santé, de faciliter les échanges et de promouvoir la transformation numérique et la constitution d’une base de données massives afin de créer un système qui fournisse des recommandations de traitement au plus près des besoins de la population vietnamienne. »
Action systématique
En tant que cardiologue, le docteur Dô Doan Bach a constaté que les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) représentent actuellement les principales causes de morbidité, alors qu’une intervention précoce permettrait de les prévenir et de les contrôler bien mieux.
Selon les données de l’Organisation mondiale de la Santé, on dénombre environ 19,8 millions de décès cardiovasculaires chaque année, soit près de 32% de la mortalité totale. 85% de ces décès sont dus à des infarctus et des AVC, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où les soins primaires et la prévention restent limités.
Cette réalité exige une action concrète. Le bénévolat en santé communautaire ne peut se limiter aux examens et à la distribution de médicaments. Il doit se concentrer sur des axes spécifiques, notamment le dépistage précoce, la stratification des risques, la prise en charge continue et l’intervention rapide afin de minimiser les événements cardiovasculaires au sein de la population.
Fort de son appréciation des fondements actuels du mouvement des jeunes médecins, le docteur Dô Doan Bach a cité les résultats de l’initiative « Jeunes médecins suivant les enseignements de l’Oncle Hô, bénévolat pour la santé communautaire 2024 », qui a mobilisé plus de 21.000 jeunes médecins et réalisé près de 2.700 interventions auprès de plus de 1,13 million de personnes.
Pour le prochain mandat, il estime qu’un changement fondamental est nécessaire, passant de « campagnes » à des « approches systématiques ».
Après chaque mission de bénévolat, les personnes doivent bien comprendre leur état de santé et les risques encourus. Les soins de santé primaires ont besoin de davantage de données, d’outils et de canaux de communication avec des spécialistes pour améliorer le dépistage et la prise en charge initiale.
Les processus de soins doivent être interconnectés et continus. C’est à cette seule condition que le bénévolat apportera une valeur durable à la communauté.
Trois piliers
Fort de son expérience clinique, le docteur Dô Doan Bach a proposé un modèle de bénévolat médical visant à dynamiser le système de santé, articulé autour de trois piliers : le dépistage, la stratification des risques et la prise en charge initiale des patients ; le renforcement des liens et des téléconsultations entre les différents niveaux de soins ; et la standardisation des données pour le dossier médical électronique national.
Il a également soulevé une préoccupation majeure : le manque de données standardisées et à grande échelle sur les maladies cardiovasculaires au Vietnam.
Si les recommandations internationales en matière de traitement constituent des fondements essentiels, la question de la prise en charge la plus adaptée aux Vietnamiens dans le contexte de la pratique médicale au Vietnam exige une infrastructure de données suffisamment vaste, interconnectée et fiable.
Ces données permettront aux associations professionnelles d’élaborer des recommandations pratiques et d’améliorer l’efficacité des traitements.
« Le bénévolat médical est l’une des plus belles valeurs de la profession médicale, mais pour être véritablement significatif, il doit viser la pérennité », a-t-il indiqué.
« En cardiologie, la pérennité repose sur la gestion des risques, l’amélioration de la qualité de vie des patients, l’utilisation de la transformation numérique comme levier et des données comme infrastructure », a déclaré le docteur Dô Doan Bach.
Il a exprimé l’espoir que le bénévolat en santé communautaire évolue vers une standardisation, une numérisation et une continuité des soins afin de constituer une base de données nationale sur les maladies, permettant ainsi à un plus grand nombre de personnes de bénéficier d’un dépistage précoce, de conseils rapides et d’un suivi précoce. - VNA