Hanoï (VNA) - Certaines localités tiennent «leur plante miracle, dont la culture est gage d’avenir et de prospérité. Celle de Thach An, un district rattaché à la province septentrionale de Cao Bang a un nom à consonance latine: mesona chinensis. Elle se présente sous forme d’une herbe aux feuilles dentelées, en forme de larme, assez proche de la menthe. La gelée noire qu’ils en tirent permet aux autochtones de se prémunir de la pauvreté et de s’offrir une vie meilleure.
Cap sur Duc Thông, l’une des communes du district de Thach An, qui a ceci de particulier qu’elle possède la plus grande superficie de terrain consacrée à la culture du mesona chinensis: près de 100 hectares. Sur place, beaucoup de gens se sont reconvertis, voulant voir dans cette plante miracle un possible or vert. C’est le cas de Triêu Thi Hiên, qui a opéré le grand virage en 2016 et qui empoche désormais la coquette somme de 60 millions de dôngs - 2200 euros, s’il vous plait! - chaque année.
Le mesona chinensis est un jeune homme aux exigences raisonnables. Il aime les climats doux et humides et s’étale volontiers sur des versants montagneux: adret ou ubac, peu lui importe, il n’est pas difficile. Le seul point sur lequel il demeure inflexible est celui de la récolte, qui doit nécessairement avoir lieu pendant la saison ensoleillée. Après quoi…
Après quoi, ses feuilles sont rachetées par des établissements de production de gelée quand elles ne sont pas exportées vers la Chine. Cette fameuse gelée noire n’a pas que des vertus assainissantes. À Thach An, elle a provoqué un véritable décollage économique, mais qui s’en plaindrait? Certainement pas Lê Thùy, qui est à la tête d’un établissement de production de Dông Khê.
«C’est une affaire rentable, qui permet de donner des emplois et des revenus», constate-t-elle. «Chez moi, il y a dix travailleurs, en tout. En haute saison, on tourne à un rythme journalier de 1000 boîtes, soit près de deux tonnes de gelée. Les commandes affluent de toutes les provinces du Nord.»
Avec plus de 360 hectares de terrain consacrés à la culture du mesona chinensis, Thach An peut tabler sur un revenu annuel de 100 milliards de dôngs (3.700.000 euros). C’est donc bel et bien vrai: le mesona chinensis est bien cette plante miracle dont le district avait besoin, comme le notre très justement Vu Duc Thiên, le chef de la chambre de l’Agriculture de Thach An.
«Cultiver du mesona chinensis, c’est beaucoup plus rentable que cultiver du riz: le rendement est quand même de 6 tonnes par hectare!.... À 30.000 dôngs le kilo, ça fait à peu près 180 millions par hectare. Alors, vous comprenez pourquoi ici, c’est vraiment la plante numéro un», nous explique-t-il.
Véritable levier économique, le mesona chinensis a décidément le vent en poupe, à Thach An. Le district envisage maintenant de mettre en place des zones de cultures spécifiques et de labelliser ses produits, comme nous l’indique Hoàng Van Thach, secrétaire du comité du Parti de Thach An.
«Il faudrait maintenant construire de véritables usines de production de gelée noire», nous dit-il. «Il y a encore fort à faire pour que la valeur à l’exportation des feuilles de mesona chinensis soit réellement satisfaisante, d’où ce label qui a été enregistré auprès du ministère des Sciences et des Technologies.»
Ce n’est qu’un début, donc. Mais pour noire qu’elle est, cette gelée produite à base de mesona chinensis pourrait bien devenir rapidement de l’or. C’est ce qui s’appelle une plante miracle…-VOV/VNA