et au Vietnam. Photo : Thanh Vu/VNA
Hanoi (VNA) - Le vice-Premier ministre Vu Duc Dam a récemment demandé au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme de coopérer avec certains pays dans l’élaboration d’un dossier commun pour inscrire la laque poncée au patrimoine de l’Humanité.
La partie sud-coréenne a adressé le 16 septembre dernier au ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme une lettre demandant la coopération du Vietnam afin que le métier de la laque poncée soit reconnu patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
La coopération avec les autres pays dans l’élaboration de ce dossier contribuera à préserver et valoriser ce métier traditionnel, mais aussi à promouvoir la coopération internationale dans la protection des patrimoines au niveau régional.
Une fois cette coopération autorisée, la laque poncée sera le deuxième dossier préparé pour l’UNESCO dans le cadre d’une coopération entre le Vietnam et d’autres pays.
Le précédent concernait les jeux de tir à la corde, impliquant le Cambodge, la République de Corée et les Philippines. Ils ont été de plus inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité lors de la 10e session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO dédiée à la question, en Namibie fin 2015.
Le métier de la laque est pratiqué au Japon, en Chine, en République de Corée et au Vietnam. Concernant ce dernier justement, la laque est employée depuis longtemps dans l’artisanat ou pour la décoration d’ouvrages architecturaux tels que pagodes ou temples. La pagode Dâu (dans la province septentrionale de Bac Ninh), construite au IIe siècle après J.-C, conserve encore ses statues de Bouddha laquées et sculptées sous les différentes dynasties.
Vers 1930, la laque vietnamienne est devenue un nouveau support de création.
Un patrimoine inestimable
Les tableaux laqués ont été réalisés depuis des siècles au Vietnam, illustrant des scènes de la campagne ou optant pour un style purement décoratif. L’utilisation de la laque dans la peinture a connu un essor important dans les années 1920 et 1930 au contact de l’art occidental, introduit à l’époque coloniale française avec la fondation à Hanoi de l’École des beaux-arts de l’Indochine en 1925.
Vers 1930, la laque vietnamienne est devenue un nouveau moyen de création, en particulier pour la peinture vietnamienne moderne. Elle a reçu en outre une nouvelle appellation, la laque poncée. Et depuis, plusieurs générations de peintres vietnamiens se sont attelées à développer la technique pour en faire une voie artistique à part entière.
Préserver les sources de matières premières
En jouant avec les couleurs, les effets de brillance et les contrastes, la laque poncée offre à l’artiste des moyens pour créer une oeuvre tant réaliste que symbolique.
Huu Ngoc, célèbre chroniqueur spécialiste de la culture vietnamienne, avait notamment écrit quelques lignes au sujet de ce courant artistique : «La laque vietnamienne moderne, issue d’une tradition plurimillénaire et fruit d’un mélange des cultures chinoises, françaises et japonaises, pourrait être un exemple de fidélité à l’identité culturelle national. Mais cette fidélité est si on peut dire dynamique et évolutive. Un moyen d’apprécier la qualité de ladite identité culturelle serait peut-être de ressentir cette force tranquille, à l’épreuve de toute tergiversation morale ou dissonance cognitive».
Actuellement, peu de régions plantent des sumacs, l’arbre à l’origine de la laque. La région Thanh Son, dans la province de Phu Tho dans le Nord, est la seule du pays où l’on trouve des sumacs produisant de la résine de très haute qualité.
Selon le peintre Lê Thiêt Cuong, l’automne est la période propice pour récolter la résine. Et d’ajouter que pour développer cet art, il est impératif de préserver la région vouée aux plantations, et d’appliquer des politiques spécifiques aux villages de métiers traditionnels dédiés à la laque poncée. -CVN/VNA