Les ethnies vietnamiennes ont leur village à Hanoi
Bien que les travaux ne soient pas encore terminés, le Village
culturel et touristique des ethnies du Vietnam attire déjà de nombreux
visiteurs. Trois zones d'habitation ont été achevées, la quatrième -
celle réservée aux ethnies Kinh (dite "ethnie majoritaire" car
représentant plus de 80% de la population du pays), Hoa, Ngái, Sán Dìu -
est toujours en travaux. Les zones de services sont également sur le
point d'être achevées grâce aux capitaux mobilisés de différentes
sources.
Pour déambuler d’une zone à l’autre, les
visiteurs ne doivent désormais plus marcher des kilomètres comme
auparavant mais ont maintenant de petits trolleybus à leur disposition.
Dans ce grand village sont reproduites les maisons
traditionnelles typiques de chaque ethnie, en tous points identiques à
celles de leur contrée d’origine, et ce jusque dans les moindres
détails. Elles ont été élaborées par des membres des ethnies concernées
qui sont venues sur place les construire avec des matériaux
traditionnels tels que bois, chaume, bambou, feuilles... Le Comité de
gestion du Village a invité des artisans issus de minorités ethniques à
venir créer, reproduire des espaces culturels, avec des outils, des
méthodes traditionnelles et des matériaux locaux. L’authenticité est
vraiment le mot d’ordre du Village culturel et touristique des ethnies
du Vietnam.
Préservation de l'identité culturelle
Le visiteur pourra ainsi en quelques centaines de mètres admirer la
maison H'mông, entourée d'un mur de pierre, la longue maison Ê đê aux
deux escaliers, le plus grand symbolisant la puissance du matriarcat, la
solide bâtisse en bois des Dao, celle des Muong au plancher de
bambou... Une découverte extraordinaire, qui prendrait des jours voire
des semaines s’il fallait se rendre dans leurs terroirs d’origine.
En plus des maisons traditionnelles, tout le cadre de vie a été
reconstitué à l’identique: plantes, objets familiers, ouvrages
religieux, etc. Beaucoup de touristes, vietnamiens comme étrangers, sont
extrêmement surpris d'y voir des pagodes khmères, des temples cham
reproduits à l'identique, dont la construction a parfois nécessité des
années.
Mais le point le plus admirable de ce
village, c’est qu’il est habité par des membres de minorités ethniques
"descendus de leurs montagnes" pour l’occasion. Pas des acteurs donc,
mais de simples gens qui jouent ici leur propre rôle. En fait, ils n’ont
pas à jouer de "rôle", mais seulement à agir, à se comporter comme ils
le feraient dans leur village d’origine. Et cela sous le regard des
visiteurs.
Depuis l’ouverture du Village des
ethnies il y a quatre ans, des milliers de ces "figurants", tous
volontaires, sont venus poser leur balluchon pour quelques semaines,
avant de repartir dans leur village d’origine. Et leur nombre n'a cessé
d'augmenter d'une année à l'autre. En 2010, 12 groupes ethniques
composés de plus de 300 personnes sont venus au Village. En 2011, 33
groupes de près de 1.200 personnes, et au premier semestre de cette
année, 21 groupes de près de 500 gens.
Un village multiethnique
Dans l'espace qui leur est réservé, les ethnies ont recréé un espace
de vie où ils évoluent comme ils le feraient dans leur terroir
d’origine, aussi bien dans les petits actes de la vie quotidienne que
lors des fêtes traditionnelles. Parmi les activités reconstituées : le
rituel de commémoration des soldats de l'archipel de Hoàng Sa (Paracel),
la course de chevaux de Bac Hà, les marchés flottants du Sud, la course
de vaches de Bay Núi (An Giang), les marchés montagnards du Nord... Un
espace extraordinaire, unique au Vietnam, où le mot "découverte" prend
tout son sens.
Les visiteurs ne sont pas les seuls à
être enthousiastes, les "figurants" le sont aussi. Ils sont fiers de
dévoiler leurs coutumes, de reproduire des fêtes qui pour certaines ne
sont plus guère pratiquées, de revêtir des tenues chamarrées propres à
leur ethnie, d’échanger avec les visiteurs.
Et
comme ces derniers, les "figurants" eux aussi découvrent des ethnies
qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de côtoyer, et dont parfois ils ne
connaissaient même pas l’existence ! C’est le cas par exemple des
minorités ethniques des montagnes du Nord-Ouest qui se retrouvent nez à
nez avec celles des hauts plateaux du Centre. Une rencontre improbable,
rendue possible par le Village des ethnies. L’occasion d’échanges très
festifs, où l’alcool de riz coule à flot.
La "maison commune" des 54 ethnies
D'après Lâm Van Khang, chef adjoint du Comité de gestion du Village
culturel et touristique des ethnies, pour que celui-ci puisse devenir la
"maison commune" des 54 ethnies du pays comme aujourd'hui, il a dû
traverser ces dernières années pas mal de difficultés, budgétaires
notamment, ce qui a freiné l'avancement du projet.
Malgré tout, grâce aux efforts inlassables du Comité de gestion, à une
action synchronique en termes d'infrastructures techniques,
d'habitations et d'aménagement paysager, le Village est devenu un lieu
très visité alors même qu’il reste encore de nombreux travaux à
accomplir. – VNA