Hanoi (VNA) – Dans la culture vietnamienne, les objets dorés à la feuille d’or occupent une place très importante. La plupart des monuments tels que les temples, pagodes et sanctuaires possèdent des panneaux, des couplets parallèles et des statues recouverts de dorure ; en outre, la feuille d’or est également utilisée dans l’art contemporain. Cependant, il n’existe qu’un seul village au Vietnam spécialisé dans ce métier : le village de Kiêu Ky dans le district de Gia Lâm, en banlieue de Hanoi.
Autrefois menacé de disparition, le métier de dorure de Kiêu Ky connaît aujourd’hui une renaissance spectaculaire. Partout où l’on va, que ce soit dans des monuments grands ou petits, on rencontre des statues, des couplets parallèles, des panneaux, ornés de dorures éclatantes. Leur durabilité, qui peut atteindre des centaines d’années, est due à l’utilisation de l’or et de l’argent véritables, permettant à ces œuvres de conserver leur beauté au fil des siècles. Tous ces produits dorés sont étroitement liés au nom du village de dorure à la feuille d’or Kiêu Ky dans la commune éponyme.
Le métier de la dorure à la feuille d’or et d’argent est apparu dans la commune de Kiêu Ky il y a plus de 300 ans, sous la dynastie Lê Trung Hung (1740-1786), grâce à un villageois Nguyên Quy Tri, originaire du village de Hôi Xuyên, commune de Liêu Trai, province de Hai Duong (au Nord-Est), qui l’a transmis aux habitants du village de Kiêu Ky. En reconnaissance de ses contributions, les habitants de Kiêu Ky le vénèrent en tant que fondateur du métier de dorure à la feuille d’or et d’argent.
Nguyên Anh Chung est attaché au métier de la dorure à la feuille d’or depuis plus de 20 ans. Selon lui, ce métier exige beaucoup de minutie et de persévérance. À partir d’une fine couche d’or appliquée sur les objets, il faut environ 40 étapes pour obtenir le produit final.
Dans n’importe quel métier, il y a de la concurrence. Le travail de dorure et d’argenture nécessite une grande technique pour produire des pièces belles, ce qui exige que tous les artisans, apprennent et se perfectionnent, afin qu’en appliquant l’or ou l’argent, cela embellisse le produit. Autrefois, les lingots d’or et d’argent étaient martelés pour être allongés et affinés (appelé «đập diệp»), puis découpés en carrés de 1 cm de côté avant d’être placés dans des «feuilles de dorure».
Selon Lê Thi Dâu, une artisane chevronnée dans ce métier, les bijoutiers effectuent déjà cette étape «đập diệp»), ce qui allège le travail des artisans. Les feuilles de dorure sont faites de papier dó (poonah) de 4 cm de côté, renforcé par une encre spéciale fabriquée à partir de suie et de colle de peau de buffle. Les fines feuilles d’or sont placées dans ces feuilles de dorure, puis empilées, enveloppées, et martelées sur une enclume en pierre à l’aide de marteaux spécifiques.
Un artisan habile peut transformer un tael d’or en une feuille dorée d’une superficie de plus de 1 m². Ce produit fini est ensuite utilisé pour dorer des objets de culte, des objets d’art ou des œuvres artistiques.
Il y a une période assez longue où les monuments historiques n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritaient, et au lieu d’être décorés de feuilles d’or, beaucoup ont été peints avec des peintures importées, ce qui a rendu le métier de l’artisanat très difficile. Cependant, ces dernières années, le métier a repris vie grâce à l’investissement dans la restauration des monuments. De plus, la feuille d’or est désormais appliquée à divers produits tels que la céramique, les peintures laquées, et d’autres œuvres artistiques.
L’artisan émérite Lê Ba Chung indique que le village compte une coopérative industrielle de dorure à la feuille d’or Kiêu Ky et 13 groupes de travail, impliquant 60 foyers. Une innovation majeure des artisans est que, contrairement au passé où ils produisaient uniquement des feuilles d’or pour le marché, aujourd’hui, ils conçoivent eux-mêmes les produits dorés et les commercialisent.
En particulier, la coopérative industrielle de dorure à la feuille d’or Kiêu Ky a inscrit 9 produits dorés emblématiques au programme «À chaque commune son produit» (OCOP). Grâce à cela, la coopérative a obtenu la certification OCOP 3 étoiles pour les pipes à eau dorées et 4 étoiles pour 8 produits tels que : les statues de l’héro Hung Dao Dai vương Trân Quôc Tuân, les bols de lotus, les tambours de bronze. De plus, de nombreux autres produits uniques sont également fabriqués.
«Si nous nous limitons à la production d’objets de culte, notre activité sera saisonnière. Chaque année, du mois d’avril à juin, il y a une période de faible activité. C’est pourquoi, en tant que nouvelle génération, nous devons créer des opportunités d’emploi pour notre communauté en nous tournant vers les espaces intérieurs, ce qui nous garantit un travail constant », a déclaré Hoàng Thi Anh, une artisane honorée par le Comité populaire municipale comme «Artisan de Hanoi» pour la dorure à la feuille d’or, d’argent et la laque dorée artistique.
En répondant aux besoins de la société et en innovant la création de nouveaux produits, le village de Kiêu Ky connaît une renaissance solide et durable. – NDEL/VNA