Quang Tri (VNA) - Le village de Phu Kinh, dans la province de Quang Tri (Centre), conserve une convention villageoise gravée sur bois datée de 1774. C’est l’unique œuvre du genre dans le Centre.
Sous le régime féodal, outre les lois royales à respecter, chaque village élaborait ses propres conventions villageoises. Généralement, elles portaient sur des contenus tels que le travail, la sécurité publique, la promotion des études, l’encouragement des talents, etc. Le village de Phu Kinh, fondé il y a 300 ans dans la province de Quang Tri (Centre), a aussi la sienne. Mais au lieu d’avoir été rédigée sur papier, elle est gravée sur une planche de bois. Rares sont les villages à avoir préservé ce type d’objet.
Une xylogravure vieille de 243 ans
La Convention villageoise de Phu Kinh comprend 5.000 idéogrammes chinois (han), gravés sur une planche en bois de lim («bois de fer») longue de 2,4 m, large de 0,35 m et épaisse de 6 cm. Tombée dans l’oubli pendant les années de guerre, cette xylogravure, retrouvée dans un temple du village, a été examinée par des experts et historiens en 1986 lorsque le Département d’histoire de l’École supérieure des sciences de Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre) a envoyé une mission chargée d’étudier l’histoire de la région de Hai Hoà, qui comprend le village de Phu Kinh.
«Avant la Révolution d’Août 1945 quand j’étais petit, je me souviens que cette gravure sur bois trônait au milieu de la maison commune. Pendant la guerre, les villageois l’ont cachée dans un petit temple», se souvient l’octogénaire Nguyên Huu Yêm. D’après le Département d’histoire de l’École supérieure des sciences de Huê, cette convention villageoise a été la première à avoir été élaborée dans le Centre et demeure la seule gravée sur bois.
Un groupe d’historiens et de spécialistes en idéogrammes chinois l’ont traduite en vietnamien. Au total, 2.100 mots et sept pages A4. Les contenus peuvent être regroupés en trois parties : l’encouragement à la production agricole, la promotion des études et des talents, la sécurité publique.
Concernant l’encouragement à la production, la Convention stipule une répartition égale entre les villageois des terres arables qui ne sont pas la propriété de la cour royale. En ce qui concerne la promotion des études et des talents, elle précise que les enfants - à partir 7 ou 8 ans - devaient suivre l’enseignement d’un lettré ou aller à l’école. À partir de 15 ans, ils devaient passer, tous les trois ans, un examen organisé par les lettrés du village. Les plus studieux étaient récompensés. En ce qui concerne la sécurité publique, tous les cambriolages étaient sanctionnés sévèrement : privation de terres arables voire bannissement à partir de trois délits.
Des valeurs transmises jusqu’à nos jours
Le village de Phu Kinh compte 350 familles. Au total, ce sont plus de 1.800 habitants qui vivent essentiellement de la riziculture. Malgré la pauvreté, presque tous les enfants sont scolarisés. Selon Nguyên Lê Hông, chef du village, ces cinq dernières années, Phu Kinh a dénombré 40 diplômés d’universités, un chiffre très élevé pour un village rural. Certaines familles ont même cinq ou six enfants à l’université, comme celles de Nguyên Dang Lê et Nguyên Thi Buom.
«Nous vivons dans la solidarité, sans fléaux sociaux et nos enfants sont studieux. C’est un héritage culturel légué par nos ancêtres», affirme Nguyên Lê Hông. Pendant plusieurs années consécutives, Phu Kinh a été élu par la province de Quang Tri parmi les villages exemplaires dans la promotion des études.
La xylogravure de Phu Kinh a été reconnue comme l’un des dix «Trésors de la province». Le Service provincial de la culture, des sports et du tourisme a même élaboré un dossier qui sera soumis au gouvernement en vue d’une reconnaissance comme «Trésor national». -CVN/VNA