Hanoi (VNA) - La réalisatrice vietnamienne Xuân Phuong figure dans la liste des 100 femmes les plus inspirantes en 2024, selon la BBC. Cette distinction célèbre des femmes d’exception incarnant résilience et volonté de transformer le monde dans des domaines variés, allant de la culture à la science.
Nguyên Thi Xuân Phuong, connue sous le nom de Xuân Phuong, est une figure remarquable de l’histoire vietnamienne.
Née en 1929 à Huê (Centre), dans une famille noble, elle s’est engagée dans la révolution vietnamienne dès l’âge de 16 ans. Sa vie est marquée par une multitude de contributions exceptionnelles à son pays, notamment pendant les deux résistances nationales pour l’indépendance. Elle a occupé divers rôles, parmi lesquels médecin, journaliste de guerre et réalisatrice à la Télévision nationale du Vietnam, propriétaire de la galerie Lotus.
Ses films documentaires, comme Viêt Nam và chiêc xe dap (Le Vietnam et le vélo, en 1974), Khi nu cuoi tro lai (Quand les sourires reviennent, en 1976), Hai tiêng quê huong (Deux mots : pays natale, en 1978) et Tôi viêt bài ca hôi sinh (Je compose un chant pour la renaissance, en 1979), témoignent des événements historiques et des réalités de la guerre. Ces œuvres capturent à la fois la douleur et l’espoir, offrant un regard authentique sur l’histoire vietnamienne.
La BBC écrit à son sujet : La propriétaire de la galerie Lotus fête ses 95 ans et mène une vie pleinement accomplie”.
Une plume tardive mais puissante
Bien qu’elle n’ait commencé à écrire qu’en 2020, Xuân Phuong s’est rapidement imposée avec ses mémoires. Son premier ouvrage, Ganh ganh gông gông (Supporter le fardeau), a remporté le prix littéraire de l’Association des écrivains vietnamiens en 2020. Ce récit émouvant retrace sa vie pendant les deux guerres, ainsi que ses contributions dans divers domaines.
En septembre 2024, elle a publié son deuxième livre, "Khac di... khac dên" (Aller et venir), un ouvrage empreint d’humour et de réflexions sur la vie. Ce livre, déjà réédité trois fois, a dépassé les 4.000 exemplaires vendus en seulement deux mois. Ces ouvrages ne sont pas de simples autobiographies. Ils plongent les lecteurs dans les défis et triomphes d’une vie consacrée à l’art, à la culture et à l’humanité. Ils regorgent de leçons de résilience, d’humilité et de créativité face à l’adversité.
Après sa retraite en 1988, l’artiste a travaillé en France pour des studios de cinéma et comme traductrice.
Chaque fois que je rencontrais quelqu’un, qu’il soit ami ou simple connaissance, tous exprimaient de la pitié pour le Vietnam : une terre en guerre, des enfants souffrants. Au début, cela me réconfortait, mais peu à peu, cela m’a étouffée. Pourquoi parler seulement de la douleur et des souffrances du Vietnam ? Nous avons une culture millénaire, une richesse à partager, se souvient-elle.
Déterminée à changer la perception internationale du Vietnam, souvent réduit à ses souffrances de guerre, elle retourne au pays en 1991 et ouvre la galerie d’art Lotus. À une époque où les activités commerciales privées étaient encore rares, ce projet était un pari audacieux. Malgré les obstacles, la galerie a prospéré, soutenant des artistes peu connus et présentant la diversité de l’art contemporain vietnamien au public international.
Avec seulement 2.000 USD, elle a acheté 37 œuvres du peintre Truong Dinh Hào pour sa première exposition. Cette initiative courageuse a permis à cet artiste, alors inconnu, de gagner une reconnaissance internationale.
Soutien indéfectible aux artistes
Xuân Phuong a joué un rôle crucial dans la promotion des artistes vietnamiens. Avec ses économies, elle a acheté des œuvres d’artistes talentueux mais inconnus, organisant des expositions qui ont souvent transformé leur carrière. Aujourd’hui, la galerie Lotus abrite près de 4.000 œuvres.
L’un des artistes qu’elle soutient, Lê Vo Tuân, témoigne : Mme Xuân Phuong m’a acheté mes premières œuvres il y a 20 ans. Ce n’était pas juste un acte d’achat. Elle m’a accompagné tout au long de mon parcours, me faisant voyager en Europe pour découvrir les musées et galeries. Cela a changé ma vision de l’art .
Malgré les défis économiques, elle a maintenu sa vision de créer un espace où l’art vietnamien pourrait prospérer. Elle a refusé des offres d’achat désavantageuses pour les artistes, insistant sur leur juste reconnaissance. Grâce à elle, de nombreux artistes qu’elle a soutenus sont aujourd’hui largement respectés.
En 2011, elle a reçu la Légion d’honneur du gouvernement français pour ses contributions à l’amitié franco-vietnamienne. Aujourd’hui, alors qu’elle célèbre les 30 ans de sa galerie, elle prépare un nouveau livre intitulé Couleurs sans frontières , consacré à son parcours artistique et aux défis rencontrés.
Xuân Phuong demeure une figure exceptionnelle, incarnant la détermination et la passion. Elle a su transformer les défis de sa vie en une source d’inspiration pour les générations futures.
À 95 ans, elle continue d’inspirer par son énergie inépuisable et son engagement envers l’art et la culture. Elle prépare la transmission de sa galerie à une nouvelle génération, assurant ainsi que son héritage perdurera. La galerie Lotus continuera d’être un tremplin pour les artistes émergents, fidèle à sa vision de promouvoir un art vietnamien vibrant et universel.
À travers ses multiples rôles, Xuân Phuong incarne une vie de services et de créativité. Son histoire témoigne du pouvoir de l’art comme pont entre les cultures et moteur de transformation sociale. – CVN/VNA