La littérature enfantine cherche à écrire un nouveau chapitre
L’offre de livres pour enfants s’est considérablement étoffée au Vietnam et a gagné en qualité, proposant aux enfants un vaste choix d’œuvres pour l’essentiel étrangères.
Hanoi (VNA) - L’offre de livres pour enfants s’est considérablement étoffée au Vietnam et a gagné en qualité, proposant aux enfants un vaste choix d’œuvres pour l’essentiel étrangères. Mais les auteurs boudent cette forme littéraire et sous-estiment son potentiel à la fois culturel et commercial.

Les livres pour enfants proviennent en majorité de l’étranger, des œuvres traduites qui savent parfaitement capter l’attention des petits lecteurs vietnamiens. C’est une façon pour eux de connaître la littérature en dehors des frontières du Vietnam. Mais c’est aussi le signe que le genre a du mal à attirer des talents locaux et à se développer à l’intérieur du pays.
Le secteur jeunesse représente à peine 20% des publications annuelles, et peu de titres sont écrits sous la plume d’auteurs vietnamiens. Une des raisons invoquées est ce fossé générationnel entre les enfants d’aujourd’hui et les écrivains. Ces derniers, qui ont passé une partie de leur enfance en temps de guerre et ont traversé des périodes difficiles après la libération, connaissent finalement peu la nouvelle génération et leurs goûts en matière de lecture et d’intérêts. Trân Hoài Duong, auteur à succès dans le genre et décédé en 2011, avait admis à l’époque qu’il était incapable d’écrire quoique ce soit sur le jeu en ligne, une passion pour de nombreux jeunes, pour la simple raison qu’il ne connaissait rien à ce sujet.
Un encouragement nécessaire
Comment redonner goût à un genre qui reste impopulaire auprès des auteurs vietnamiens ?
Pour certains, la littérature enfantine ne permet pas de faire valoir sa carrière. Pour d’autres, il est difficile de vivre de ce seul travail, les contraignant de devoir cumuler avec d’autres métiers. Enfin, certains avancent qu’il n’y a pas de politique pour encourager et surtout mettre en valeur les écrits destinés aux enfants. Et c’est sans compter que les Vietnamiens eux-mêmes goûtent peu à la littérature.

Pour l’écrivain Trân Duc Tiên, chef du Service de la littérature pour enfants de l’Association des écrivains vietnamiens, «les écrivains n’ont pas été encouragés à écrire pour les petits lecteurs. Beaucoup d’auteurs pensent qu’il est plus facile de se faire connaître s’ils écrivent pour les adultes. L’État devrait aussi appliquer une politique volontariste afin de motiver les auteurs».
Une littérature qui émerge
Conscientes du problème, certaines maisons d’édition avaient déjà organisé des campagnes pour encourager et promouvoir le style, mais ces rencontres remontent à loin déjà. Par exemple, la Maison d’édition de la jeunesse avait mis sur pied par trois fois le concours «Les enfants pour l’avenir du pays». Sans omettre le projet de soutien entre le Vietnam et le Danemark qui avait été lancé en 2006 jusqu’en 2015, réunissant à la fois des écrivains danois et hanoiens, les Éditions Kim Dông et l’ambassade du Danemark au Vietnam. Le comité de sélection avait reçu près de 4.000 manuscrits, dont plus de 200 bandes dessinées. Une centaine d’oeuvres ont été primées avant leur publication par les Éditions Kim Dông. En outre, 16 clubs de lecture ont été créés en marge de nombreuses rencontres entre les lecteurs et les auteurs.

Et l’on ne compte plus les œuvres littéraires qui ont traversé le temps et accompagné des générations d’enfants sans jamais prendre une ride. Les plus connues sont, entre autres, Dê mèn phiêu luu ky (Les aventures du Grillon) de Tô Hoài, Dât rung phuong Nam (La terre et la forêt du Sud) de Doàn Gioi, La co thêu sau chu vàng (Le drapeau brodé de six lettres d’or) de Nguyên Huy Tuong, Sao Khuê lâp lanh (La constellation qui scintille) de Nguyên Duc Hiên ou Bup sen xanh (Le bouton de lotus vert) de Son Tung.
Qui sait, dans le futur, si les efforts continuent dans ce sens, on pourra dire de la littérature enfantine au Vietnam qu’«elle vécut heureuse, jusqu’à la fin des temps». -CVN/VNA