Un homme dédié aux tortues

Le biologiste français Jacques Fretey se spécialise dans les recherches sur les tortues marines. Très attaché au Vietnam par ses liens familiaux, il a une grande admiration pour les Temples de la Littératu
Jacques Fretey, le biologiste français passionné par la faune marine et les reptiles.
Hanoï (VNA) - Lebiologiste français Jacques Fretey se spécialise dans les recherchessur les tortues marines. Très attaché au Vietnam par ses liensfamiliaux, il a une grande admiration pour les Temples de la Littératurede Hanoï et de Huê.

Jacques Fretey, le biologiste français passionné par la faune marine et les reptiles.

Jacques Fretey est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur les reptilesfrançais et les tortues. Rédacteur de quelque 160 articles, il a éténominé pour le Prix de vulgarisation scientifique pour son Guide des reptiles de France (Éditions Hatier, 1988). Il est à l’origine de textes législatifs deprotection des reptiles et autres amphibiens métropolitains, ainsi quede la faune guyanaise et des tortues marines sur l’ensemble duterritoire français.

Un parcours scientifique remarquable

Créateur de la Réserve naturelle de l’Amana (Guyane française), il aaussi édifié un vaste parc national marin au Cameroun. Il est égalementle fondateur de projets d’étude et de conservation des tortues marinesdans trois départements d’outremer et dans six pays d’Afrique, cesderniers comportant un important volet social et humanitaire. Il aénormément travaillé dans l’ethnozoologie et les rapports de l’hommeavec les tortues et serpents, en particulier dans la médecinetraditionnelle.

Le Français a consacré toute sa vie à la préservation de l’environnementdans son pays et en milieu tropical. C’est aussi un grand passionné duVietnam et de ses fameuses stèles-tortues de pierre que l’on retrouve àHanoï et à Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre). "Mon grandregret, c’est de n’avoir jamais eu plus de temps pour faire un véritableinventaire scientifique des stèles et aller plus loin dans mesinvestigations avec un thésard vietnamien qui aurait travaillé avec moi", soupire ce scientifique infatigable.

Pour Jacques Fretey, aucun doute possible, bien qu’il y ait différentesvariantes de ces stèles-tortues de pierre en Chine, en République deCorée, en Mongolie et dans l’Extrême-Orient russe, "les deux plusbelles concentrations de stèles-tortues sont situées au Vietnam, à Hanoïet Huê, dans ce qui sont appelés les Sanctuaires du prince propagateurdes lettres ou plus couramment Temples de la Littérature (Van Miêu - Quôc Tu Giám)".

Stèles-tortues : 82 à Hanoï, 32 à Huê

Dans le Temple de la Littérature de Hanoï, sont alignées deux fois 41 stèles-tortues de pierre, soit un total de 82. "Il y en avait certainement à l’origine 116 selon l’intervalle des trois ans par concours, 34 ont donc disparu", selon Jacques Fretey. Il poursuit sa description : "Cesextraordinaires stèles ont chacune comme base une grosse tortue, dontles formes de carapace et de tête sont à chaque fois différentes.Certaines ont des pattes apparentes, d’autres pas. Quelques-unesprésentent des motifs floraux, d’autres les symboles du yin et duyang . Transversalement, dans leur carapace très bombée est encastréeune épaisse et haute tablette de pierre où sont inscrits les noms,l’origine de naissance et les résultats d’examens de 1.307 diplômés del’Académie confucéenne de Hanoï (qui s’appelait alors Thang Long)".

Elles sont inscrites dans le Registre de la mémoire du monde de l’UNESCOavec la dénomination "Stèles en pierre d’enregistrement des concoursroyaux des dynasties Lê et Mac (1442-1779)" du Vietnam. Elles restentaujourd’hui parmi les grandes attractions de la capitale.

Mais Jacques Fretey aime aussi évoquer le Temple de la Littérature de Huê. "Moinsconnu que le précédent et situé hors de la ville, ce site est souventdélaissé des touristes, ce qui en fait un lieu tranquille et magique", décrit-il. Lorsque la dynastie des Nguyên (1802-1945) décida d’installer à Huê sa résidence impériale, au début du XIXe siècle, tout le corps professoral du Temple de la Littérature de Hanoï y fut transféré.

De nos jours, "par un bel escalier de 12 marches en pierre, onemprunte une large allée de tomettes le long de laquelle s’étendentcomme à Hanoï de longs auvents de bois couverts de tuiles et oùs’alignent les stèles. Seize stèles-tortues de chaque côté, gravéesd’idéogrammes, honorent 293 lauréats. Ici, les tortues de marbre sontplus petites que celles de Hanoï et en moins bon état de conservation.Dans l’alignement de gauche, 10 tortues seulement ont des pattesapparentes. Les dossières de 11 tortues ont des empreintes bien visiblesdessinant les plaques, alors que les cinq autres n’ont jamais étésculptées ou bien ont été effacées avec le temps. Chez les 16 tortues del’alignement de droite, toutes ont des pattes et des plaques sur leurdossière, mais leurs carapaces sont beaucoup plus petites que celles del’alignement de gauche".

À l’origine de légendes, ces stèles-tortues sont donc des trésorsnationaux pour lesquels l’UNESCO et les autorités vietnamiennes ontbeaucoup d’ambition. Un sujet de réjouissance, en premier lieu pourJacques Fretey qui souhaite tellement que l’on bichonne ces animauxfétiches pour lesquels il a une admiration sans bornes. On ne leremerciera jamais assez de son travail acharné pour faire vivre etprospérer ces reptiles, qu’ils soient de chair ou de… pierre. - CVN/VNA
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