Unlit, un frigo et une étagère chargée de livres sur le général Vo NguyênGiap constituent le mobilier de la petite chambre de 20 m² où loge Nev àl’hôtel de Muong Thanh. Sur le mur : un portrait du Président Hô ChiMinh et un satisfecit, «le cœur d’or», remis par la Croix-Rouge de DiênBiên.
Nev aime le Vietnam. Il a lu de nombreux livres surla bataille historique de Diên Biên Phu et souhaitait visiter le site unjour. Son rêve s’est réalisé en 2009. Lors de son arrivée au Vietnam,Nev vivait isolé en raison de la barrière de la langue. Sa rencontreavec Dang Viêt Dung, employé de l’hôtel Diên Biên Phu-Hanoi d’alors etactuellement vice-directeur de l’hôtel Muong Thanh, a changé la donne etlui a permis de rencontrer des anciens combattants vivant à Diên Biên.
Se confronter à l’histoire de Diên Biên Phu
«Jecherchait à me confronter à l’histoire de la bataille de Diên Biên Phu.Je l’ai trouvée ici à Diên Biên : le hameau Noong Nhai abritant 444personnes dont pour l’essentiel des vieux, des femmes et des enfants aété entièrement brûlé par les soldats français. C’est tellement triste»,confie Nev. Et d’ajouter : «J’ai demandé à M. Dung ce que je pouvaisfaire pour Diên Biên, il m’a alors donné l’adresse du village SOS oùvivent 46 enfants».
Une page se tourne pour Nev et lasolitude fait place à la rencontre. L’Australien commence à fréquenterle village SOS, puis le centre de patronage social de Diên Biên. Ils’amuse avec les enfants, leur enseigne l’anglais et leur offre descadeaux : vêtements, aliments, livres, vélos … Parfois, il organise descompétitions sportives pour les enfants et les mères du village SOS.«J’aime beaucoup notre Monsieur le Tây (étranger occidental). Il offresouvent des livres et des vêtements à ceux qui étudient bien etréprimande ceux qui ne sont pas sages. Il nous manque lorsqu’il part enmission d’affaires pendant quelques mois», raconte un enfant du villageSOS de Diên Biên.
Au cours de ces cinq dernières années,Nev prolonge son visa à de nombreuses reprises afin de pouvoir resterplus longtemps avec les enfants de Diên Biên. «En Australie, j’ai troisenfants et sept petits enfants adorables. Mais j’ai une affectionparticulière pour les enfants démunis de Diên Biên. Je pense que cespetits ont toujours besoin de moi», explique Nev.
Comme àson habitude, Nev a un emploi du temps serré pour pouvoir aller partoutoù sa présence est nécessaire : le village SOS, le centre de patronagesocial, une maternelle privée où il donne des cours d'anglais, chez desamis proches… Chaque semaine est rythmée par ces visites. Lorsque sapension de retraite ne permet plus de couvrir les dons qui augmententprogressivement, Nev fait du commerce. Il essaye également desensibiliser ses amis étrangers à la situation difficile des enfants dudistrict de Diên Biên Dông afin qu’eux aussi fassent des dons.
"Heureusement, j’ai rencontré Nev"
Nevprend toujours en exemple la vie de son ami Binh vivant au marché deMuong Thanh : «M. Binh, originaire de Thai Binh est un vétéran deguerre. Sa femme et sa fille sont décédées lui laissant une petite filledéshéritée de 18 ans. Tous deux vivaient dans une hutte installée aufond du marché de Muong Thanh». Ému par cette situation, Nev achète deuxbillets d’avion pour permettre à M. Binh et sa petite-fille de rentrerdans leur province natale. Malheureusement, leurs proches ont aussileurs problèmes et M. Binh est contraint de retourner à Diên Biên. Aprèsson retour, Nev lui offre un triporteur de vente ambulant de viandegrillée afin qu’il puisse gagner sa vie. «J’ai pensé à la mort plusieursfois. Heureusement, j’ai rencontré Nev. Il m’a beaucoup aidé, il a boncœur. Je lui suis très reconnaissant», confie M.Binh, les larmes auxyeux.
À Diên Biên, Nev peut parler avec des soldats qui ontpassé des journées dans les combats acharnés de Diên Biên Phu etpartager les difficultés des habitants locaux. Nulle vie n’est pour luiplus significative, plus profonde et plus belle. -VNA