Quang Nam (VNA) - La commune de Câm Thanh, à 3 km de la vieille ville de Hôi An, reconnue patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999, s’est transformée depuis l’apparition des excursions touristiques en kouffa (bateau-panier) dans la forêt de palmiers d’eau.
Le kouffa, dit "thuyên thung" en vietnamien, est une embarcation circulaire en bambou tressé calfaté très utilisée au Vietnam, en particulier comme annexe sur les bateaux de pêche. Une balade dans ces bateaux est devenue un incontournable de la visite de Hôi An, province de Quang Nam (Centre). À tel point qu’avant la pandémie, il y avait bien souvent foule pour embarquer. "Il n’y a qu’environ 100 m entre les deux rives de la rivière Hoi Lang mais les touristes doivent attendre jusqu’à une heure avant de pouvoir embarquer sur un bateau-panier", raconte Dô Van Tiên, domicilié dans le village de pêcheurs de Van Lang, commune de Câm Thanh.
De pêcheur à rameur
Depuis les premiers semis récupérés dans le delta du Mékong il y a une centaine d’années, la forêt de palmiers d’eau (nypa fruiticans) Bay Mâu a longtemps été considérée comme une réplique miniature de la région du Nam Bô. Idyllique et pétillant d’ondulations, le marais s’avère un paradis pour les vacanciers en mal de grand air. Bien entretenus comme s’ils étaient les maisons des habitants, les bateaux sont un régal pour les yeux des visiteurs.
Tout comme d’autres villageois, Dô Van Tiên, l’un des fournisseurs de services de paniers de "première génération", a dépoussiéré et donné de nouvelles touches à son kouffa pour accueillir à nouveau les touristes alors que la province de Quang Nam a récemment lancé l’Année nationale du tourisme 2022. Il a remarqué un changement remarquable dans son village depuis l’introduction des services touristiques. Dans cette zone de pêche côtière, les villageois de Van Lang ont passé la majeure partie de leur vie à mener des activités de pêche sur des navires.
Maintenant que de nombreux habitants sont passés de la pêche ou de l’agriculture à l’offre d’excursions en bateau-panier et depuis que la forêt de palmiers d’eau Bay Mâu est ouverte au public, leurs revenus se sont améliorés.
Bien que "cet objet flottant" circulaire n’ait pas de proue, de volant ou de pièces pour entraver la pression de l’eau, la plupart des conducteurs trouvent qu’il est facile à les manœuvrer.
Le sentiment surréaliste de les voir flotter comme sur un nuage sans rien sous leurs pieds est peut-être ce qui captive la plupart des touristes. Des rameurs chevronnés tels que Pham Ly réussit à faire de leur travail un véritable art en faisant preuve d’une grande dextérité dans la conduite de ce bateau unique.
De 30 à 1.200 bateaux
Selon la vice-présidente du Comité populaire de la commune de Câm Thanh, Ngô Hiên Trân, le nombre de bateaux-paniers dans le village de Câm Lang est passé de 30 à près de 1.200 ces derniers temps. "Je me rappelle qu’au début, nous recevions des voyageurs internationaux mais nous ne pouvions mobiliser qu’une trentaine de bateaux de villageois pour les transporter", se souvient Dô Ba Tiên.
La rameuse Lê Thi Thoi, 63 ans, aime aller jusqu’à un tronçon de rivière où quelques pêcheurs jettent leurs filets. "La houle est plus puissante à cette période de l’année", explique Mme Thoi, ajoutant qu’il faut de l’expérience pour naviguer en fonction des directions du vent. Lorsque les excursions en bateau- panier sont devenues à la mode à la suite d’une émission de téléréalité mettant en vedette une reine de beauté sud-coréenne, de plus en plus de touristes d’Asie du Sud s’y sont rendus.
Les voyagistes ont visualisé de nouvelles opportunités pour exploiter cette ressource et ont financé eux-mêmes l’achat de bateaux. Alors qu’ils ont commencé à recruter des rameurs locaux, Mme Thoi est passée de la pêche à la conduite de bateau-panier pour transporter les visiteurs. "Après seulement quelques années, tous les villageois s’orientent vers la conduite de bateaux-paniers pour servir les touristes. Ma famille de six personnes possède six bateaux. Nous les améliorons régulièrement pour plus de sécurité", partage-t-elle.
Le village entier a fait peau neuve depuis le passage aux services touristiques, avec la multiplication ces derniers temps de nouvelles maisons à plusieurs étages. Pour Nguyên Thi Gai, une villageoise de Van Lang, pendant la haute saison des années pré-pandémiques, d’avril à octobre, tous les bateaux des ménages étaient en surréservation, alors même que la flotte était déjà forte de plus de 1.000 unités.
Selon Ngô Hiên Trân, la forêt de palmiers d’eau Bay Mâu a longtemps protégé les villageois des vagues et les a nourris de prises abondantes. Dès qu’elle a été exploitée à des fins touristiques, la plupart des habitants sont complètement passés à la conduite de bateaux-paniers et à l’ouverture de restaurants.
La ville de Hôi An prévoit de transformer les lieux en plusieurs villages touristiques fluviaux et d’attirer davantage de touristes avec divers produits, notamment des maisons à partir de palmiers d’eau et la sauce de poisson locale, informe-t-elle. -CVN/VNA