Hanoi (VNA) – À partir d’un village d’artisans installé « sur les quais et dans les bateaux » dès le XVIᵉ siècle, les estampes populaires de Dông Hô, quartier de Thuân Thành, province de Bac Ninh (Nord) est aujourd’hui menacée de disparition et nécessite une sauvegarde urgente.
Des planches de bois gravées, empreintes du temps, ont, sous les mains habiles des artisans de Dông Hô, donné vie à des « couleurs nationales éclatantes sur du papier mica », formant ainsi un patrimoine culturel unique et remarquable, des estampes populaires de Dông Hô.
Avec un procédé entièrement artisanal, utilisant des matériaux naturels tels que le papier dó (papier poonah), le rouge extrait du cinabre, le noir issu des cendres de charbon, le bleu des feuilles d’indigo…, les estampes populaires de Dông Hô sont considérées non seulement comme des œuvres d’art, mais aussi comme une « déclaration » d’un mode de vie en harmonie avec la nature propre au Vietnam.
En 2013, l’art des estampes populaires de Dông Hô a été reconnu patrimoine culturel immatériel national. Selon l’artisane méritante Nguyên Thi Oanh, chaque pièce de Dông Hô constitue une histoire simple mais profonde, reflétant la beauté de la vie, des fêtes, des croyances et les aspirations de prospérité, de richesse, d’abondance et de paix, raison pour laquelle elles sont souvent accrochées durant le Têt (Nouvel An lunaire).
À son apogée avant 1944, 17 lignées familiales participaient à la production. Aujourd’hui, seulement trois familles perpétuent ce savoir-faire ancestral, avec environ 30 artisans actifs.
Depuis plusieurs années, la province de Bac Ninh a mis en œuvre de nombreuses initiatives concrètes pour conserver, préserver et promouvoir cette forme d’art populaire unique.
Bac Ninh investit dans la formation d’une nouvelle génération d’artisans, encourage la créativité dans la création de motifs contemporains, et renforce la promotion de l’image de cette peinture.
Depuis 2023, la province a inauguré et mis en service le Centre de conservation des peintures populaires de Dông Hô et organise des tours touristiques gratuits permettant aux visiteurs de vivre une immersion profonde dans l’univers de cette peinture.
Lors de nombreuses réceptions de délégations nationales et d’ambassades internationales, les peintures de Dông Hô sont devenues des cadeaux officiels du Vietnam.
Dans les expositions et événements culturels, tant nationaux qu’internationaux, l’art du chant populaire « quan ho » ainsi que l’atelier de création de peinture de Dông Hô constituent toujours une animation forte, reliant ainsi les visiteurs étrangers à cet art populaire emblématique du Vietnam.
Le vice président du Comité populaire provincial, Lê Xuân Loi, précise que l’art de la peinture de Dông Hô fait face à de nombreux défis, dont le risque d’extinction.
Ainsi, Bac Ninh a rapidement déployé plusieurs actions simultanées, visant à préserver et valoriser ce patrimoine pour le rapprocher du public national et international.
La province collabore activement avec les organismes compétents pour promouvoir les estampes populaires de Dông Hô dans plusieurs pays, dont la France, le Japon, la Corée, l’Australie, et les États-Unis, recevant des échos positifs du public.
Avec l’appui des agences spécialisées relevant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, Bac Ninh a également finalisé les rapports et dossiers destinés à l’UNESCO pour l’inscription de cet art populaire de Dông Hô dans la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente au niveau mondial.
Présent à l’événement « Quintessence culturelle de Bac Ninh – couleurs de Dông Hô », Saadi Salama, ambassadeur de Palestine au Vietnam et doyen du Corps diplomatique, a déclaré : «J’apprécie les efforts de Bac Ninh pour protéger, préserver et développer la culture. Bac Ninh se distingue par son dynamisme, notamment dans le renforcement des relations avec les missions diplomatiques et la promotion des valeurs culturelles uniques, dont la peinture de Dông Hô, auprès des visiteurs internationaux ».
Il a ajouté : « La peinture de Dông Hô est un héritage culturel dont nous pouvons être fiers. Je soutiens vivement son inscription en 2025, au patrimoine immatériel de l’humanité nécessitant une sauvegarde d’urgence de l’UNESCO ».
Conserver et promouvoir la peinture de Dông Hô ne signifie pas seulement préserver une forme artistique unique, mais aussi connecter ce patrimoine au public national et international, permettre aux futures générations de comprendre, chérir et transmettre ces valeurs traditionnelles, pour qu’elles rayonnent toujours plus loin. – NDEL/VNA