Hanoi (VNA) - La rue Hang Bac était jadis celle de la corporation des monnayeurs. C’était l’une des plus prospères de Thang Long. De nos jours, elle abrite une multitude d’ateliers et de boutiques d’orfèvrerie.
La rue Hang Bac se trouve au coeur du vieux quartier de Hanoi, dans l’arrondissement de Hoan Kiem. Malgré les vicissitudes du temps, elle a su garder les traits architecturaux et surtout le style de vie d’un vieux village d’artisanat. Les maisons de style traditionnel aux toits de tuiles rouges en côtoient d’autres à l’architecture occidentale, vestige de l’époque coloniale, où la rue Hang Bac s’appelait "rue des changeurs". Mais c’est au 15ème siècle, sous la dynastie des Lê postérieurs, que l’on retrouve les premières traces d’une activité. De cette époque reste la maison communale Kim Ngan, érigée par des artisans venus de la campagne pour fonder une corporation d’orfèvres.
«C’est vers le 15ème ou 16ème siècle qu’un ministre de la cour des Lê, un certain Luu Xuan Tin, qui était lui-même originaire du village de Chau Khe, dans la province de Hai Duong, s’est vu confier par la cour la tâche de fabriquer des pièces de monnaie en argent. Il a alors fait venir les artisans chevronnés de son village natal, mais aussi d’autres villages comme Dong Xam, dans la province de Thai Binh, ou Dinh Cong, pour créer une corporation dans la citadelle de Thang Long. Au début, il s’agissait de travailler uniquement l’argent. Et puis petit à petit, ça a évolué vers l’orfèvrerie.» informe Pham Huy Dung, issu d’une famille qui habite la rue Hang Bac depuis longtemps.
De nos jours, la rue Hang Bac ne s’étend que sur 500 mètres environ mais elle abrite des centaines de boutiques et d’ateliers d’orfèvrerie. La plupart des artisans sont maintenant équipés de machines modernes, mais certains d’entre eux préservent leur savoir-faire artisanal, comme Nguyen Chi Thanh, de l’atelier Hong Chau.
«C’est un métier ancestral que j’aime beaucoup et que je cherche à préserver à tout prix. La rue Hang Bac compte des centaines de boutiques et d’ateliers, mais les objets proposés se ressemblent tous car ils sont fabriqués à la machine. Moi, je travaille toujours manuellement. C’est ce qui me distingue de mes confrères», confie M. Thanh.
En plus de préserver leurs traditions corporatistes, les habitants de la rue Hang Bac maintiennent également un style de vie typique du vieux quartier. Les familles riches vivent toujours de manière modeste et se tiennent prêtes à aider celles qui sont en difficulté. Quant aux femmes de Hang Bac, elles sont connues pour leur talent dans le commerce, mais aussi pour leur féminité et pour leur capacité à préserver le bonheur familial. Du haut de ses quatre-vingt ans, Hoang Thi Khue n’a rien perdu de sa distinction. Elle nous parle de sa famille : «Ma famille vit depuis toujours dans cette rue. Je garde des souvenirs attendris de mes parents et de l’ambiance joyeuse qui régnait autrefois. Même si notre maison est exiguë, nous réservons un espace au culte des ancêtres comme autrefois.»
Aujourd’hui, la rue Hang Bac compte non seulement des boutiques et des ateliers d’orfèvrerie, mais aussi des hôtels et des agences de voyage. La rue est donc très fréquentée par les touristes étrangers, ce qui ne l’empêche pas de conserver le caractère d’un quartier commercial traditionnel. –VOV/VNA