Le marché de Dông Xuân

Situé dans le Vieux quartier, Dông Xuân est à la fois l’un des plus grands et des plus anciens marchés de Hanoï. Il a été construit en 1889 par les Français .
Le marché de Dông Xuân ảnh 1Le marché de Dông Xuân d’antan… Photo : CTV/CVN

Hanoi (VNA) - Situé dans le Vieux quartier, Dông Xuân est à la fois l’un des plus grands et des plus anciens marchés de Hanoï. Il a été construit en 1889 par les Français en nivelant la rivière Tô Lich et une partie du fleuve Rouge.

Il fut un temps, peut-être avant la Révolution de 1945, où les gens de Hanoï disaient : "Les pickpockets de Dông Xuân". Toutes proportions gardées, comme on disait ailleurs : "Les gangsters de Chicago". Dông Xuân avait aussi ses gangs et ses Al Capone en herbe.

Dông Xuân désigne l’un des plus grands marchés de Hanoï. Situé sur le principal axe du Vieux quartier, il faisait partie d’un ancien hameau qui portait le même nom avant de devenir une rue. Il a été construit en 1889 par l’administration coloniale française pour remplacer l’ancien marché de Câu Dông (Pont de l’Est), qui se trouve à l’est, près de la rivière Tô Lich, comblée en grande partie pour aménager de nouvelles rues.

Dông Xuân, un marché de gros

Couvert de tôle, Dông Xuân comprenait cinq larges compartiments. Desservi par le fleuve Rouge tout proche que traverse une voie ferrée sur l’ancien pont Doumer (aujourd’hui le pont Long Biên) et que sillonnent des chaloupes et des barques, et par un tramway qui s’arrêtait devant sa porte, le marché regroupait les produits de tout le pays et vendait surtout en gros. Empli de marchandises et grouillant de monde, il offrait un spectacle toujours haut en couleur qui ne manquait pas d’attirer le colon en mal d’exotisme.

Le marché de Dông Xuân ảnh 2… et d’aujourd’hui. Photo : Minh Dông/VNA/CVN

Au tournant du siècle, pour le paysan casanier et vivotant dans les campagnes dénuées, Hanoï - avec ses premières lampes électriques et son fameux marché de Dông Xuân -  produisait un effet mirobolant, comme le prouve une chanson populaire de l’époque :

Hanoï est une grotte de fées

Dès six heures du soir, ici, là-bas, partout

S’allument les lumières, scintillent mille feux

Mais le plus joyeux

De tous ces lieux

C’est le marché de Dông Xuân, où l’on trouve tout

Et de partout.

Voici comment était le marché aux années 1930. Le compartiment du centre était occupé par les marchandes de classe (la grande majorité des commerçants étaient des femmes) : les marchandes d’étoffe trônant sur des lits de camp et les marchandes des quatre-saisons assises derrière de gros paniers de pommes, d’oranges et d’autres fruits importés de Hong Kong (Chine), de San Francisco (États-Unis)…, de légumes de luxe (choux fleurs, choux, poireaux…) venus des hautes altitudes (Sa Pa, Dà Lat). D’autres emplacements étaient réservés aux merciers (surtout des Chinois), aux restauratrices avec leurs spécialités qui faisaient les délices du fin gourmet de Hanoï (nem, pho, bouillon de crabes aux vermicelles…), aux marchandes de porc rôti, de vaisselle, de plantes d’ornement, de médicaments traditionnels, de bétel, de noix d’arec, de vannerie…, et même à une dizaine de devins et de diseuses de bonne aventure aveugles ou pseudo-aveugles.

Un lieu à la fois commercial et culturel

L’ancien Dông Xuân évoquait plus d’un souvenir attendri aux poètes et écrivains.

Le brillant nouvelliste et essayiste Thach Lam (1909-1942) a dépeint en termes touchants l’échoppe de thé de Mademoiselle Dân devant le marché : "… À son étalage, elle n’a pas grande chose : quelques chiques de bétel, quelques paquets de tabac pour pipe à eau, des cigarettes au détail, des bols de faïence pour le thé - retournés sur le minuscule comptoir de bambou, comme dans toutes les échoppes de thé du Vietnam… Dans une échoppe de thé, on trouve du thé mais aussi une charmante marchande. Il faut savoir qu’au Vietnam, une jolie marchande de thé est une figure bien typique de la vie quotidienne… Nombreux sont les romans qui commencent et finissent dans une échoppe de thé".

Après la réoccupation de Hanoï par la résistance victorieuse (1954), l’accent a été mis sur l’étatisation du commerce, ce qui a diminué l’animation de Dông Xuân. Le marché a connu un véritable regain d’activité au cours des années 1980, surtout avec la politique de rénovation économique qui encourage l’entreprise privée. Françoise Corrèze, journaliste française, a noté :

"Le marché est plein d’odeurs qui vous sautent au visage et au cœur à vous en faire tourner la tête : cannelle, safran, avec ça et là une pointe de poivre ou de gingembre… Il y a bien sûr des fruits : bananes, papayes, mandarines, oranges plus vertes qu’ensoleillées, à la peau souvent granuleuse".

Pour répondre au ravitaillement de Hanoï dont la population a plus que décuplé en un siècle, le marché de Dông Xuân a été rebâti en 1990. Il s’est modernisé tout en gardant son ancienne façade. Malheureusement, il a été complètement détruit par l’incendie de juillet 1994 qui a causé des dégâts s’élevant à 17 millions de dollars américains. Le marché reconstruit une deuxième fois a été inauguré en décembre 1996. Il règne plus d’ordre et de propreté, mais on pourrait y regretter l’anarchie pittoresque d’un âge révolu. - Huu Ngoc/CVN

Voir plus

Le 34ᵉ Festival Changé d’Air, placé cette année sous le thème « Vietnam – culture, art, gastronomie, musique et vie quotidienne », s’est ouvert le 6 novembre au Centre socioculturel Le Rabelais. Photo: https://actu.fr/

Dix jours pour célébrer la culture vietnamienne en France

Le 34ᵉ Festival Changé d’Air, placé cette année sous le thème « Vietnam – culture, art, gastronomie, musique et vie quotidienne », s’est ouvert le 6 novembre au Centre socioculturel Le Rabelais, dans la ville de Changé, département de la Sarthe, région Pays-de-la-Loire.

Vinh Long célèbre la fête Ok Om Bok

Vinh Long célèbre la fête Ok Om Bok

La fête Ok Om Bok, événement culturel traditionnel de la communauté khmère et patrimoine culturel immatériel national reconnu, s’est tenue le 5 novembre au site historique et pittoresque d’Ao Ba Om, dans la province de Vinh Long, au cœur du delta du Mékong.

Œuvre "Mua xuân dên" (L’arrivée du printemps), de Vu Công Diên, huile sur toile, 100x120cm. Photos : NDEL

Les beaux-arts contemporains vietnamiens enchantent à l’Asian Art de Londres

Les œuvres de quatre artistes vietnamiens contemporains ont suscité l’intérêt des collectionneurs, des maisons de vente aux enchères et des amateurs d’art du Royaume-Uni et du monde entier lors de l’exposition « Vietnam - Beauté enchanteresse », qui s’est tenue du 31 octobre au 5 novembre chez Sotheby’s.

Le rituel d’offrande du côm dep, sorte de jeune riz gluant aplati, est une spécialité khmère en l’honneur de la Lune. Photo : VNA

Can Tho célèbre la fête de la Lune des Khmers

Selon les croyances du peuple khmer, la fête de la Lune, célébrée au milieu du dixième mois lunaire, est l’occasion de rendre grâce au génie lunaire pour des récoltes abondantes. Dans la soirée du 4 novembre 2025, la cérémonie du culte de la Lune s’est tenue au temple Khleang, dans la ville de Can Tho, dans le cadre de la fête Oc Om Boc – course de pirogues Ngo traditionnelles.

Photo d'illustration : VNA

Projet de documents du 14e Congrès du Parti : Placer la culture au même rang que l’économie et la politique

Le projet de Rapport politique du Comité central du Parti (13ᵉ mandat) présenté au 14ᵉ Congrès national du Parti suscite un large intérêt ainsi que de nombreuses contributions de la population. Ce document clé confère à la culture le statut de fondement spirituel de la société, la positionnant comme à la fois un objectif et un moteur essentiel du développement durable du pays pour la nouvelle ère.

L'artiste Kiêu My et de jeunes artistes du Théâtre de hát bội de Hô Chi Minh-Ville interprètent la pièce « Fête de la maison communale du village». Photo : ttbc-hcm.gov.vn

Le Théâtre de hát bội de Hô Chi Minh-Ville, passeur de culture et de mémoire

Depuis plusieurs années, le Théâtre de hát bội de Hô Chi Minh-Ville propose chaque semaine des représentations dans les espaces publics de la ville. En parallèle, il collabore avec des établissements scolaires pour rapprocher cet art ancestral de la jeunesse. Une démarche à la fois patrimoniale et novatrice, qui vise à préserver l’identité culturelle tout en conquérant de nouveaux publics.