Hanoi (VNA) – Le monde du travail est semé de difficultés pour les femmes. Épaulées par les syndicats, nombre d’entre elles se battent chaque jour pour combler le fossé qui les sépare des hommes.
Un cours de couture avant de partir travailler à l’étranger dans une compagnie d’exportation de main-d’œuvre à Hanoï. Photo: CVN
À des fins d’illustration, parlons de l’histoire de Bùi Thi Mai, ouvrière dans la zone industrielle de Bao Minh, province de Nam Dinh (Nord). Avant de trouver son emploi actuel, elle pesait 40 kg alors que les critères d’embauche de l’entreprise dans laquelle elle voulait postuler exigeaient un poids minimum de 42 kg et une taille de 1,50 m. Afin de remplir ces conditions, la candidate s’est forcée à manger et à dormir tôt chaque jour afin de gagner du poids.
"Cette période était très pénible pour moi. J’étais triste et angoissée à cause de la mort précoce de mon père. L’insomnie me creusait le visage. Pourtant, j’ai refusé l’échec et, entourée de mes amis, je me suis tenue à un programme diététique afin de prendre de la masse et, en un mois, j’atteignais le poids requis", se souvient Mme Mai.
Partir pour échapper à la pauvreté
Bùi Thi Mai n’est pas un cas isolé. Beaucoup de femmes se voient forcées de quitter leur village natal pour s’installer dans les zones urbaines afin de bénéficier des opportunités professionnelles offertes par les villes. Certaines sont même contraintes de s’expatrier.
"Je vais bientôt partir pour Taïwan (Chine), dans un mois environ", explique Mme T, ouvrière dans une compagnie d’électronique située dans le district de Hai Hâu, province de Nam Dinh. Travaillant comme ouvrière depuis à peu près de cinq ans, son maigre revenu ne permet pas l’épargne. En effet, son salaire de base s’élève à 3,3 millions de dôngs et peut, avec les heures supplémentaires, atteindre les 4,5 millions. Devenue veuve très jeune, elle doit élever seule ses enfants sur cette insuffisante base financière. Travaillant d’arrache-pied le jour et s’occupant des enfants le soir, la vie que mène Mme T. ne permet aucun repos.
Dans cette triste perspective, après les congés du Têt, l’ouvrière a mobilisé ses connaissances et emprunté de l’argent à sa famille afin de pouvoir partir travailler à l’étranger dans l’espoir de bénéficier d’un revenu plus élevé et d’échapper à la pauvreté. Ses enfants devront donc se passer de la chaleur de l’amour maternel. Mais comment faire autrement? C’est un sacrifice que leur mère accepte de faire pour leur donner une vie meilleure.
D’une manière générale, les femmes qui travaillent à l’usine font preuve d’un courage sans faille dans un secteur physiquement très éprouvant pour elles. Si elles acceptent sans sourciller ce genre de sacrifice, il n’en demeure pas moins qu’elles souhaiteraient se voir secondées à la maison et soutenues par les organismes de protection des travailleurs.
Contribution des syndicats à la cause des ouvrières
Le volet spécifique à la condition des femmes insiste sur les questions de sécurité et de pénibilité au travail. Photo: VNA
Ces dernières années, les organisations syndicales ont joué un rôle important dans la promotion de l’égalité des sexes en protégeant les intérêts légitimes des travailleuses. La Fédération du travail de Bac Ninh (Nord) est ainsi mobilisée avec le Centre de développement et d’intégration (CDI) pour mettre en œuvre le projet "Promouvoir les droits et les voix des travailleurs issus de l’exode rural, en particulier les travailleuses, afin d’assurer la sécurité sociale et de meilleures conditions de travail dans les zones industrielles de Bac Ninh". Le volet spécifique à la condition des femmes insiste sur les questions de sécurité et de pénibilité au travail.
Ce plan social est prévu pour la période allant de 2017 à 2021 dans les zones industrielles de Yên Phong et Quê Vo. Il vise à former six groupes d’ouvriers "tests" afin de les sensibiliser aux droits que la loi leur accorde et d’améliorer leur quotidien en organisant des activités culturelles et sportives.
Pour sa part, la Confédération générale du travail du Vietnam a participé activement à l’élaboration des politiques relatives aux femmes ouvrières, notamment en déposant des projets d’amendement de la Constitution, du Code du travail, de la Loi sur la sécurité sociale...
De la même façon, elle est un membre actif du Comité national des salaires et de celui pour le progrès des femmes. Ce syndicat coopère également avec les ministères du Travail, des Invalides et des Affaires sociales, des Finances et de la Santé, dans le but d’élaborer des lignes directrices concernant les réductions d’impôt pour les entreprises employant un grand nombre de travailleuses...
Parallèlement, les organisations syndicales de base se sont faites les relais des besoins et des aspirations des masses laborieuses féminines.
Si toutes ces mesures contribuent à aplanir les obstacles se dressant devant les femmes dans le monde du travail, elles ne suffisent pas à régler le fond du problème. Une prise de conscience collective et individuelle est nécessaire dans ce domaine. Seule une synergie entre la société et ses représentants chargés de la promotion, de la mise en œuvre et du suivi des politiques relatives aux femmes ouvrières et à l’égalité des sexes permettra de trouver des solutions sur le long terme. Les femmes seront dès lors en mesure de montrer l’étendue de leurs capacités, de jouir des droits qui leur reviennent et de finalement trouver leur place idéale dans la société. – CVN/VNA