Hanoï (VNA) - Dans la commune côtière de Binh Châu (province de Quang Ngai, Centre) connu sous le nom de "village de plongée de Hoàng Sa", Nguyên Thanh Nam et Nguyên Thanh Hùng, deux hommes qui ne peuvent plus aller pêcher au large, restent en permanence au contact des pêcheurs.
Incapable de plonger depuis qu’un accident l’a privé de l’usage de ses jambes, Nguyên Thanh Nam (57 ans) est depuis plus de 10 ans en contact permanent avec les pêcheurs qui vont en haute-mer, dans les environs de l’île Hoàng Sa (Paracels) et Truong Sa (Spratly).
Le village de Ganh Ca (commune de Binh Châu) est situé près du cap Ba Làng An, à l’extrême-est de la province de Quang Ngai, et du port de Sa Ky, le plus grand port de pêche de la province. Depuis plusieurs générations, les villageois ont l’habitude d’aller à Hoàng Sa pour pêcher. À l'âge de 16 ans, Nam a suivi son père pour travailler comme pêcheur-plongeur. "Ce jour-là, mon père est parti sur un bateau en bois de 16 m de long, avec un petit moteur, sans appareil de navigation. Il devait regarder la carte et profitait du vent pour déplacer. Il n'a fallu que trois jours pour arriver à Hoàng Sa", se souvient Nam.
Dans la mémoire de cet homme, Hoàng Sa était riche en fruits de mer. Après la capture, le bateau s'arrêtait souvent vers des îles Quang Anh ou Da Lôi pour que les pêcheurs prennent un repos bien mérité.
Puis, Nam s’est engagé dans l’armée selon l’appel de la Patrie. Après la démobilisation, il retourna à Hoàng Sa. Mais à l'âge de 33 ans, un accident a changé sa vie : un jour, alors qu’il plongait à une profondeur de 35 à 40 mètres, un problème de pression survint, qui l’empêcha de remonter normalement. Il perdit l’usage de ses deux jambes à la suite de cet accident, qui est assez courant parmi les pêcheurs-plongeurs du village de Ganh Ca.
Contact entre la terre et la mer
La commune de Binh Châu est l'un des plus grands villages de pêche de la province de Quang Ngai, avec des centaines de bateaux de grande capacité. En 2008, constatant le besoin d'information et de communication entre les pêcheurs en mer et ceux restés sur terre, afin d’éviter les accidents et de prévenir des typhons, le Comité populaire de la commune de Binh Châu a investi pour acheter un équipement Icom pour les pêcheurs locaux.
Nam, dorénavant incapable d’aller en mer, s’est porté volontaire pour être en charge de l’équipement. Depuis, c’est tout le village qui peut avoir des nouvelles en temps réel des hommes partis en mer. Et dans bien des cas, l’anxiété est de mise, surtout en période de tempête : "Chaque fois que la communication est interrompue, nous (Thanh Hùng et moi) passons un appel téléphonique aux gardes-frontières pour savoir combien de bateaux se trouvent dans la zone dangereuse", partage Nam.
Après 10 ans d’utilisation, l'Icom du Syndicat de la pêche de la commune de Binh Châu était devenu ancien, les pêcheurs membres ont alors cotisé pour acheter un nouvel équipement d’une valeur de 40 millions de dôngs.
Nam communique souvent avec la station météorologique et hydrologique du Nam Bô pour mettre à jour le climat en mer. "La période où la mer est calme, je suis disponible 16 heures par jour. Pendant la saison des tempêtes, je suis de service 24 heures sur 24", confie Nam.
Outre les catastrophes naturelles, les incidents sur le navire sont également annoncés par Nam à travers d’Icom. En mai 2020, le moteur du bateau de pêche de Trân Thi Kim Phung est tombé en panne alors qu’il était dans la zone de Hoàng Sa. La patronne de ce bateau a contacté Nam pour trouver un technicien, puis acheter des équipements pour la réparation. "Après cinq jours, le navire de secours a trouvé le bateau en détresse et lui a fourni les équipements de réparation nécessaires. Le bateau en panne a ainsi pu retourner à terre en toute sécurité", raconte-t-il.
En plus de son rôle de "messager", Nam aide également les pêcheurs à gérer les documents, les procédures d'emprunt d'argent pour le bateau.
De son côté, Thanh Hùng, après sa retraite en 2014, assume le poste de président du Syndicat de la pêche de la commune de Binh Châu. Il est devenu le "pont" entre l'État et les pêcheurs.
"Personne ne paie de salaire, mais nous avons le sens du devoir envers notre pays et envers nos villageois, car Hoàng Sa et Truong Sa sont les pêcheries traditionnelles de nos aïeux. Chaque bateau, chaque pêcheur est tourné vers la mer comme une +borne frontalière vivante du pays+", conclut Nam avec conviction.-CVN/VNA