Hanoi (VNA) - En général, les bonnes adresses sont celles qui ne s’échangent que de bouche à oreille, entre connaisseurs. Tân House est de celle-là. C’est une adresse hyper confidentielle. D’ailleurs, on a presque des scrupules à la dévoiler. Giang Vo, donc, bâtiment D3, troisième étage. Et que trouve-t-on, à Tân House? Du thé, tout simplement, mais ce thé-là, c’est un art de vivre à part entière… C’est ainsi que l’entend Vu Thiên Tân, la maîtresse des lieux.
Pour vous, je ne sais pas, mais pour moi, faire du thé est une opération des plus prosaïques, qui consiste à faire chauffer de l’eau, à la verser dans une tasse, et à mettre un sachet dans la tasse. C’est ce que je croyais, en tout cas, avant de rencontrer Vu Thiên Tân, propriétaire de Tân House et grande prêtresse du thé.
«Tout d’abord, il faut choisir une eau de qualité», me recommande-t-elle. «Le thé, c’est une boisson, après tout... On peut prendre une eau de source peu minéralisée, voire une eau filtrée. Ensuite, il faut chauffer l’eau à la bonne température. En principe, chaque type de thé doit être infusé à une température qui lui est spécifique. Mais bon… L’essentiel, c’est que l’eau ne soit pas trop chaude. Contrairement aux idées reçues, l’eau bouillante est à proscrire: quand les tanins et l’amertume sont libérés, ça tue les arômes!»
À Tân House, on peut choisir des thés verts, des thés noirs ou des thés aromatisés. Pour les premiers, il faut faire chauffer l’eau à 70 degrés. Pour les autres, on peut aller jusqu’à 85 ou 90 degrés.
Qu’on se rassure tout de suite, l’instruction est donnée avec patience et bienveillance. Vu Thiên Tân se prête volontiers au jeu, car pour elle, le thé est bien plus qu’une boisson et ce n’est certes pas un brin d’initiation qui viendra gâcher le plaisir! Ce n’est pas non plus une cérémonie codifiée à la japonaise, avec ce tout que cela suppose de raideur. Une chose à savoir quand on va à Tân House: Vu Thiên Tân fait elle-même du thé.
«Je me suis lancée dans la fabrication du thé il n’y a pas si longtemps. C’était en 2016. Je suis allée à Son La, où j’ai pu apprendre des techniques de fabrication artisanale. J’ai commencé avec les thés verts, qui sont les plus utilisés et les plus simples à fabriquer. Ensuite, il y a eu toute la gamme des Oolong, qui sont des thés oxydés à différents degrés, et enfin les thés noirs», me raconte-t-elle.
Si la plupart des producteurs aromatisent leurs thés avec du lotus ou du jasmin, Vu Thiên Tân, elle, préfère le gardénia et le michelia. Son Oolong vert parfumé au gardénia et au michelia est d’ailleurs une pure merveille, à en croire Binh Minh, un habitué des lieux.
«Les thés qu’on trouve ici ne sont ni trop forts comme certains thés traditionnels, ni trop fades, comme le sont les thés industriels», me dit-il. «J’ai une petite préférence pour les thés aromatisés, notamment celui au gardénia. Après deux ou trois lampées, j’ai l’impression d’avoir aspiré une fleur!... Et puis, j’aime bien l’atmosphère, ici… Dans une grande ville bruyante comme Hanoï, c’est juste génial de pouvoir se réfugier dans une petite oasis de paix, à côté d’une bonne tasse de thé.»
Effectivement… Il y a le thé, mais aussi tout ce qui va avec. Ce n’est pas par hasard que les moines bouddhistes consomment du thé vert pour s’aider à méditer durant de longues heures. Et à Tân House aussi, le thé a cette fonction, à la fois apaisante et revigorante: bien plus qu’une boisson… -VOV/VNA