
À des fins d’illustration, parlons de l’histoire de Bùi Thi Mai, ouvrièredans la zone industrielle de Bao Minh, province de Nam Dinh (Nord). Avant detrouver son emploi actuel, elle pesait 40 kg alors que les critères d’embauchede l’entreprise dans laquelle elle voulait postuler exigeaient un poids minimumde 42 kg et une taille de 1,50 m. Afin de remplir ces conditions, la candidates’est forcée à manger et à dormir tôt chaque jour afin de gagner du poids.
"Cette période était très pénible pour moi. J’étais triste etangoissée à cause de la mort précoce de mon père. L’insomnie me creusait levisage. Pourtant, j’ai refusé l’échec et, entourée de mes amis, je me suistenue à un programme diététique afin de prendre de la masse et, en un mois,j’atteignais le poids requis", se souvient Mme Mai.
Partir pour échapper à la pauvreté
Bùi Thi Mai n’est pas un cas isolé. Beaucoup de femmes se voient forcées dequitter leur village natal pour s’installer dans les zones urbaines afin debénéficier des opportunités professionnelles offertes par les villes. Certainessont même contraintes de s’expatrier.
"Je vais bientôt partir pour Taïwan (Chine), dans un moisenviron", explique Mme T, ouvrière dans une compagnie d’électroniquesituée dans le district de Hai Hâu, province de Nam Dinh. Travaillant commeouvrière depuis à peu près de cinq ans, son maigre revenu ne permet pasl’épargne. En effet, son salaire de base s’élève à 3,3 millions de dôngset peut, avec les heures supplémentaires, atteindre les 4,5 millions. Devenueveuve très jeune, elle doit élever seule ses enfants sur cette insuffisantebase financière. Travaillant d’arrache-pied le jour et s’occupant des enfantsle soir, la vie que mène Mme T. ne permet aucun repos.
Dans cette triste perspective, après les congés du Têt, l’ouvrière a mobiliséses connaissances et emprunté de l’argent à sa famille afin de pouvoir partirtravailler à l’étranger dans l’espoir de bénéficier d’un revenu plus élevé etd’échapper à la pauvreté. Ses enfants devront donc se passer de la chaleur del’amour maternel. Mais comment faire autrement? C’est un sacrifice que leurmère accepte de faire pour leur donner une vie meilleure.
D’une manière générale, les femmes qui travaillent à l’usine font preuve d’uncourage sans faille dans un secteur physiquement très éprouvant pour elles. Sielles acceptent sans sourciller ce genre de sacrifice, il n’en demeure pasmoins qu’elles souhaiteraient se voir secondées à la maison et soutenues par lesorganismes de protection des travailleurs.
Contribution des syndicats à la cause des ouvrières

Ces dernières années, les organisations syndicales ont joué un rôle importantdans la promotion de l’égalité des sexes en protégeant les intérêts légitimesdes travailleuses. La Fédération du travail de Bac Ninh (Nord) est ainsimobilisée avec le Centre de développement et d’intégration (CDI) pour mettre enœuvre le projet "Promouvoir les droits et les voix des travailleursissus de l’exode rural, en particulier les travailleuses, afin d’assurer lasécurité sociale et de meilleures conditions de travail dans les zonesindustrielles de Bac Ninh". Le volet spécifique à la condition desfemmes insiste sur les questions de sécurité et de pénibilité au travail.
Ce plan social est prévu pour la période allant de 2017 à 2021 dans les zonesindustrielles de Yên Phong et Quê Vo. Il vise à former six groupes d’ouvriers"tests" afin de les sensibiliser aux droits que la loi leur accordeet d’améliorer leur quotidien en organisant des activités culturelles etsportives.
Pour sa part, la Confédération générale du travail du Vietnam a participéactivement à l’élaboration des politiques relatives aux femmes ouvrières, notamment en déposant des projets d’amendement de la Constitution, du Code dutravail, de la Loi sur la sécurité sociale...
De la même façon, elle est un membre actif du Comité national des salaires etde celui pour le progrès des femmes. Ce syndicat coopère également avec lesministères du Travail, des Invalides et des Affaires sociales, desFinances et de la Santé, dans le but d’élaborer des lignes directrices concernantles réductions d’impôt pour les entreprises employant un grand nombre detravailleuses...
Parallèlement, les organisations syndicales de base se sont faites les relaisdes besoins et des aspirations des masses laborieuses féminines.
Si toutes ces mesures contribuent à aplanir les obstacles se dressant devantles femmes dans le monde du travail, elles ne suffisent pas à régler le fond duproblème. Une prise de conscience collective et individuelle est nécessairedans ce domaine. Seule une synergie entre la société et ses représentantschargés de la promotion, de la mise en œuvre et du suivi des politiquesrelatives aux femmes ouvrières et à l’égalité des sexes permettra de trouverdes solutions sur le long terme. Les femmes seront dès lors en mesure demontrer l’étendue de leurs capacités, de jouir des droits qui leur reviennentet de finalement trouver leur place idéale dans la société. – CVN/VNA