L’une des localités les plus pauvres du pays, la commune de Huu Lâp, district de Ky Son, province de Nghê An (Centre), est pourtant connue pour être composée de beaucoup de personnes âgées qui ont traversé deux, voire trois siècles.

Cette commune comporte une vingtaine de personnes de plus de cent ans. Malgré leurs âges canoniques, elles se portent toujours comme un charme. Près des maisons sur pilotis aux flancs des collines, de nombreuses personnes aux cheveux d’un pur blanc qui se déplaçaient d’une façon leste sans canne.

D’après Lôc Van Minh, président de l’Association des personnes âgées de la commune, «les vieux à Huu Lâp sont innombrables, notamment au village de Noong O». En se grattant la tête, il compte sur ses doigts, s’arrête et déclare en toute sincérité : «Au début, nous comptions le nombre de personnes âgées, mais au fur et à mesure, ça s’est décuplé. Plus personne ne continue à les dénombrer». En effet, on compte plus d’une vingtaine de centenaires et plus de 300 qui ont plus de 60 ans.

Au village Na, Lo Thi Quang tisse toujours des brocatelles. Âgée de 108 ans, cette femme, toute enthousiaste avec un sourire aux dents aussi noires que les graines des pommes-cannelles, a quatre enfants dont son benjamin qui est septuagénaire.

Elle a raconté qu’il y avait quelques années, elle pouvait encore chercher du bois en forêt, laver ses vêtements avec l’eau du ruisseau et ramener aussi de l’eau à la maison. Mais, ses descendants ne veulent plus qu’elle fasse de telles activités. Ce qu’elle trouve normal, mais, triste de ne plus rien faire, elle s’est mise à la couture. Hormis ce petit loisir, elle continue toujours à entretenir sa maison et à préparer des repas pour ses petits-enfants.

À quelques pas de là, se trouve la maisonnette de la doyenne Lu Thi Thin. Malgré ses 113 printemps, cette femme est encore très sagace et souriante. Elle ne parle pas le vietnamien mais utilise la langue de son ethnie avec cohérence. «Ma mémoire d’éléphant me permet de raconter mes histoires passées à mes descendants. J’aime visiter régulièrement mes voisins et j’arrive toujours à prendre soin de moi», déclare-t-elle avec fierté.

Selon le président de l’Association des personnes âgées de la commune, Huu Lâp comporte beaucoup de centenaires : Lu Phia Kham (111 ans), Luong Thi Hoan (109 ans), Lo Van Binh (101 ans), Luong Thi Bun (114 ans), Luong Thi La (113 ans),Vi Thi Tuong (113 ans), le couple L ươ ng Khăm Phăn (113 ans) et L ươ ng Th ị Th ắ m (104 ans) au village de X ố p Th ặ p... Tous sont en bonne santé avec une vue toujours fine.

Aux dires de Vi Thai Duong, président de la commune, Huu Lâp recense près de 3.000 personnes dont la plupart sont des ethnies Kho Mu et Thai. Mais ce recensement n’est pas complet car le nombre de personnes âgées est inconnu. Cette commune a plus d’une vingtaine de centenaires qui bénéficient de subventions étatiques.

Aucune étude scientifique n’a été menée pour l’instant pour expliquer ce grand nombre de personnes âgées en bonne santé. Boire et utiliser l’eau des ruisseaux, manger des mousses, travailler laborieusement sont-elles les clefs de leur longévité ? Serait-il possible que le climat doux et les sentiments humains soient à l’origine de leur longévité.

Le secret de la longévité ? «Nous ne savons pas. Nous vivons dans une ambiance sincère, sans jamais avoir de jalousie avec n’importe qui. Nous travaillons avec assiduité et nos plats favoris ne sont que des légumes cueillis dans la forêt, des poissons pêchés dans les ruisseaux, et des mousses provenant des pierres», répondent simplement des personnes âgées de la commune. – AVI